cinéaste américain d'origine russe (Kiev 1902 - Neuilly-sur-Seine, France, 1974).
Après de brèves études en philosophie puis en art dramatique à Saint-Pétersbourg, Litvak fait ses premières armes au théâtre avant de débuter au cinéma en 1923 comme assistant et décorateur. Il quitte la Russie en 1925 après avoir signé son premier film, Tatiana, et travaille en Europe jusqu'en 1935 (Allemagne – il est monteur pour la Rue sans joie de Pabst –, Angleterre, France). Il émigre ensuite aux États-Unis, où il est pris sous contrat à la Warner Bros. Vers le début des années 50, étant devenu indépendant, il tourne de plus en plus souvent en Europe, dans de grosses productions avec des capitaux américains.
Cinéaste compétent mais sans personnalité affirmée, Litvak s'est fondu totalement dans les systèmes de production et les caractéristiques nationales qu'il a traversés. Cette vieille canaille (1933), l'Équipage (1935) ou Mayerling (id., avec Charles Boyer et Danielle Darrieux) sont typiques du cinéma français des années 30, le dernier film en étant même une des réussites romanesques. Sa période Warner le met au service de sujets sociaux comme Aveux secrets d'un espion nazi (1939) ou de vedettes comme James Cagney (Ville conquise, 1940), John Garfield (Castle on the Hudson, id. ; Out of the Fog, 1941) ou Bette Davis (l'Étrangère, 1940). Pendant la guerre, il prend la nationalité américaine, s'engage dans les forces armées – il finira colonel – et collabore avec Frank Capra à la fameuse série Pourquoi nous combattons. Avec la même diligence, et toujours discret, il a mené Barbara Stanwyck (Raccrochez, c'est une erreur, 1948), Olivia De Havilland (la Fosse aux serpents, 1949) et Ingrid Bergman (Anastasia, 1956) à la renommée et aux récompenses. Parmi ses derniers films, productions hybrides car à la fois prestigieuses mais fidèles à des impératifs commerciaux dépassés, peu sont à retenir. On en restera donc à la Nuit des généraux (1967), qui développait adroitement les ramifications historiques d'un cas criminel et qui contenait d'excellentes prestations d'acteurs. Litvak se rappelait alors qu'il avait été un bon artisan.
Films :
Tatiana (1925, URSS) ; Dolly macht Karriere (1930, ALL) ; Nie wieder Liebe (1931, id., et VF : Calais-Douvres, CO : Jean Boyer) ; Das Lied einer Nacht (1932, id., et VF : la Chanson d'une nuit) ; Cœur de lilas (id., FR) ; Sleeping Car (1933, GB) ; Cette vieille canaille (id., FR) ; l'Équipage (1935, id.) ; Mayerling (1936, id.) ; The Woman I Love (1937, US) ; Tovarich (id.) ; le Mystérieux Dr Clitterhouse (The Mysterious Dr. Clitterhouse, 1938) ; Nuits de bal (The Sisters, id.) ; les Aveux d'un espion nazi (Confessions of a Nazi Spy, 1939) ; Castle on the Hudson (1940) ; l'Étrangère (All This and Heaven Too, id.) ; la Ville conquise (City for Conquest, id.) ; Out of the Fog (1941) ; Blues in the Night (id.) ; Âmes rebelles (This Above All, 1942) ; The Nazis Strike (DOC, CO : F. Capra, id.) ; Divide and Conquer (DOC, CO : Capra, 1943) ; Opération Titanic (DOC, id.) ; The Battle of Russia (DOC, id.) ; The Battle of China (DOC, CO : Capra, 1944) ; War Comes to America (DOC, 1945) ; The Long Night (1947) ; Raccrochez, c'est une erreur (Sorry, Wrong Number, 1948) ; la Fosse aux serpents (The Snake Pit, 1949) ; le Traître (Decision Before Dawn, 1951) ; Un acte d'amour / Act of Love (FR, US, 1954) ; l'Autre Homme / The Deep Blue Sea (GB, 1955) ; Anastasia (1956) ; Mayerling (TV, 1957) ; le Voyage (The Journey, 1959) ; Aimez-vous Brahms ? / Goodbye Again (FR, US, 1961) ; le Couteau dans la plaie / Five Miles to Midnight (FR, ITAL, US, 1962) ; la Nuit des généraux / The Night of the Generals (FR, GB, 1967) ; la Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil / The Lady in the Car With Glasses and a Gun (FR, US, 1970).