BRUSTELLIN (Alf)
cinéaste allemand (Vienne 1940 - Munich 1981).
D'abord acteur de cabaret puis journaliste, il est chef opérateur depuis 1968, entre autres de Bernhard Sinkel pour Lina Braake (1975). Il coréalise par la suite avec ce dernier Berlinger (id.), la Guerre des jeunes filles (Der Mädchenkrieg, 1977), une ample évocation historique. On leur doit aussi un épisode du retentissant pamphlet politique collectif, l'Allemagne en automne (Deutschland im Herbst, 1978), et l'interview de l'avocat Horst Mahler emprisonné pour son aide aux terroristes de la fraction Armée rouge. Brustellin a réalisé seul ’la Chute‘ (Der Sturz, 1978).
BRUTE (mot anglais, prononc. « broute »).
Très puissant projecteur à arc. ( ÉCLAIRAGE.)
BRYNNER (Jules Bryner, dit Yul)
acteur suisse (Vladivostok, URSS, 1920 - New York, N. Y., 1985).
Issu, selon toute probabilité, d'un père helvète d'origine mongole et d'une mère roumaine tsigane, le futur mercenaire au crâne rasé se complaît à brouiller les pistes et déclare même, à un journaliste trop curieux, que les secrets de l'enfance sont tout ce qu'un acteur peut encore garder pour soi. Ses ascendants déclarés (il confesse à qui veut l'entendre que son nom véritable est Taidje Khan) et ses lieux de naissance avoués (quelque part dans l'île Sakhaline) sont aussi variés que fantaisistes. Ses débuts ne le furent pas moins. Mais il se lie aux Pitoëff, travaille, acteur et machiniste, au théâtre des Mathurins à Paris, part pour les États-Unis (théâtres, TV) et devient vedette de shows à Broadway : Lute Song (1946), Dark Eyes et, surtout, The King and I (1951), qui lui apporte la consécration. Il a joué plus de 3 000 fois cette opérette de Richard Rogers et Oscar Hammerstein, et repris naturellement son rôle dans la version filmée en 1956 par Walter Lang (où il remporte l'Oscar du meilleur acteur). Depuis, sa personnalité est devenue inséparable de ce personnage au crâne rasé, à la voix grave et au charme exotique. Ses débuts cinématographiques, avec la Brigade des stupéfiants (L. Benedek, 1949), sont beaucoup moins marquants. Mais le succès du Roi et moi (W. Lang, 1956) lui vaut d'incarner des personnages exceptionnels : le Ramsès des Dix Commandements (C. B. De Mille, 1956), Salomon dans Salomon et la Reine de Saba (K. Vidor, 1959), le rôle-titre de Tarass Boulba (J. Lee Thompson, 1962). Dans d'autres films, comme Anastasia (A. Litvak, 1956) et le Voyage (id., 1959), les Boucaniers (A. Quinn, id.), les Frères Karamazov (R. Brooks, id.) et le Bruit et la Fureur (M. Ritt, 1959), il prouve que l'on peut compter aussi, à l'occasion, sur ses talents d'acteur. Il fait une apparition dans le Testament d'Orphée (J. Cocteau, 1960), remporte un succès mondial avec les Sept Mercenaires (J. Sturges, id.), puis s'éloigne progressivement d'un cinéma qui ne lui donne plus que rarement des rôles intéressants (sinon dans le Mercenaire de minuit, R. Wilson, 1964, et Mondwest, M. Crichton, 1973), parce qu'il utilise jusqu'à satiété son image de marque stéréotypée de séducteur chauve au regard magnétique et à la sensualité « barbare ».
BRYNYCH (Zbyněk)
cinéaste tchèque (Prague 1927 - id. 1995).
