Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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UCHIDA (Tomu)

cinéaste japonais (Okayama 1898 - Tokyo 1970).

Il commence une carrière d'acteur à l'Amateur Club de Thomas Kurihara en 1920, tout en jouant au théâtre. Entré à la Nikkatsu, il y devient assistant réalisateur en 1923, auprès de Minoru Murata et Kenji Mizoguchi. Il passe à la réalisation en 1927 en tournant Un concours de trois jours (Kyoso mikka-kan) et sept autres films comico-satiriques. Il se fait remarquer par des satires sociales un peu plus aiguës, comme la Poupée vivante (Ikiru ningyô, 1929), des adaptations littéraires nationales ou étrangères (Jean Valjean, 1931, en deux parties, d'après Victor Hugo) ou des films historiques à tendance sociale, le Champion de la vengeance (Adauchi senshu, 1931). Mais c'est avec ses drames populaires du genre shomin-geki qu'il s'impose comme un cinéaste de premier plan, en même temps que Ozu ou Mizoguchi : le Théâtre de la vie (Jinsei gekijo, 1936, et, surtout, ce que l'on a appelé «  le premier film paysan japonais  », la Terre (Tsuchi, 1939), tourné avec des non-professionnels, sous l'influence du cinéma soviétique.

Pendant la guerre, il part pour la Mandchourie et, fait prisonnier par les Chinois, il reste en Chine jusqu'en 1954. Enfin rentré au Japon, il travaille à la Compagnie Toei, et devient alors un spécialiste renommé du jidai-geki d'un style nouveau, plus réaliste et critique, en signant la Lance ensanglantée du mont Fuji (Chiyari Fuji, 1955) et plusieurs autres films historiques, dont les plus importants sont : le Col du Grand Bouddha (Daibosatsu tôge, 1957/1959, en trois parties, avec Chiezo Kataoka), Meurtre à Yoshiwara (Hana no Yoshiwara hyakunin-giri, 1960, sur un scénario de Y. Yoda), et la série très populaire de Miyamoto Musashi (Musashi Miyamoto, 1961/1965, en cinq parties, avec Kinnosuke Nakamura). Il y fait preuve d'un solide métier et de qualités artisanales typiquement japonaises, perdues depuis dans l'industrie. Il tourne également des films contemporains à thème social, comme le Détroit de la faim (Kiga kaikyo, 1964, avec Rentaro Mikuni), basé sur un fait divers de l'après-guerre. À la fin des années 60, Uchida, qui a de plus en plus de difficultés pour travailler, meurt au cours du tournage de Duel à mort (Shinken shobu, 1970), qui ne sortira, inachevé, que deux ans plus tard.

UCICKY (Gustav)

cinéaste allemand d'origine autrichienne (Vienne 1899 - Hambourg 1961).

Un des meilleurs directeurs de la photographie des années 20, en Allemagne (l'Esclave reine, Curtiz, 1924 ; Fiacre numéro 13, id., 1926). Il passe à la réalisation en 1927 et se fait très vite absorber par le tout-venant commercial : des comédies avec Lilian Harvey (Hokuspokus, 1930), des films d'action avec Hans Albers (Au bout du monde [Flüchtlinge], 1933). Il y apportait un indiscutable fini technique, mais peu de personnalité. Dès l'Aube (Morgenrot, id.), film de guerre énergique, on sentait qu'Ucicky deviendrait un des piliers de l'industrie cinématographique nazie. Il contribue au cinéma du IIIe Reich en signant des mélodrames souvent lourds (Mutterliebe, 1940 ; Toute une vie [Ein Leben lang], 1941). Son meilleur film, le moins empâté dans le sentimentalisme et les louanges à la mère patrie, reste indiscutablement le Maître de poste (Der Postmeister, 1940), où Heinrich George était excellent et Hilde Krahl très belle. Après une courte interruption, il recommence à travailler en 1947 et ne s'arrêtera qu'à la veille de sa mort.

Autres films :

Cafe Electric (1927) ; le Concert de flûte de Sans-Souci (Das Flötenkonzert von Sans-Souci, 1930) ; York (id.) ; Mensch ohne Name (et sa version française, Un homme sans nom, 1932) ; Une fille nommée Jeanne (Das Mädchen Johanna, 1935) ; Savoy Hotel 217 (1936) ; la Cruche cassée (Der zerbrochene Krug, 1937) ; Aufruhr in Damaskus (1939) ; Heimkehr (1941) ; Späte Liebe (1943) ; Am Ende der Welt (id.) ; Der gebieterische Ruf (1944) ; Das Herz muss schweigen (id.) ; Cordula (1950) ; Die Hexe (1954) ; Der Edelweisskönig (1957).

