WINKLER (Irwin)
producteur américain (New York 1931).
Irwin Winkler, entré à l'agence William Morris comme simple coursier, accède en sept ans au poste d'imprésario, puis fonde sa propre société avec Robert Chartoff. Après une incursion prometteuse dans le monde de la « pop », les deux partenaires produisent en 1967 le premier grand film de John Boorman : le Point de non-retour. Attachés à une politique de qualité, fondée sur le respect des auteurs et un sens commercial aigu, ils font appel à des réalisateurs de l'envergure de Sydney Pollack (On achève bien les chevaux, 1969), Karel Reisz (le Flambeur, 1974), Martin Scorsese (New York New York, 1977 ; Raging Bull, 1979 ; les Affranchis, 1990), Alan Pakula (le Souffle de la tempête, 1978) et Philip Kaufman (l'Étoffe des héros, 1983). Ils produisent aussi plusieurs thrillers de haut niveau, dont Les flics ne dorment pas la nuit (Richard Fleischer, 1972), et inaugurent avec Rocky (John G. Avildsen, 1976) un des cycles les plus populaires du cinéma contemporain. Séparé de Chartoff depuis 1983, Irwin Winkler a produit en solo Avec les compliments de l'auteur (Arthur Hiller, 1982), Revolution (Hugh Hudson, 1985) et Autour de minuit (Bertrand Tavernier, 1986). En 1991, le producteur se laisse tenter par la mise en scène et signe la Liste noire (Guilty by Suspicion) avec Robert De Niro, une évocation d'Hollywood secoué par le maccarthysme au début des années 50, la Loi de la nuit (Night and the City, 1992), un remake assez maladroit du film de Jules Dassin, Traque sur Internet (The Net, 1995) et Premier regard (At First Sight, 1999).
WINNER (Michael)
cinéaste britannique (Londres 1936).
Plus que Nus au soleil (Some Like It Cool , 1961), film de propagande naturiste, ce sont The System (The Girl Getters, 1964), l'Extraordinaire Évasion (Hannibal Brooks, 1968) et le Corrupteur (The Nightcomers, 1971, avec Marlon Brando) qui font preuve d'une bonne efficacité commerciale. À Hollywood, il devient le metteur en scène préféré de Charles Bronson, avec lequel il tourne les Collines de la terreur (Chato's Land, 1972), le Flingueur (The Mechanic, id.), le Cercle noir (The Stone Killer, 1973), Un justicier dans la ville (Death Wish, 1974), Un justicier dans la ville no 2 (Death Wish II, 1981). On lui doit aussi une biographie satirique du célèbre chien Rin Tin Tin (Won Ton Ton — The Dog Who Saved Hollywood, 1976) et une nouvelle adaptation du Grand Sommeil (The Big Sleep, 1978) d'après le roman de Chandler, jadis porté à l'écran par Howard Hawks. Dans Rendez-vous avec la mort (Appointment with Death, 1988), d'après un roman d'Agatha Christie, A Chorus of Disapproval (1989), Bullseye (1990) ou Dirty Week-end (1993), il semble avoir abandonné toute ambition et se contenter de signer des films de routine.
WINNICKA (Lucyna)
actrice polonaise (Varsovie 1928).
Après des études de droit, elle opte pour une carrière théâtrale et devient bientôt l'un des grands noms de la scène polonaise. Elle aborde le cinéma sous la conduite de son époux, le metteur en scène Jerzy Kawalerowicz, qui lui offre des rôles importants dans Cellulose (1954), la Vraie Fin de la guerre (1957) et, surtout, dans Train de nuit (1959), où elle est remarquable face à Zbigniew Cybulski, Mère Jeanne des Anges (1961), où elle porte avec séduction la cornette, et le Jeu (1969). Elle a également interprété, entre autres films, les Chevaliers Teutoniques d'Aleksander Ford (1960) et Un film d'amour du Hongrois István Szábo en 1970.
WINNINGER (Charles)
acteur américain (Athens, Wis., 1884 - Palm Springs, Ca., 1969).