Influencé par le néoréalisme italien, il tourne son premier film en 1958 : ‘ Romance du faubourg ’ (Žižkovska romance). Il cherche son style dans quelques autres tentatives (‘ le Dérapage ’ [Smyk], 1960) et s'impose à l'attention en 1962 avec Transport au paradis (Transport z ráje), d'après des récits d'Arnošt Lustig, qui évoque dans un style semi-documentaire la visite d'une commission internationale de la Croix-Rouge au ghetto de Terezin. Il fait alterner l'expressionnisme (le Cinquième Cavalier c'est la peur [... a páty jezdec je strach], 1964) et l'intimisme (‘ la Constellation de la Vierge ’ [Souhvezdi panny], 1965) avant de retrouver l'ambiance qui lui sied le mieux : la parabole politique oppressive traitée dans un style qui côtoie le fantastique (Moi la justice [Já spravedlnost], 1967, d'après le roman de Miroslav Hanus). Une carrière en dents de scie que la « normalisation » du pays conduira sur les voies de l'académisme et du conformisme (‘ Quelle est la couleur de l'amour ? ’ [Jakou barvu má láska, 1973 ; ‘ la Nuit des feux oranges‘ [Noc oranžovÿch ohňů], 1975) ; ’la Mi-Temps du bonheur‘ [Poločas Štěstí, 1984]). Il tourne ensuite pour la TV allemande.
BU Wancang
cinéaste chinois (Tianchang, prov. d'Anhui, 1903 - Hongkong 1974).
À dix-huit ans, il participe pour la première fois à un film comme assistant du cameraman américain d'une petite compagnie de Shanghai. En 1924, il est cameraman de deux films du studio Dazhonghua et, en 1925, d'un film du studio Minxin. En 1926, il réalise ‘ Pure comme le jade, claire comme la glace ’ (Yujie bingqing) pour la Mingxing, sur un scénario d'Ouyang Yuqian. Réalisateur, parfois scénariste, pour les compagnies Mingxing, Lianhua, Xinren, Yihua, etc., jusqu'en 1937, il tourne 24 films. Parmi les plus importants : ‘ Rêve printanier au bord du lac ’ (Hubian chunmeng, 1927) ; ‘ Amour et Devoir ’ (Lian'ai yu yiwu, 1931), d'après un roman polonais ; ‘ Les fleurs de pêchers pleurent des larmes de sang ’ (Taohua qixue ji, 1931) ; ‘ Une branche de prunier ’ (Yijian mei, 1931), inspiré de Two Gentlemen of Verona de Shakespeare. Ces quatre films furent critiqués par la gauche parce que trop occidentalisés à ses yeux. Ensuite, il réalise, sur quatre scénarios de Tian Han, ‘ Trois Femmes modernes ’ (Sange modeng nüxing, 1933), ‘ Lumière maternelle ’ (Muxing zhi guang, 1933), ‘ l'Âge d'or ’ (Huangjin shidai, 1934) et ‘ Chant de victoire ’ (Kaige, 1935). Dans la quinzaine de films qu'il tourne pendant l'époque de l'« île orpheline », il traite souvent de sujets historiques non dépourvus d'allusions antijaponaises : Diao Chan (1938) ; ’Mulan rejoint l'armée‘ (Mulan congjun, 1939) ; en 1940, ’Souwou garde les moutons‘ (Su Wu muyang) et Xi Shi. En 1941, il est l'un des réalisateurs de ’Famille‘ (Jia) d'après le roman de Ba Jin. En 1943, il signe ’Fraternité‘ (Bo'ai) ; en 1945, ‘ le Rêve dans le pavillon rouge ’ (Honglou meng). À Chongqing et Chengdu, il met en scène plusieurs pièces de théâtre. En 1947, il s'installe à Hongkong et réalise pour la Yonghua ‘ l'Âme de la Chine ’ (Guohun, 1948). En 1951, il fonde la compagnie Taishan, pour laquelle il dirige six films, dont ‘ Portraits de belles ’ (Shunü tu, 1952). En 1956, il coréalise ‘ Fleur d'or et sang de jade ’ (Bixie huanghua), histoire des « 72 martyrs de Canton », à la veille de la révolution de 1911. On peut encore citer ‘ Une longue rue ’ (Chang xiang, 1956), ‘ le Petit Vagabond ’ (Kuer liulang ji, 1960) et son dernier film en 1963, ‘ la Dame au luth ’ (Zhao Wuniang).