UEHARA (Ken)

acteur japonais (Tokyo 1909 - id. 1991).

Entré à la Shochiku à la suite d'une demande de candidature déposée en cachette par des amis, il débute dans un film de la série Jeune Patron (Wakadanna) : ‘ Au cœur du printemps ’ (Harukanaman, H. Shimizu, 1935). Mobilisé en 1936, il quitte l'armée pour cause de maladie, et joue dans le Nouveau Chemin (Shindô, H. Gosho, 1936) avec Shuji Sano et Shin Saburi. Ces trois jeunes premiers forment alors un trio populaire dans plusieurs films, dont ‘ les Fiançailles des trois corbeaux ’ (Shimazu, 1937). Nouveau succès en 1938 avec Aizen Katsura (Hiromasa Nomura), aux côtés de Kinuyo Tanaka. Ayant quitté la Shochiku en 1945, il devient l'un des premiers acteurs indépendants du Japon et interprète de nombreux films de qualité : les Sœurs Munakata (Y. Ozu, 1950), le Repas (M. Naruse, 1951), Là d'où l'on voit les cheminées (Gosho, 1953), le Grondement de la montagne (Naruse, 1954), parmi tant d'autres.

UFA (Universum Film Aktien Gesellschaft).

Société de production et de distribution allemande fondée en novembre 1917 à l'instigation du général Ludendorff qui, estimant que les compagnies cinématographiques en activité ne pratiquent pas une politique pangermaniste suffisamment efficace, souhaite la création d'une puissante firme nationale. Les fonds sont fournis en partie par le gouvernement, en partie par l'industrie privée (aciéries Krupp, industries chimiques I. G. Farben, compagnie électrique A. E. G.) et la Deutsche Bank. La UFA met en place une politique d'expansion et d'annexion. La PAGU, la Messter-Film, la BUFA, l'Union, la Sascha-Film (de Vienne), le circuit de distribution de la Nordisk Film passent rapidement sous le contrôle de la UFA. De nouveaux studios modernes sont construits, des salles imposantes sont créées (notamment à Berlin le UFA Palast am Zoo, en 1919), une nouvelle orientation est donnée à la production (films d'évasion ou Traumfilms, superproductions historiques, films d'inspiration antirévolutionnaire). En 1921, la UFA absorbe la seule société qui avait semblé lui résister : la Decla Bioscop d'Erich Pommer. En compensation, on offre à ce dernier la direction de la production au sein du trust — les studios ainsi récupérés à Neubabelsberg, dans la banlieue de Berlin, deviendront les plus modernes et les plus puissants du pays en 1929. Sous la férule de Pommer, la UFA devient une compagnie puissante, non dénuée d'ambitions artistiques (les Nibelungen et Metropolis de Lang ; le Dernier des hommes de Murnau). La crise économique n'épargne pas la UFA et, dès 1925, pour pallier le retrait des capitaux du gouvernement, la firme doit signer les accords Parafumet (Paramount, UFA, Metro) et, en compensation d'un apport financier, s'engage à programmer un contingent de 20 films Paramount et de 20 films MGM. L'homme qui sauve la UFA de la banqueroute est le Dr Alfred Hugenberg, nommé à la présidence du trust, et dont les opinions politiques pronazies (il est le chef du groupement d'extrême droite les Casques d'acier) vont permettre à la nouvelle idéologie de s'exprimer par écran interposé. L'avènement du parlant correspond, en Allemagne, à la montée du national-socialisme. Tout en produisant des films de prestige, la UFA se met peu à peu au service des nouveaux maîtres politiques. La Tobis Klangfilm passe sous contrôle de la UFA. En 1933, Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich, crée la Reichsfilmkammer. La UFA se lance dans une politique expansionniste et, peu à peu, toutes les firmes allemandes sont intégrées au trust, de même que les sociétés autrichiennes, polonaises et tchécoslovaques. Fritz Hippler, promu Reichsfilmintendant, dirige la UFA Filmkunst Gmbh. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la société est mise sous séquestre par les Alliés. Les studios de Neubabelsberg en Allemagne de l'Est deviennent l'embryon de la future DEFA.