Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
N

NEILSON (James)

cinéaste américain (Shreveport, la., 1918 - Flagstaff, Ariz., 1979).

Il est remarqué par James Stewart alors qu'il travaillait à la télévision. La recommandation de l'acteur lui permet de diriger son premier film de cinéma en 1957 : le Survivant des monts lointains (Night Passage). Après ce western, il signera douze films en douze ans parmi lesquels un autre western, le Justicier de l'Arizona (Return of the Gunfighter, 1967), et un thriller avec Raquel Welch : Tueur de filles (Flareup, 1969). Pendant plusieurs années, il avait trouvé un abri dans les Studios Walt Disney et y avait dirigé quelques films d'aventures « familiaux » comme la Baie aux émeraudes (The Moon Spinners, 1964) dont l'intérêt essentiel est de faire apparaître pour la dernière fois à l'écran Pola Negri.

NEKES (Werner)

cinéaste expérimental allemand (Erfurt 1944).

Étudiant en linguistique et en psychologie, il est un des fondateurs, en 1968, de la Coopérative des cinéastes indépendants de Hambourg. Il commence par des films assez « minimaux » (Start, 1966), éventuellement pour deux projecteurs, fondés sur des astuces visuelles ou des jeux de structure (Bogen ; Gurtrug Nr 1 ; Gurtrug Nr 2 ; K/örper, tous de 1967). À partir de Kelek (1968), ses films ont plus d'ampleur, assemblant des études autonomes (Diwan, 1973 ; Amalgam, 1976) ou, au contraire, reliées entre elles par un thème narratif : c'est le cas de T-WO-MEN (1972), concerto en cinq mouvements sur un amour entre deux femmes. Après Makimono (1974) et Photophtalmia (1975), il abandonne les exercices purement visuels au profit de recherches sur le son (Lagado, 1977), le récit (Uliisses, 1982), ou la préhistoire du cinéma : Cinemagica (Was geschah wirklich zwischen den Bildern, 1986). En 1997 il réalise Der Tag des Malers.

NELLI (Piero)

cinéaste italien (Pise 1926).

Assistant de Giuseppe De Santis pour Riz amer (1949) et Pâques sanglantes (1950), Piero Nelli se fait d'abord connaître comme documentariste (Cavatori del marmo, 1950 ; Mosca, 1957 ; Gramsci, 1958 ; etc.). En 1954, il réalise la Patrouille perdue (La pattuglia sperduta), habile relecture critique d'un épisode du Risorgimento, la défaite de Novare en 1849. Nelli collabore ensuite aux films collectifs de Zavattini, Le italiane e l'amore (1961) et I misteri di Roma (1963), avant de revenir aux films enquêtes tournés pour la télévision (Le schiave esistono ancora, 1964 ; Radiografia della miseria, 1967).

NELSON (Gene Berg, dit Gene)

acteur américain (Seattle, Wash., 1929 - Los Angeles, Ca., 1996).

Un danseur de talent qui arriva au mauvais moment : Gene Kelly était meilleur que lui et la comédie musicale filait vers son déclin. Néanmoins, il fut engagé par la Warner Bros qui l'utilisa dans de nombreux films chantants et dansants avec Doris Day (No, No Nanette et les Cadets de West Point, D. Butler, tous deux en 1950). Entre quelques prestations dansées remarquables dans des films ambitieux (Oklahoma, F. Zinnemann, 1955) ou réellement réussis (So this is Paris, R. Quine, id.), il prouva qu'il était aussi un bon acteur dramatique dans un excellent film noir (Face au crime, A. de Toth, 1954). Dans les années 60, il devint réalisateur sans éclat, notamment pour de nombreux films interprétés par Elvis Presley et à la télévision, avant de revenir au théâtre.

NELSON (Ralph)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1916 - Santa Monica, Ca., 1987).

Acteur de théâtre depuis 1933, dramaturge à ses heures et même metteur en scène, il est venu au cinéma par le biais de la télévision dans les années 50. Il débute avec un film sur la boxe : Requiem pour un champion (Requiem for a Heavy-Weight, 1962) et pendant une dizaine d'années met en valeur des vedettes consacrées dans les genres les plus variés : Alain Delon dans les Tueurs de San Francisco (Once a Thief, 1965), Sidney Poitier dans le Lys des champs (Lilies of the Fields, 1963), Cary Grant dans Grand Méchant Loup appelle (Father Goose, 1964), James Garner et Sidney Poitier dans la Bataille de la vallée du Diable (Duel at Diablo, 1966), Cliff Robertson dans Charly (id., 1968) et Robert Mitchum dans la Colère de Dieu (The Wrath of God, 1972). Son meilleur film est sans doute la Dernière Bagarre (Soldier in the Rain, 1963) écrit par Blake Edwards, une œuvre étrange et mélancolique (avec Steve McQueen). L'ambitieux Soldat bleu (Soldier Blue, 1970) a été accusé de violence factice. Après ce western inégal mais très personnel et la Colère de Dieu, Ralph Nelson s'est fourvoyé dans le plaidoyer antiraciste sans force véritable (le Vent de la violence [The Wilby Conspiracy], 1975) ou le film d'épouvante (Embryo, 1976).

NĚMEC (Jan)

cinéaste tchèque (Prague 1936).

Diplômé de l'École des hautes études cinématographiques de Prague, Jan Němec se fait remarquer, dès 1960, avec son court métrage de fin d'études, Une bouchée de pain. Cette bande contient déjà les prémices de sa démarche ultérieure : une attention orientée vers la subjectivité de ses personnages confrontés aux aspects multiformes de l'oppression. En 1963, il conçoit une œuvre de montage, la Mémoire de nos jours, qui laisse poindre une autre de ses préoccupations : l'ordonnance des souvenirs. Parallèlement, Jan Němec travaille comme assistant de Martin Frič et Antonin Kachlik.

Dès son premier long métrage, les Diamants de la nuit (Démanty Noci, 1964), le style personnel du cinéaste, visant à utiliser les possibilités poétiques du septième art pour bâtir de complexes paraboles sur le pouvoir, transparaît dans sa plénitude. À travers la course sans espoir de deux garçons évadés, lors de la Seconde Guerre mondiale, d'un train de déportés, le cinéaste élabore une œuvre déroutante qui mêle habilement présent et passé, réel et imaginaire, le tout traduit par une texture formelle très riche. Pour traiter du thème de l'aliénation sociale, Němec recourt, dans la Fête et les Invités (O Slavnosti A Hostech, 1965), à l'allégorie de type kafkaïen. Un langage stylisé, constamment recentré sur des notations réalistes, efficace dans sa critique de la société totalitaire. Le film déplaît aux autorités qui le maintiennent quelque temps sous le boisseau. En 1966, il tourne les Martyrs de l'amour (Mučednící Lásky), un film à sketches dans lequel il accentue son penchant pour la symbolique au détriment de toute référence sociopolitique précise.