TSUKAMOTO (Shinya)
cinéaste japonais (Tokyo 1960).
Très tôt attiré par le cinéma et le théâtre, il crée une compagnie théâtrale éphémère (Kaiju Theatre Company), avant de tourner deux courts métrages (le Fantôme d'une taille normale, 1986, et les Aventures de Denchu Kozo, 1987). Il est vite remarqué pour son premier long métrage, Tetsuo (Tetsu otoko/ Tetsuo, 1988, qu'il interprète lui-même), tourné en 16 mm et noir et blanc, dans des conditions artisanales, mais où il révèle son goût immodéré pour les transformations violentes du corps humain, et pour un cinéma purement physique. Après avoir réalisé un film de commande pour une grande compagnie, Hiruko, the Goblin (Yôkai hantaa, Hiruko, 1990), il tourne une suite en couleurs à Tetsuo, Tetsuo 2, Body Hammer (id.1992). Suivent Tokyo Fist (Tokyo ken, 1995), et Bullett Ballet (id. 1998), films aux limites de l'underground, entre hyper-réalisme et « gore », où il tient la vedette aux côtés de son frère, Koji Tsukamoto. Une évolution se dessine avec un film plus « professionnel » de commande, d'après l'écrivain Edogawa Rampo, Gemini (ou les Jumeaux/ Sôseiji, 1999), où il traite autrement d'un fantastique morbide et gothique.
TUCKER (George Loane)
acteur, cinéaste et producteur américain (Chicago, Ill., 1872 - Los Angeles, Ca., 1921).
Après avoir réalisé The Courting of Mary (1911) et Traffic in Souls (1913), il traverse l'Atlantique pour participer à l'essor de la London Film, fondée en 1913 par R. T. Jupp. C'est en Grande-Bretagne qu'il tourne The Cage (1915), le Prisonnier de Zenda (The Prisoner of Zenda, id.), Arsène Lupin (1916), The Manxman (id.). Il revient aux États-Unis en 1917, y dirige notamment Virtuous Wives (1918) et The Miracle Man (1919, film qui lance Lon Chaney). Il disparaît dans un accident de voiture peu après avoir terminé Ladies Must Live (1921).
TUCKER (Sophie Abuza, dite Sophie)
actrice américaine (Boston, Mass., 1884 - New York, N. Y., 1966).
L'une des figures légendaires du cabaret américain, cette chanteuse au large gabarit, à la voix puissante et à la personnalité électrisante a tourné quelques films qui nouspermettent d'avoir une idée, certainement approximative, de ce qu'elle a été. Honky Tonk (L. Bacon, 1929), où elle joue (évidemment) une vedette de cabaret, malgré un scénario mélodramatique, cerne avec exactitude son charme particulier. Broadway Melody of 1936 (R. Del Ruth, 1935) lui permet de chanter une énième fois son immense succès, Some of These Days.
TUNISIE.
Les opérateurs des frères Lumière prennent des « vues animées » à Tunis, Hammam-Lif, Sousse, et en organisent la projection sur place dès 1896, quelques mois après la naissance du Cinématographe. Le public, amateur des spectacles de karakouz, s'enchante de la précoce présence des films Lumière chez les forains (1897). En 1899, la Régence accueille Raoul Grimoin-Sanson*, qui enregistre en Cinéorama (70 mm) des scènes locales. En 1905, Mesguich* parcourt le pays et se fécilite d'avoir pu filmer « l'interdit » : des fidèles en prière dans la Grande Mosquée de Kairouan. En 1908, la première salle de cinéma est ouverte à Tunis : l'Omnia-Pathé. On tourne des bandes d'actualités dès 1911. Un mélodrame exotique est réalisé par Luitz-Morat* en 1919, les Cinq Gentlemen maudits. Reporter cinématographique au front de Verdun pendant la Grande Guerre, le Tunisien Albert Samama-Chikli (1872-1934) donne le coup d'envoi du cinéma national avec Zohra (CM, 1922) et la Fille de Carthage (Aïn al-Ghezal, « œil de gazelle », id.), long métrage dont sa fille, Haydée Chikli, auteur du scénario, est aussi l'interprète. Tandis que la Tunisie commence à servir régulièrement de décor bon marché aux aventures banales signées Henri Fescourt*, Charles Burguet ou André Hugon, les Majors prennent place sur le marché. Vers la fin des années 30, on décèle un espoir de production nationale avec Terre idéale, long métrage documentaire en couleurs de Jean Kharski (1937), et le Fou de Kairouan (J. A. Creusi, id.), chanté et parlé en arabe et « cent pour cent tunisien », selon Omar Khlifi*. Le film est interprété par un acteur de renom, Mohieddine M'rad. Des salles s'implantent dans la capitale et les villes principales. Le premier ciné-club est fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en même temps que les Studios Africa (1946). La première fédération de ciné-clubs du continent voit le jour en 1950, la FTCC, et son rôle, vingt ans plus tard, ne sera pas loin d'être considéré comme subversif !
Après l'indépendance (1956), la FTCC et les ciné-bus développent leurs activités. Une tentative de « décolonisation du marché », sous l'impulsion de Tahar Cheriaa et Chedli Khlibi, se heurte au boycottage par les Majors, et le gouvernement doit reculer (1964-65). Les mêmes hommes créent, l'année suivante, les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), festival en principe biennal, qui a pour vocation de confronter les films arabo-africains, de rompre leur isolement et de faciliter échanges et coproductions. Les JCC s'assurent l'appui de l'Agence de coopération culturelle et technique (Paris), et sont relayées dans l'intervalle de leurs sessions par le FESPACO de Ouagadougou (Burkina Faso). Un complexe comprenant plateaux, studios et laboratoires, géré par la Société anonyme tunisienne de production et d'exploitation (SATPEC), est fondé à Gammarth en 1967, mais demeure pour longtemps très largement sous-utilisé. La production nationale est en effet freinée par l'absence de capitaux et par l'étroitesse du marché. Les films sont dus à des initiatives privées : cinéaste et, par la force des choses, producteur indépendant, Omar Khlifi tourne l'Aube en 1966, le Rebelle en 1968. Hamouda Ben Halima signe la même année Khlifa Lagraa (id.), film attachant et primitif qui sera sans lendemain, à l'exception d'un sketch du Pays de Taranani (autres épisodes par Ferid Boughedir, Hedi Ben Khelifa et Hatem Ben Milad, 1971). Boughedir, continuant la même veine, a réalisé Halfaouine (1990), film dans lequel il brosse un portrait pittoresque et chaleureux d'un quartier tunisois. L'aide de l'État demeure modeste. Ahmed al-Kechine, dont Sous la pluie de l'automne (Tahta matar al-khaif, 1970), produit par la SATPEC, n'est jamais exploité, se tait définitivement. Il en est de même pour plusieurs documentaristes, tel Ahmed Harzallah. Naceur al-Ktari, qui tourne en France un film accusateur du racisme, les Ambassadeurs (as-Sufara, 1976), ne peut poursuivre sa carrière. Tout comme la majorité des cinéastes tunisiens, il s'est dirigé vers la publicité.