Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHASSÉ.

Images chassées, truquage de laboratoire donnant l'impression que l'image d'un nouveau plan « chasse » du cadre l'image du plan précédent.

CHATTERJEE (Soumitra)

acteur indien bengali (né en 1934).

Satyajit Ray lui donne son premier rôle en 1959 dans le Monde d'Apu. Il deviendra un de ses acteurs fétiches et on le retrouvera notamment dans la Déesse (1960), Charulata (1964), Tonnerre lointain (1973), la Maison et le Monde (1984), Ghanashatru (1988) et ‘les Branches de l'arbre’ (1990). À côté de cette prestigieuse carrière, plus de cent films commerciaux (parmi lesquels Saat Pake Bandha [Ajoy Kar, 1963] et Sansar Simantey [Tarun Majumdar, 1976] en font une des stars adulées du cinéma indien. On le remarque également dans l'adaptation à l'écran du roman de Mircea Eliade la Nuit Bengali (Nicolas Klotz, 1988), sous la direction de Mrinal Sen (les Nuages dans le ciel, 1965 ; Mahaprithivi, 1991) et du fils de Satyajit Ray, Sandip Ray (Voyage interrompu, 1994).

CHATTERTON (Ruth)

actrice américaine (New York, N. Y., 1893 - Norwalk, Conn., 1961).

Adulée au théâtre dès son plus jeune âge, Ruth Chatterton est imposée au cinéma par son partenaire, Emil Jannings, dans Sins of the Fathers (L. Berger, 1928). De populaires mélodrames, comme Madame X (L. Barrymore, 1929) ou Sarah and Son (D. Arzner, 1930) lui assurent le titre de « première dame de l'écran » au début du parlant. Mais elle réalise très vite la médiocrité dans laquelle Hollywood veut l'enfermer. Malgré quelques réussites comme Lilly Turner, Jenny Frisco, tous deux de William A. Wellman en 1933 ou Female de Michael Curtiz et William Dieterle (la même année), sa carrière cinématographique va sur son déclin. Paradoxalement, c'est à ce moment qu'elle a son meilleur rôle : l'épouse futile et infidèle de Walter Huston dans Dodsworth (W. Wyler, 1936). Après quelques films en Angleterre, elle se tourne à nouveau vers le théâtre.

CHAUTARD (Émile)

cinéaste et acteur américain d'origine française (Paris 1881 - Los Angeles, Ca., 1934).

Metteur en scène de théâtre, Chautard vient au cinéma vers 1909. Il participe à l'aventure du Film d'Art (l'Aiglon, 1912), tourne le Mystère de la chambre jaune (1913) et quelques autres titres avant d'émigrer, en 1914, aux États-Unis. Il signe des œuvres de prestige (avec Clara Kimball Young, Pauline Frederick ou Norma Talmadge comme leading ladies), telles que Daytime Wives, en 1923. Au milieu des années 20, il abandonne la réalisation et se voit confier quelques rôles importants, comme celui du Père Goriot dans Paris at Midnight (E. Mason Hopper, 1926). Plus que mûr, distingué et moustachu, l'air d'un militaire en retraite portant beau, Chautard se prêtait admirablement à un certain cliché du Français, qu'il incarna du reste avec saveur dans Morocco (1930) et Shanghai-Express (J. von Sternberg, 1932).

CHAUVEL (Charles Edward)

cinéaste et producteur australien (Warwick, Queensland, 1897 - Sydney, New South Wales, 1959).

Il lutte toute sa vie pour l'établissement d'un cinéma national indépendant fondé sur la technique et l'efficacité d'Hollywood, où d'ailleurs il a travaillé à plusieurs reprises. Il sera le seul cinéaste australien à continuer à l'époque du parlant une carrière commencée avec Mothog Mambi (1925). C'est un sentimental aux traits de génie, un découvreur d'acteurs (Errol Flynn, Chipps Rofferty). Dans ses films, où le pire voisine avec le meilleur, Chauvel met souvent en scène l'Australie et son histoire. De lui on peut retenir : For the Terms of His Natural Life (1927) ; In the Wake of the Bounty (1933) ; Fourty Thousand Horsemen (1941), qui retrace l'une des dernières grandes charges de l'histoire ; Sons of Matthews (1949), saga de la vie pionnière ; Jedda (1955), où il aborde le problème aborigène, premier film australien en couleurs.

