Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BREVETS (guerre des).

Alors que le cinéma vient tout juste de naître, il connaît sa première crise commerciale grave, en 1897, aux États-Unis, lorsque l'inventeur Thomas Edison, qui entrevoit déjà l'intérêt de monopoliser une industrie toute neuve, déclare la guerre des brevets. Sa stratégie est simple : ayant acquis les droits du projecteur Vitascope, version améliorée de son propre Kinetoscope, il porte systématiquement plainte, pour contrefaçon, contre tous ceux qui fabriquent ou utilisent des appareils équivalents au sien. Sa première victime est le Cinématographe Lumière, qui triomphe depuis plus d'un an dans les grandes villes américaines. En outre, le matériel français est frappé par une mesure douanière protectionniste à effet rétroactif : ne se sentant pas de taille à mener une lutte aussi sévère, la firme lyonnaise abandonne le marché américain. Après l'élimination de Lumière, il reste encore aux États-Unis une dizaine de petites firmes qui vendent et fabriquent du matériel cinématographique : à partir de la fin de 1897, elles tomberont les unes après les autres sous la pression des huissiers envoyés par Dyer, l'avocat d'Edison. En mai 1898, la seconde et la plus longue phase de cette guerre commence lorsque, face à l'Edison Company, s'impose l'American Biograph. Les deux firmes, soutenues par d'importants groupes financiers, ne craignent pas de se lancer dans des procès interminables, ou même des bagarres à main armée : leur affrontement durera dix ans. La première tentative de monopolisation de l'industrie du cinéma en Amérique n'aboutit pas, et Edison, malgré un dernier procès en octobre 1907, qui le conforte dans tous ses droits acquis au cours des dix années passées, est contraint de s'entendre avec ses rivaux. Sous l'égide de l'Edison Company se forme alors un véritable trust, qui soumet chaque producteur, distributeur et exploitant à des redevances souvent élevées.

BRIALY (Jean-Claude)

acteur et cinéaste français (Aumale [auj. Sour El-Ghozlan, Algérie] 1933).

À ses débuts, il est un des acteurs préférés de la Nouvelle Vague, et tourne dans les premiers films de Claude Chabrol (le Beau Serge, 1959 ; les Cousins, id. ; les Godelureaux, 1960), de Jacques Rivette (films dans lesquels il incarne l'adolescence, la jeunesse désabusée et cyniquement nonchalante de l'après-guerre, par ex. Paris nous appartient, id.), dans ceux de Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, id.) et d'Alexandre Astruc (L'Éducation sentimentale, 1962). Il apparaît ensuite dans de nombreux films dont Un monsieur de compagnie (Ph. de Broca, 1964), le Bal du comte d'Orgel (M. Allégret, 1970), le Genou de Claire (E. Rohmer, 1970), le Fantôme de la liberté (L. Buñuel, 1974), le Juge et l'Assassin (B. Tavernier, 1976), la Nuit de Varennes (E. Scola, 1982), Sarah (M. Dugowson, 1983), le Quatrième Pouvoir (Serge Leroy, 1985), l'Effrontée (C. Miller, id.), Inspecteur Lavardin (C. Chabrol, 1986), Levy et Goliath (G. Oury, 1987), les Innocents (A. Téchiné, id.), S'en fout la mort (Claire Denis, 1990), Août (Henri Herré, 1992), le Monstre (R. Benigni, 1994), les Cent et Une Nuits (A. Varda, 1995), Une femme française (R. Wargnier, id.). Mais son personnage de jeune premier insolent va, hélas, servir à des fins beaucoup plus commerciales. Il est aussi passé à la mise en scène : Églantine (1972), les Volets clos (1973), l'Oiseau rare (id.), Un amour de pluie (1974), les Malheurs de Sophie (1981) et Un bon petit diable (1983).

BRIAN (Louise Byrdie Dantzler, dite Mary)

actrice américaine (Corsicana, Tex., 1908).

