LANCHESTER (Elizabeth Sullivan, dite Elsa)
actrice britannique (Lewisham 1902 - Woodlands Hills, Ca., 1986).
Si elle se tient toujours un peu en retrait de l'imposant Charles Laughton (qu'elle épouse en 1929), elle manifeste un sens aigu de la composition et du burlesque. Active depuis 1933, d'abord en Angleterre, puis aux États-Unis, elle n'accède jamais aux grands rôles à cause d'un physique inhabituel. Certaines de ses compositions sont inoubliables : l'artiste loufoque de la Grande Horloge (J. Farrow, 1948) ou la sorcière évaporée d'Adorable Voisine (R. Quine, 1958). Elle affronte souvent son époux, dès la Vie privée d'Henry VIII (A. Korda, 1933) et en vedette dans The Beachcomber (E. Pommer, 1938). Mais elle lui tient tête avec un abattage qui peut avoir des éclats de psychodrame dans Témoin à charge (B. Wilder, 1958), où elle campe une infirmière revêche. Sa création la plus mémorable est peut-être la Fiancée de Frankenstein (J. Whale, 1935), femme synthétique aux grâces d'automate, à la chevelure zébrée de deux éclairs blancs comme la foudre.
LANCI (Giuseppe)
chef opérateur italien (Rome 1942).
Dans la très riche école des directeurs de la photographie italiens, qui a même essaimé aux États-Unis, Giuseppe Lanci fait figure d'opérateur moins célèbre, moins reconnu. Pourtant, il est aujourd'hui un des meilleurs représentants de sa génération, un créateur particulièrement apprécié par les cinéastes puisque ceux qui ont commencé à travailler avec lui s'assurent de sa collaboration pour toutes leurs entreprises : huit films avec Marco Bellocchio du Saut dans le vide (1979) à la Nourrice (1998), six films avec Paolo et Vittorio Taviani, quatre films avec Nanni Moretti.
Lanci, fort de son expérience et de sa préparation technique – huit années d'études, douze années à la caméra avant de devenir chef opérateur en 1977, soit à 35 ans ! – est à l'aise dans toutes les situations, de jour comme de nuit, en studio comme en extérieur, avec des cinéastes confirmés comme avec des débutants, prêt à mettre son talent et ses connaissances au service d'œuvres particulièrement exigeantes comme Nostalghia (1983) de Tarkovski, ou de films aux ambitions plus modestes signés Piero Natoli, Peter Del Monte, Salvatore Piscicelli, Carlo Mazzacurati, Michele Placido, Roberto Benigni, Daniele Luchetti, voire aussi de productions plus commerciales où sa photographie fait toujours merveille comme on peut en juger avec Camorra (1985) de Lina Wertmuller, La Venexiana (1985) de Mauro Bolognini ou le surprenant Francesco (1988) de Liliana Cavani. Lanci s'épanouit particulièrement dans les entreprises nocturnes, les atmosphères feutrées ou les clairs-obscurs, mais il est aussi le photographe inspiré de la Sicile aveuglante (Kaos, Kaos II) ou de la Toscane solaire des frères Taviani (Fiorile, les Affinités électives). Il peut choisir l'effacement, le retrait pour mieux laisser Moretti concentrer l'attention, même si le bleu piscine de Palombella rossa reste comme une nuance absolue dans la lignée des monochromes d'Yves Klein.
LANDA (Alfredo)
acteur espagnol (Pampelune 1933).
Il débute dans Atraco a las tres (José Maria Forqué, 1962). À la suite de José Luis López Vázquez, il incarne le prototype de l'Espagnol moyen, refoulé, courant en caleçon derrière les belles étrangères de passage, au point que landismo devient synonyme de grivoiserie sur l'écran. Star d'un sous-genre bâclé, notamment par de vieux routiers (Pedro Lazaga), exploitant avec hypocrisie les frustrations sociales et sexuelles du pays, Landa quitte rarement le rôle dans lequel il se laisse enfermer durant les années 70. Lorsqu'il le fait, il montre un certain métier (El crack, José Luis Garci, 1981 ; Paco l'infaillible, Didier Haudepin, 1982 ; les Saints Innocents, Mario Camus, 1984, qui lui valent un prix d'interprétation au Festival de Cannes ; La vaquilla, L. G. Berlanga, 1985 ; El bosque animado, José Luis Cuerda ; El río que nos lleva, Antonio del Real, 1989 ; El rey del río, M. Gutiérrez Aragón, 1994).
LANDAU (Martin)
acteur américain (New York, N. Y., 1931).
Remarqué dès son second film, la Mort aux trousses (A. Hitchcock, 1959), où il incarnait l'inquiétant secrétaire de l'inquiétant James Mason, il semble voué à jouer les « vilains », tel Caïphe dans la Plus Grande Histoire jamais contée (G. Stevens, 1965), ou un redoutable bandit dans Nevada Smith (H. Hathaway, 1966) et les Brutes dans la ville (R. Parrish, 1971). On a vu trop rarement à l'écran ce pionnier des séries TV, qui a tout de même joué aussi l'honnête Rufius de Cléopâtre (J. L. Mankiewicz, 1963). Ses films ultérieurs l'ont appelé en Espagne et en Italie, sans grand succès semble-t-il. Au cours des années 80, on l'a retrouvé dans l'Ile au trésor (R. Ruiz, 1986) et dans le rôle d'Abe Kratz, l'homme qui va aider Tucker à produire la voiture « du siècle » (F. F. Coppola, 1988). Puis il a notamment interprété Intersection (M. Rydell, 1994), City Hall (id., Harold Becker, 1995) et Pinocchio (id., Steve Barron, 1996). Tim Burton le mène à l'oscar du meilleur second rôle pour une magnifique composition, mi-bouffonne, mi-pathétique, celle de l'acteur Bela Lugosi dans Ed Wood (1995), puis lui confie affectueusement une apparition non mentionnée au générique dans Sleepy Hollow (1999), celle d'un juge terrifié, prisonnier d'une diligence et poursuivi par un fantôme qui le décapitera.
LANDERS (Louis Friedlander, dit Lew)
cinéaste américain (New York, N. Y., 1901 - Palm Desert, Ca., 1962).
Exemple typique du réalisateur de séries B, Lew Landers dirige, pour diverses compagnies (Universal, RKO, Columbia, Monogram...), une centaine de bandes qui touchent un peu à tous les genres : fantastique, policier, western... dont bien peu restent en mémoire. Louis Friedlander débute, sous son nom, sa carrière pour Universal, avec quelques sérials. Son premier vrai film, le Corbeau (The Raven, 1935), est aussi son œuvre la plus célèbre. En 1936, avec Dans la tempête (Without Orders), il change de nom. On retient également dans sa filmographie le Masque de Dijon (The Mask of Dijon, 1946) pour l'atmosphère trouble qui s'en dégage. Peu de temps après, à la Columbia, il semble abandonner tout savoir-faire en bâclant quelques médiocres films d'aventures exotiques : l'Aigle rouge de Bagdad (The Magic Carpet, 1951) ; la Princesse et le Voleur (Aladdin and His Lamp, 1952). Avec The Cruel Tower (1956), il donne sa dernière œuvre un peu soignée.