compagnie de production et de distribution américaine. En 1914, W. W. Hodkinson, un ancien administrateur de la General Film Company, fonde la Paramount Pictures Corporation, destinée à distribuer des films produits par d'autres compagnies. La Paramount Pictures Corporation distribue, notamment, les films produits par la compagnie Jesse L. Lasky Feature Play Company, fondée en 1913 par Jesse L. Lasky, Samuel Goldfish (qui devait devenir plus tard Goldwyn) et Cecil B. De Mille. Elle distribue aussi les films produits par la Famous Players Film Company, fondée en 1912 par l'ancien fourreur Adolphe Zukor, qui s'était enrichi en exploitant, aux États-Unis, la Reine Élisabeth de Louis Mercanton, interprétée par Sarah Bernhardt. La Famous Players était une compagnie solide, surtout grâce à l'actrice Mary Pickford, « la petite fiancée d'Amérique », qu'elle avait arrachée à la Biograph.
En 1916, Famous Players et Jesse L. Lasky Feature Play fusionnent en Famous Players / Lasky et absorbent la compagnie Paramount Picture Corporation. Dès 1919, la nouvelle compagnie étend de plus en plus son réseau de salles aux États-Unis. En 1927, la compagnie devient Paramount Famous Lasky Corporation. En 1930, elle devient Paramount Publix Corporation. Cette dernière compagnie fait faillite en 1933 : mais de ses cendres et de sa réorganisation naîtra en 1935 la Paramount Pictures. La compagnie devient en 1967 subsidiaire de la Gulf and Western.
En 1925, la Paramount (que nous appellerons ainsi par commodité) était une compagnie particulièrement solide grâce, surtout, à deux énormes et récents succès : la Caravane vers l'Ouest (J. Cruze, 1923) et les Dix Commandements (C. B. De Mille, id.). C'est en cette période d'opulence qu'elle nomme « chef de production » B. P. Schulberg, qui le restera jusqu'en 1932. Grâce au dynamisme de Schulberg, la compagnie va de succès en succès. Schulberg continue à miser sur les stars qui étaient déjà des valeurs sûres (Gloria Swanson, Pola Negri, Rudolph Valentino), mais crée de nouvelles idoles du public. C'est lui qui donne sa chance à Clara Bow, la « It » girl, puis à Claudette Colbert, Gary Cooper ou Marlene Dietrich.
C'est pour avoir compris ses possibilités en la voyant dans la production allemande de Josef von Sternberg, l'Ange bleu (1930), que Schulberg fera venir Marlene Dietrich à Hollywood sans perdre de temps. Ce n'était pas la première fois que le chef de production faisait confiance à un talent européen. En fait, Schulberg avait fait de la Paramount le plus européen des studios, en s'assurant le concours de noms comme Josef von Sternberg, Ernst Lubitsch, Emil Jannings, Maurice Chevalier, Harry d'Abbadie d'Arrast, ou des décorateurs comme Ernst Fegte et surtout Hans Dreier, qui deviendra un des piliers de la maison. On adapte des auteurs comme Alfred Savoir, Tristan Bernard, Hermann Sudermann. La Paramount essaie même de mettre sur pied une adaptation du roman de Theodore Dreiser, Une tragédie américaine, que dirigerait Eisenstein. Mais c'est Sternberg qui mènera le projet à bon port. Après le départ de Schulberg et la réorganisation de la Paramount, remise à flot après quelques déboires grâce au succès de Mae West dans Lady Lou (Lowell Sherman, 1933), Ernst Lubitsch supervisera les productions jusqu'en 1937, continuant la politique « européenne ».
Dans les années 40, ce seront les plus américaines de ses stars (Bob Hope, Bing Crosby, Dorothy Lamour, Veronica Lake, Alan Ladd, Paulette Goddard) qui assureront le succès du studio. Parallèlement, Cecil B. De Mille assure les grandes productions, et l'original Preston Sturges signe une série de comédies auxquelles le public fait fête. Dans la seconde moitié des années 40, c'est Hal B. Wallis, ancien grand producteur de la Warner Bros, devenu indépendant, qui s'installe à la Paramount, suscitant des films à succès et surtout beaucoup de nouvelles vedettes comme Burt Lancaster, Kirk Douglas, Dean Martin et Jerry Lewis (dont les comédies assureront la stabilité du studio dans les années 50) puis Elvis Presley.