Elle obtient à seize ans le rôle de Wendy dans Peter Pan (H. Brenon, 1924), après avoir remporté un concours de beauté à Los Angeles. Elle amorce alors une carrière qui parvient sans trop de difficultés à franchir l'écueil du parlant au cours des années 30. Brunette ingénue et douce, elle devient l'une des stars de la Paramount, joue les « nice girls » face à Buddy Rogers, à Richard Arlen, à Gary Cooper, à Lee Tracy et apparaît à son avantage dans de nombreux films, parmi lesquels Beau Geste (H. Brenon, 1926), Brown of Harvard (J. Conway, id.), Running Wild (G. La Cava, 1927), Harold Teen (M. Le Roy, 1928), Varsity (F. Tuttle, id.), The Virginian (V. Fleming, 1929), River of Romance (R. Wallace, id.), The Front Page (L. Milestone, 1931), It's Tough to Be Famous (A.E. Green, 1932), The Man on the Flying Trapeze (C. Bruckman, 1935).

BRIDGES (Alan)

cinéaste britannique (Liverpool 1927).

Après avoir été acteur, il devient metteur en scène et auteur de théâtre et de télévision. Il tourne Act of Murder (1965) et Invasion (1966), puis remporte une surprenante Palme d'or à Cannes avec la Méprise (The Hireling, 1973)... puis réalise Out of Season (1975), la Petite Fille en velours bleu (The Girl in Blue Velvet, 1978), le Retour du soldat (The Return of the Soldier, 1982), la Partie de chasse (The Shooting Party, 1984).

BRIDGES (James)

réalisateur et scénariste américain (Paris, Ark., 1938 - Los Angeles, Ca., 1993).

Bon technicien, aussi bien à la machine à écrire (l'Homme de la Sierra, S. Furie, 1966) qu'à la caméra, James Bridges a débuté dans la mise en scène avec l'attachant The Baby Maker (1970). Mais c'est la Chasse aux diplômes (The Paper Chase, 1973), satire alerte des rites universitaires américains, qui fait sa réputation. Il remporte un grand succès public avec le Syndrome chinois (The China Syndrome, 1979), un bon suspense sur le péril atomique, interprété par Jane Fonda, et signe en 1980 Urban Cowboy, en 1984 Mike's Murder, en 1985 Perfect et en 1988 les Feux de la nuit (Bright Light, Big City).

BRIDGES (Jeff)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1949).

Fils de Lloyd Bridges et frère de Beau Bridges, tous deux acteurs. Comme eux formé au théâtre, il est, de surcroît, compositeur et auteur de nombreuses chansons. Il paraît naturel, imprévisible et plein d'humour. La finesse psychologique de ses interprétations contraste avec son physique de jeune Américain en bonne santé et sans histoire, le « tenderfoot », aux prises avec un monde déphasé ou marginal (Une fille nommée Lolly Madonna, R. Sarafian, 1973). Il obtient ses premiers grands rôles, dans la Dernière Séance (P. Bogdanovich, 1971) et Fat City (J. Huston, 1972), puis tourne notamment le Canardeur (M. Cimino, 1974), Hollywood Cowboy (Hearts of the West, Howard Zieff, 1977), la Porte du paradis (Cimino, 1980), Cutter's Way (I. Passer, 1981), Starman (J. Carpenter, 1985), Huit millions de façons de mourir (H. Ashby, 1986), le Lendemain du crime (S. Lumet, id.), Nadine (R. Benton, 1987), Tucker (F. F. Coppola, 1989) où dans le rôle-titre il incarne l'inventeur génial d'une voiture d'avant-garde, contré par les lobbies de l'industrie automobile de Detroit et acculé à la faillite, Susie et les Baker Boys (Steve Kloves, 1989) où il interprète un pianiste de bar, taciturne et abandonné par le succès, Texasville (P. Bogdanovich, 1990), The Fisher King (T. Gilliam, id.), American Heart (Martin Bell, 1992), la Disparue (The Vanishing, George Sluizer, id.), État second (P. Weir, 1993), Blown Away (Stephen Hopkins, 1994), Wild Bill (W. Hill, 1995), Lame de fond (R. Scott, 1996), Leçons de séduction (B. Streisand, 1997). C'est une véritable et brillante composition qu'il fait pour les frères Coen : dans The Big Lebowski (J. Coen, 1998), chevelu et ventru, il incarne un idéal de paresse et de détachement. Arlington Road (id., Mike Orlington, 1999) nous le restitue fringant, mais inquiet, en convaincant héros de film noir. Son frère Beau Bridges joue notamment à ses côtés dans le film de S. Kloves Susie et les Baker Boys.