CHÁVARRI (Jaime)

cinéaste espagnol (Madrid 1943).

Le documentaire El desencanto (1976) pose un regard clinique sur la famille. À un dieu inconnu (A un dios desconocido, 1977) raconte l'histoire d'un homosexuel en quête d'identité. L'Homme aux chiens (Dedicatoria, 1980) a pour thèmes l'inconstance affective et l'inceste. Ces films personnels, débusquant traditions et évolution dans les comportements individuels, révèlent un talent et une maturité rares chez les jeunes cinéastes péninsulaires. Il connaît un grand succès public en 1984 dans son pays natal avec Las bicicletas son para el verano et tourne ensuite Bearn (1985), El rio de oro (1986), Je suis celui que tu cherches (Yo soy el que tu buscas, TV, 1988, d'après García Màrquez), les Choses de l'amour (Las cosas del querer, 1989), Tierno verano de lujurias y azoteas (1993), une suite à les Choses de l'amour, Gran Slalom (1995), Sus ojos se cerraron y el mundo sigue andando (1997), Besos para todos (2000).

CHAYEFSKY (Sidney, dit Paddy)

scénariste et producteur américain (New York, N. Y., 1923 - id. 1981).

Après avoir contribué anonymement au scénario de The True Glory (G. Kanin et C. Reed, 1945), il consacre plusieurs pièces à l'étude de la petite bourgeoisie urbaine. L'évolution, les problèmes culturels relatifs à ce milieu forment aussi le thème commun des onze dramatiques qu'il signe, de 1953 à 1955, pour le programme « Philco Television Playhouse ». Dans un style réaliste et didactique, il traite du difficile ajustement des immigrés aux valeurs modernes, évoque les conflits de générations (The Catered Affair) et les inhibitions sexuelles de l'Américain moyen (Marty). Portée à l'écran en 1955 par Delbert Mann, cette dernière œuvre trace la voie à un cinéma indépendant où l'inspiration quotidienne frôle souvent le misérabilisme. Jouissant d'un prestige considérable, Chayefsky impose ses scénarios comme de véritables drames cinématographiques, dont il escompte une mise en scène purement illustrative. Il s'assure un contrôle étroit sur la production de The Catered Affair (R. Brooks, 1956), la Nuit des maris (Delbert Mann, 1957), la Déesse (J. Cromwell, 1958) et d'Au milieu de la nuit (Delbert Mann, 1959), qui conclut la première phase de sa carrière cinématographique.

Avec les Jeux de l'amour et de la guerre (A. Hiller, 1964), il révèle un goût nouveau pour la harangue, la satire à l'emporte-pièce, malgré des bonheurs d'expression variables et une tendance à la prolixité qui se confirme dans l'Hôpital (Hiller, 1971). Cette grinçante allégorie sur le bureaucratisme, doublée d'un vibrant plaidoyer pour la sauvegarde des valeurs humanistes, préfigure Network (S. Lumet, 1976), où Chayefsky dénonce avec brio les impostures de la culture télévisuelle, exprimant avec une virulence rare la colère et l'angoisse de l'intelligentsia libérale face aux pouvoirs croissants de la télévision. La parabole est volontiers excessive, elle illustre la dictature des sondages, la mise en spectacle de l'information, l'exploitation des frustrations collectives. Network constitue le couronnement de la carrière du scénariste. En 1980, ce dernier adapte son premier et unique roman : Altered States (Au-delà du réel), qu'il signe à l'écran sous le pseudonyme de Sidney Aaron, afin de marquer son désaveu à l'égard du réalisateur, Ken Russell.