Les spectateurs des années 30 gardent le souvenir d'un vieillard rubicond et pittoresque. Né sur les planches, Winninger joue au théâtre en 1912 et paraît au cinéma en 1915, dans des courts métrages comiques. Le parlant le popularise, notamment quand il reprend, en 1936, dans le film de James Whale, le rôle du capitaine du Show Boat, qu'il avait créé à la scène en 1927. On se souvient de ses attendrissantes interprétations de vieil acteur dans Place au rythme (B. Berkeley, 1939) et dans la Danseuse des Folies Ziegfeld (R. Z. Leonard, 1941). Mais sa création la plus belle est celle du juge compatissant et un peu ivrogne du film Le soleil brille pour tout le monde (J. Ford, 1953).
WINTERBOTTOM (Michael)
cinéaste britannique (Blackburn, Lancashire, 1961).
Formé à l'école de la télévision et du documentaire, comme Ken Loach ou Stephen Frears, Michael Winterbottom s'est signalé grâce à un film social très énergique, The Butterfly Kiss (id., 1995), où Amanda Plummer créait un extraordinaire personnage de fugueuse masochiste et lesbienne. Certains crurent que Jude (id., 1996) marquait une rentrée dans l'ordre : cette adaptation scrupuleuse et inspirée du Jude l'obscur de Thomas Hardy, servie par une reconstitution d'époque très juste et une imagerie lyrique, était pourtant un projet fort personnel, ce que confirmera une autre réussite, Rédemption (The Claim, 2000), qui transpose de manière convaincante le Maire de Casterbridge du même Hardy dans le cadre d'un western. Entre-temps, Winterbottom a mené une carrière peut-être inégale, mais certainement pas indifférente, abordant avec courage les sujets difficiles (la guerre dans Welcome to Sarajevo, id.,1997 ; la maladie dans Go Now, id., 1998) ou changeant de ton quand on ne s'y attendait pas (Wonderland, 1998, comédie chorale insolite et tendre ; With or Without You, id., 1999, comédie sociale et tendre).
WINTERS (Shirley Schrift, dite Shelley)
actrice américaine (East Saint Louis, Ill., 1922).
Élevée à Brooklyn, elle est vendeuse et modèle avant de débuter à Broadway en 1941. Elle signe un contrat avec Columbia en 1945, mais ne s'impose vraiment qu'avec le rôle de la serveuse étranglée par Ronald Colman dans Othello (G. Cukor, 1948). Sans posséder le « glamour » des stars hollywoodiennes, elle incarne avec crédibilité des personnages médiocres et pitoyables, incapables de maîtriser leur destin et balayés par un tragique qui les dépasse : la Proie (R. Siodmak, id.), le Prix du silence (E. Nugent, 1949), Winchester 73 (A. Mann, 1950), Menaces dans la nuit (J. Berry, 1951), Une place au soleil (G. Stevens, id.), la Tour des ambitieux (R. Wise, 1954), la Peur au ventre (S. Heisler, 1955), la Nuit du chasseur (C. Laughton, id.), le Grand Couteau (R. Aldrich, id.). Très tôt, elle accepte de changer d'emploi et campe une série haute en couleur de mères abusives et de bourgeoises geignardes qu'elle brosse avec un sens aigu du pathétique aussi bien que de la caricature : le Journal d'Anne Frank (Stevens, 1959), Lolita (S. Kubrick, 1962), Liaisons coupables (Cukor, id.), Un coin de ciel bleu (G. Green, 1965), Alfie (L. Gilbert, 1966), Détective privé (J. Smight, id.), les Troupes de la colère (B. Shear, 1968), Bloody Mama (R. Corman, 1970), l'Aventure du « Poséidon » (R. Neame, 1972), Next Stop, Greenwich Village (P. Mazursky, 1976), le Locataire (R. Polanski, id.), Un bourgeois tout petit, petit (M. Monicelli, 1977), le Roi des gitans (F. Pierson, 1978). Elle a écrit plusieurs pièces et publié en 1980 son autobiographie : Shelley Also Known As Shirley. On la retrouve en 1991 dans Stepping Out, de Lewis Gilbert, aux côtés de Liza Minnelli, puis dans The Pickle (P. Mazursky), dans Heavy (James Mangold, 1995) et dans Portrait de femme (J. Campion, 1996).