Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VALERI (Franca Norsa, dite Franca)

actrice italienne (Milan 1920).

Elle s'affirme au théâtre et forme, en 1950, un groupe de cabaret, le trio des Gobbi, avec Alberto Bonucci et Vittorio Caprioli, qu'elle épousera en 1960. Les personnages satiriques qu'elle invente se retrouvent à l'écran dans les Demoiselles du téléphone (Le signorine dello 04, G. Franciolini, 1955), Un eroe dei nostri tempi (M. Monicelli, id.), le Bigame (L. Emmer, 1956), Mariti in città (L. Comencini, 1957), Il moralista (G. Bianchi, 1959), Arrangiatevi ! (M. Bolognini, id.), Il vedovo (D. Risi, id.), Basta guardarla (L. Salce, 1971), l'Amour en première classe (Un amore in prima classe, S. Samperi, 1981). Ses meilleures créations sont pour les comédies de Vittorio Caprioli : Lions au soleil (Leoni al sole, 1962), Parigi o cara (1963), et l'épisode La manina di Fatma dans I cuori infranti (id.).

VALERII (Tonino)

cinéaste italien (Montorio al Vomano, 1934).

D'abord dialoguiste et assistant réalisateur de Sergio Leone, Camillo Mastrocinque et Alessandro Blasetti, il s'affirme un efficace metteur en scène de westerns violents : Per il gusto di uccidere (1966), le Dernier Jour de la colère (I giorni dell'ira, 1967), Il prezzo del potere (1970), Une raison pour vivre, une raison pour mourir (Una ragione per vivere e una per morire, 1972). Leone lui confie la réalisation d'un western spectaculaire et ironique : Mon nom est Personne (Il mio nome è Nessuno, 1973). Après deux films d'action (Vai, gorilla !, 1975 ; Sahara Cross, 1977), il filme des enquêtes pour la télévision, dont Se tuo figlio non sa leggere (1982).

VALLE (Federico)

producteur argentin d'origine italienne (Asti, Italie, 1880 - Santos Lugares 1960).

Il aurait appris le métier auprès de Méliès. En tout cas, ce pionnier produit à Buenos Aires les premières actualités hebdomadaires, le Film Revista Valle (1920-1931), et déborde d'activité, à la fois dans le long métrage d'animation (El Apostol, 1917, une satire du président Yrigoyen) et la fiction (La canción del gaucho, J. A. Ferreyra, 1930). Il fait enregistrer sur pellicule les tangos de Carlos Gardel, à l'aube du parlant (1929). Un incendie (1926) et un projet pédagogique avorté (1930) précipitent sa faillite, alors que le cinéma argentin devient une industrie.

VALLEE (Hubert Prior Vallee, dit Rudy)

acteur et musicien américain (Island Point, Vt., 1901 - 1986).

Célèbre chanteur et chef d'orchestre, vedette de la radio, le titre de sa chanson à succès « The Vagabond Lover » devient celui de son premier film, en 1929 (M. Neilan). Il participe à de nombreux musicals, mais son physique terne, malgré sa voix de crooner, semble l'empêcher de tenir les premiers rôles. Preston Sturges a alors l'idée de lui confier des seconds rôles comiques, et c'est la révélation : il est inoubliable en milliardaire pointilleux à lunettes, consignant ses moindres dépenses sur un carnet, puis troublé par la très malicieuse Claudette Colbert dans Madame et ses flirts (1942) ou en soupirant calamiteux de la sculpturale Linda Darnell dans Infidèlement vôtre (1948). On découvre également qu'il peut sortir de la caricature et jouer avec finesse des rôles plus dramatiques, comme dans Tendresse (G. Stevens, 1948). Dans les années 50, il se montre actif à la scène et à la télévision et ne fait que quelques incursions occasionnelles au cinéma, par exemple pour jouer son propre rôle dans Un seul amour (M. Curtiz, 1957). En 1967, il reprend son rôle de P-DG frappé d'extravagance dans la comédie musicale Comment réussir dans les affaires sans vraiment se fatiguer (D. Swift).

VALLÉE (Marcel)

acteur français (Paris 1885 - Fontaine-le-Port 1957).

Il crée au théâtre et joue dans deux versions cinématographiques le rôle du directeur de Topaze (L. Gasnier, 1932 ; M. Pagnol, 1951). De film en film, du muet au parlant, gras, soufflé, l'œil rond, les cheveux hérissés, il propage son personnage apoplectique, faux jeton, servile et vexant. Il a beaucoup tourné avec Diamant-Berger, Caron, Cammage, mais aussi avec Lubitsch (vers. franç. de la Veuve joyeuse, 1934), Duvivier (l'Homme du jour, 1937), Chenal (le Dernier Tournant, 1939) et Guitry (Napoléon, 1955 ; Assassins et Voleurs, 1957).

VALLEJO (Gerardo)

cinéaste argentin (Tucumán 1942).

