Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TOSI (Piero)

costumier et décorateur italien (Florence 1927).

Après des études à l'Accademia d'Arte de Florence, il s'affirme comme un des plus brillants décorateurs et costumiers du théâtre italien. De Bellissima (1951) à l'Innocent (1976), sa contribution multiforme à l'œuvre viscontienne révèle un goût exquis et une intelligence de toutes les nuances de la mode en rapport à l'histoire et aux sujets traités. Il collabore aussi avec les cinéastes Franco Brusati (Il padrone sono me, 1956), Mario Soldati (Policarpo, ufficiale di scrittura, 1959), Mauro Bolognini (le Bel Antonio, 1960 ; la Viaccia, 1961 ; Quand la chair succombe, 1962 ; Arabella, 1967 ; Metello, 1970 ; Bubu de Montparnasse, 1971 ; Vertiges, 1975 ; la Dame aux camélias, 1981 ; Gli Indifferenti, 1988), Mario Monicelli (les Camarades, 1963 ; Nous voulons les colonels, 1973), Vittorio De Sica (Hier, aujourd'hui et demain, 1963 ; Le renard s'évade à trois heures, 1966), Liliana Cavani (Portier de nuit, 1974 ; Au-delà du bien et du mal, 1977 ; la Peau, 1981 ; Derrière la porte, 1982), Zeffirelli (La Traviata, 1983). Il a également collaboré à la caractérisation des visages dans Et vogue le navire (Fellini, 1983).

TOTHEROH (Rolland H., dit Rollie)

chef opérateur américain (San Francisco, Ca., 1890 - Los Angeles, Ca., 1967).

Cameraman aux studios Essanay à vingt ans, il est affecté aux films de Charlie Chaplin lorsque celui-ci rejoint la compagnie, en 1915, pour un an. À son départ, Chaplin persuade le jeune homme de le suivre et Totheroh demeure son cameraman personnel jusqu'en 1947, particulièrement pour le Gosse (1921), le Pèlerin (1923), l'Opinion publique (id.), la Ruée vers l'or (1925), le Cirque (1928), les Lumières de la ville (1931), les Temps modernes (1936), le Dictateur (1940) et Monsieur Verdoux (1947). Il signe ensuite les images d'un unique film : le Chant de mon cœur (Song of My Heart, Benjamin Glazer, 1948).

TOTÒ (Antonio Furst de Curtis Gagliardi Ducas Comneno di Bisanzio, dit)

acteur et scénariste italien (Naples 1898 - Rome 1967).

Ce descendant des empereurs de Byzance est né d'une prolétaire célibataire liée au fils d'un marquis. Il débute très jeune comme acteur de variétés et, après la Première Guerre mondiale, il s'affirme comme comique et chansonnier parodique. À Rome, il devient une vedette en usant de son physique particulier, menton allongé, pupilles très mobiles, vieux chapeau melon sur la tête, jaquette noire trop large, chemise élimée, lacet en guise de cravate, pantalon trop long, chaussures noires à talon plat. Ce pantin désarticulé, dénommé « l'homme de caoutchouc », obtient, vers la fin des années 20, un énorme succès. Devenu directeur de troupe, dans les années 30, il fait des tournées dans toute l'Italie en présentant des « avanspettacoli » (variétés qui précèdent la projection d'un film) aux côtés des soubrettes populaires. Son extraordinaire carrière sur scène se poursuivra jusqu'en 1956. En 1937, il paraît au cinéma dans Fermo con le mani ! (Gero Zambuto), où il reprend ses « macchiette » déjà célèbres ; son humour irrésistible et souvent féroce est comparé par la critique à celui d'Ettore Petrolini (le plus grand acteur du théâtre satirique italien). Son deuxième film, Animali pazzi (C. L. Bragaglia, 1939), le pousse à des loufoqueries plus grotesques encore, tandis que son film suivant, Totò apôtre et martyr (A. Palermi, 1940), le rattache davantage à la tradition de la commedia dell'arte, puisqu'il « napolitanise » une farce classique du Sicilien Nino Martoglio conçue pour l'acteur Angelo Musco. L'allegro fantasma (Palermi, 1941), Due cuori fra le belve (Giorgio C. Simonelli, 1943), Il ratto delle Sabine (M. Bonnard, 1945) développent ses qualités instinctives mais n'obtiennent guère de succès. Sa carrière repart en 1947 avec I due orfanelli, conçu par Mario Mattoli (Steno et Age étant scénaristes), parodie frénétique des clichés du mélodrame larmoyant. Ses trois films suivants : Fifa e arena (Mattoli, 1948), Totò al Giro d'Italia (id., id.), I pompieri di Viggiù (id., 1949), obtiennent un succès populaire fabuleux et lui permettent des créations comiques quasi surréelles, riches de gags (conçus par l'écrivain Marcello Marchesi et d'autres scénaristes). Totò cherche un appartement (Steno et M. Monicelli, 1949) marque une évolution vers une satire plus « sociale ». Mais l'énorme succès le contraint à exploiter ses tics dans de trop nombreux films. Il joue une cinquantaine de fois dans les années 50, citons : Totò cerca moglie (Bragaglia, 1950), Totò Tarzan (Mattoli, id.), 47 morto che parla (Bragaglia, id.), Gendarmes et Voleurs (Steno et Monicelli, 1951), Totò a colori (Steno, 1952 — le premier film italien en couleurs), Où est la liberté ? (R. Rossellini, id.), L'uomo, la bestia e la virtù (Steno, 1953), Totò e Carolina (Monicelli, 1955 [, 1953]), Totò, misère et noblesse (Mattoli, 1954), le sketch Il guappo de l'Or de Naples (V. De Sica, id.), Siamo uomini o caporali ? (C. Mastrocinque, 1955 — inspiré par sa fameuse devise), Il coraggio (D. Paolella, id.), Totò all'inferno (Mastrocinque, id. — d'après son propre scénario), Arrangiatevi ! (M. Bolognini, 1959). Dans les années 60, il joue dans 35 films, soit des comédies de série B, soit des œuvres d'auteur ambitieuses comme Larmes de joie (Monicelli, 1960), la Mandragore (A. Lattuada, 1965), Des oiseaux petits et gros (P. P. Pasolini, 1966), Opération San Gennaro (D. Risi, id.), l'épisode La terra vista della luna (Pasolini) des Sorcières (1967), l'épisode Che cosa sono le nuvole (id.) de Capriccio all'italiana (1968). Méconnu par la critique pendant toute l'après-guerre, il a été redécouvert dans les années 70 et sa gloire posthume et méritée ne fait que s'accroître.

TOULOUT (Jean)

acteur français (Paris 1885 - id. 1962).

Ses meilleures créations, les plus caractéristiques de son talent, remontent au muet. La Dixième Symphonie (A. Gance, 1918), la Fête espagnole (G. Dulac, 1920), Mathias Sandorf (H. Fescourt, 1921), les Misérables (id., 1925), Antoinette Sabrier (Dulac, 1928), Monte-Cristo (Fescourt, 1929) bénéficient de sa force, voire de sa puissance et de sa sobriété. Il joue avec la même efficacité à partir de 1930 sous la direction de L'Herbier, de Granowski, de Delannoy, et il est encore de l'Armoire volante (C. Rim, 1949) et de Madame de (M. Ophuls, 1953). Époux d'Yvette Andreyor, il a exercé d'importantes fonctions syndicales.