ANDRADE (Joaquim Pedro de) (suite)
Premier film du Cinema Novo à remporter un succès public appréciable (c'est, il est vrai, une de ses rares comédies), Macunaíma (1969) n'hésite pas à intégrer le comique des chanchadas si méprisées des spectateurs cultivés. Vedette du genre, l'acteur noir Grande Otelo y est un des interprètes du rôle-titre du roman parodique du moderniste Mario de Andrade (1893-1945). Aventures du héros sans caractère d'un Brésil qui veut se civiliser, caustique et mythique, Macunaíma rompt avec le réalisme en faveur du tropicalisme, vague de fond qui ébranla la culture brésilienne de la fin des années 60, aussi bien au cinéma qu'en musique ou au théâtre. Os Inconfidentes (1972) s'inspire d'une conspiration contre le pouvoir colonial au Minas Gerais au XVIIIe siècle. Ce n'est pas l'imagerie patriotique de l'Inconfidência Mineira qui intéresse l'auteur, mais la réflexion sur les rapports des intellectuels et du pouvoir, une recherche aussi de la vérité (coproducteur, la RAI le diffusa sous le titre La congiura). Guerra Conjugal (1974) adapte des contes ironiques de Dalton Trevisan. Nettement plus réussi est l'épisode réalisé pour Contos Eróticos (tourné en 1977) : le héros de Vereda Tropical fait l'amour avec des pastèques, sketch entièrement construit sur la faculté de suggestion des mots et des images. Dans O Homem do Pau-Brasil (1981), Joaquim Pedro de Andrade revient aux modernistes avec Oswald de Andrade (1890-1954) [précisons qu'aucun des Andrade cités n'appartient à la même famille]. Il s'agit d'une biographie très particulière du père spirituel du tropicalisme, l'auteur du Manifeste anthropophagique étant interprété simultanément par deux acteurs, dont une femme... Andrade est, au Brésil, un cas extrême d'exigence et d'originalité.▲