Formé à l'école documentaire de Fernando Birri, il travaille dans le cadre du groupe Cine Liberación, d'inspiration péroniste, auprès de Fernando Solanas et Octavio Getino. Son long métrage El camino hacia la muerte del viejo Reales (1971) met en scène les témoignages d'une authentique famille paysanne de sa province, particulièrement déshéritée. C'est aussi à la frontière entre le documentaire et la fiction qu'il situe les Reflexiones de un salvaje (1978), retour aux origines familiales favorisé par son exil en Espagne. Entre-temps, il tourne pour le compte de la télévision argentine, du gouvernement panaméen et résume son expérience dans un ouvrage édité lors de son retour en Argentine (Un camino hacia el cine, 1984). Puis, il signe El Rigor del destino (1985) et Con el alma (1994).

VALLI (Alida Maria Altenburger, dite Alida)

actrice italienne (Pola [auj. Pula], Yougoslavie, 1921).

Dès 1935, elle entre au Centro sperimentale pour apprendre le métier de comédienne. L'année suivante, elle obtient un petit rôle dans les Deux Sergents de Guazzoni et commence une carrière qui la rend très vite célèbre. D'abord spécialisée dans les rôles de comédies (Il feroce Saladino, M. Bonnard, 1937 ; Sono stato io !, R. Matarazzo, id.  ; Mille lire al mese, M. Neufeld, 1939 ; La casa del peccato, id., id.  ; Leçon de chimie à 9 heures [Ore 9, lezione di chimica], M. Mattoli, 1941), elle s'impose également dans le registre dramatique (Manon Lescaut, C. Gallone, 1940 ; le Mariage de minuit [Piccolo mondo antico], M. Soldati, 1941 ; Lumière dans les ténèbres, Mattoli, id.  ; Chaînes invisibles [Catene invisibili], id., 1942 ; Ce soir rien de nouveau [Stasera niente di nuovo], id., id.  ; les Deux Orphelines [Le due orfanelle], Gallone, id.  ; Noi vivi, Addio Kira !, G. Alessandrini, id.  ; T'ameró sempre, M. Camerini, 1944). Poursuivant sa carrière après la guerre (notamment dans Eugénie Grandet, Soldati, 1946), elle signe un contrat avec David O. Selznick et s'installe à Hollywood. Ce séjour américain, malgré deux films importants (le Procès Paradine, A. Hitchcock, 1947 ; le Troisième Homme, C. Reed, 1949), peut être considéré comme un échec : en 1951, Alida Valli rentre en Italie. Après quelques prestations inégales, elle obtient la consécration de sa carrière avec Senso (L. Visconti, 1954) : son interprétation de la comtesse Serpieri est sans doute l'un des plus beaux portraits de femme amoureuse du cinéma italien. Poursuivant une carrière essentiellement italo-française, elle joue sous la direction d'Antonioni (le Cri, 1957), Clément (Barrage contre le Pacifique, id.), Pontecorvo (Un dénommé Squarcio, id.), Vadim (les Bijoutiers du clair de lune, 1958), Franju (les Yeux sans visage, 1960), Colpi (Une aussi longue absence, 1961, Palme d'or au festival de Cannes), Brusati (le Désordre, 1962), Chabrol (Ophélia, id.), Torre Nilson (Quatre Femmes pour un héros, id.). Par la suite, si elle apparaît encore dans quelques œuvres notables, c'est dans des rôles de second plan (Œdipe roi, P. P. Pasolini, 1967 ; la Stratégie de l'araignée, B. Bertolucci, 1970 ; le Professeur, V. Zurlini, 1972 ; Diario di un Italiano, S. Capogna, id.  ; la Chair de l'orchidée, P. Chéreau, 1974 ; 1900, Bertolucci, 1976 ; Suspiria, D. Argento, 1977 ; Un cuore semplice, Ferrara, id. ; Berlinguer, ti voglio bene, Giuseppe Bertolucci, id. ; La Luna, B. Bertolucci, 1979 ; La caduta degli angeli ribelli, Giordana, 1981 ; Segreti, segreti, G. Bertolucci, 1985 ; Aspern, E. De Gregorio, id.  ; le Jupon rouge, Geneviève Lefebvre, 1987) ; La bocca (Luca Verdone, 1991) ; Zitti e Mosca (Alessandro Benvenuti, id.) ; Il lungo silenzio (M. von Trotta, 1993), A Month by the Lake (J. Irvin, 1995), Fotogrammi mortali (A. Festa, 1996), Il dolce rumore della vita (G. Bertolucci, 1999), L'amore probabilmente (id., 2001). Depuis 1956, Alida Valli poursuit également une carrière théâtrale (Ibsen, Pirandello, Miller [Vu du pont, aux côtés de Raf Vallone], Cocteau, Wedekind [Loulou, mis en scène par Chéreau au Piccolo Teatro de Milan], Tchekhov, etc.).