FINLANDE. (suite)
Si Jörn Donner*, plus récemment, a travaillé à faire connaître le cinéma finnois à l'étranger en même temps qu'il réalisait lui-même quelques films de divertissement, c'est sous le signe de Risto Jarva* que se placent les années 70, en raison de la diversité de cet auteur, de son engagement social et de l'abondance de sa production. Rauni Mollberg*, pour sa part, a le mérite d'avoir tourné le film le plus brillant du cinéma finnois de l'après-guerre et celui qui a aussi eu le plus grand succès : La terre est un chant coupable / la Terre de nos ancêtres (Maa on syntinen laulu, 1973), sur le rituel du quotidien dans un village isolé de Laponie et sur les pulsations du désir et de la foi qui y rythment l'existence. La longue étude à la Zola que Mikko Niskanen consacre à un petit paysan qui succombe progressivement à l'emprise de l'alcool (Huit Coups mortels [Kahdeksan surmanluotia], 1972) relève d'un projet similaire, l'exotisme en moins. Fondé sur un fait divers authentique, ce film courageux conserve une force poignante, même dans sa version internationale écourtée.
Les succès.
Bien d'autres réalisateurs ont retenu un moment l'attention qui ont ensuite déçu ou qui, en raison d'un échec commercial, ont été contraints de se livrer à d'autres activités entre des tournages espacés. Mais Erkko Kivikoski, Jaakko Pakkasvirta, Aito Mäkinen, Eija-Elina Bergholm, Timo Linnasalo, Sakari Rimminen et Markku Lehmuskallio sont tous des noms auxquels le cinéma finlandais doit des œuvres intéressantes. Kivikoski a dressé un tableau sévère des failles et des injustices de la société finnoise, et Lehmuskallio, avec la Danse du corbeau (Korpinpolska, 1980), porte un regard poétique mais clairvoyant sur les dangers qui menacent l'environnement naturel à l'âge industriel. Les années 80 sont celles d'un renouveau, perçu à l'étranger principalement grâce aux films d'Aki et de Mika Kaurismäki*. Alors qu'arrivent sur le marché de nombreux jeunes, les grands cinéastes réalistes poursuivent leur œuvre, tels Rauni Mollberg, Matti Kassila et même le vétéran Edvin Laine. La production finlandaise continue d'illustrer ses thèmes traditionnels, y compris la guerre contre l'URSS évoquée par Mollberg dans le Soldat inconnu (Tuntematon sotilas, 1985), quasi-remake du film de Laine de 1955, ou par Pekka Parikka dans la Guerre de l'hiver (Talvisota, 1989) ; véritable héritage national, le film de guerre reste vivace, et en 1999 Rukajärven tie du jeune Olli Saarela a été le plus gros succès finlandais dans les salles du pays. On tourne de plus en plus de comédies et les nouveaux metteurs en scène tentent souvent d'acclimater le genre policier au cadre du pays (parfois à partir de faits réels) ; les résultats sont parfois originaux : l'Arrangement final (Tilinteko, 1987) de Veikko Aaltonen ; Trahison (Petos, 1988) de Taavi Kassila, fils de Matti Kassila ; l'Homme sans visage (Mannen utan ansikte, 1995) de Lauri Törhönen – sans oublier les films des frères Kaurismäki * tels Rosso, Crime et châtiment ou Ariel. Parmi les nouveaux talents se distinguent Tapio Suominen, avec En avant la vie (Täältä tullan, elämä, 1980) et Bannies du ciel (Porttikielto taivaaseen, 1990), ainsi que Pirjo Honkasalo et Pekka Lehto, qui ont réalisé ensemble Cœur de feu (Tülipää, 1980) et 250 grammes, un testament radioactif (250 gramma, 1993, avec Nikita Mikhalkov pour interprète) ; Pekka Lehto a réalisé, seule, Mysterion (1991) ; Pirjo Honkasalo, lui, Solitude (Yksinteoin, 1990) et le Puits (Kaivo, 1990). La réussite des frères Kaurismäki a encouragé les plus jeunes dans des voies non-conformistes parfois radicales. Certains figurent parmi leurs collaborateurs, comme Pauli Pentti (Macbeth, 1987), dont les films ont été produits par la société des deux frères (Villealfa) et Veikko Aaltonen, qui a réalisé avec eux l'Arrangement final, déjà cité, puis le Fils prodigue (Tuhlaajapoika, 1992) et Pater Noster (Isa meidän, 1993). D'autres auteurs se manifestent, comme Lauri Törhönen, avec un premier film, l'Ange enflammé (Palava enkeli, 1984), Ansi Mäntärri, Markku Pölönen, Tero Jartti (Aapo, 1994) et Matti Iljas, dont on connaît, à l'étranger, Virgules et petites culottes (Pikkuja ja pikkuhousuja, 1992). La production cinématographique nationale a été de plus en plus soutenue par l'État au cours des années 1990,et même si les films sont peu exportés en dehors des pays nordiques (et en dehors du cas singulier des frères Kaurismäki), chaque année apporte son lot de découvertes : le jeune Olli Saarela avec la Rédemption (Lunastus, 1997) et le vétéran Rauni Mollberg avec les Enfants du paradis (Paratiisin lapset, 1994), Ansi Mäntärri avec le Mercenaire (Plkkasoturi, 1997), Timo Linnasalo avec Eros et Psyché (Eros ja Psykhe, 1998), Veikko Aaltonen pour notamment Mal de mer (Merisairas,1996), Kari Väänänen avec le Village tranquille (Vaiennut kylä, 1997), Pirjo Honkasalo et Marja Pensala avec les Cendrillons de Tallinn (Tallinnan tuhkimo, 1996), Pekka Lehto avec Tango Kabaree (2000) – sans oublier le travail dans le documentaire de P. Lehto, P. Honkasalo et Markku Lehmuskallio.