JORY (Victor)
acteur américain (Dawson City, Alaska, 1902 - Santa Monica, Ca., 1982).
Victor Jory a joué (généralement les « vilains ») dans tant de films modestes et tant de westerns de routine que son nom est peu connu et qu'on ignore souvent l'acteur remarquable qu'il peut être. Ce fut très vite évident quand Max Reinhardt et William Dieterle le sortirent de la production courante pour faire de lui l'imposant et majestueux Oberon du Songe d'une nuit d'été (1935). En fait, ses meilleurs rôles lui sont proposés à partir de 1960 : le mari infirme et sadique d'Anna Magnani dans l'Homme à la peau de serpent (S. Lumet, 1960), le père douloureux et honnête de Miracle en Alabama (A. Penn, 1962), le chef indien agonisant des Cheyennes (J. Ford, 1964) et surtout le terrifiant juge Roy Bean dans Qui tire le premier ? (B. Boetticher, 1971 [RÉ : 1969]).
JOSELITO (José Jimenez Fernandez, dit)
acteur espagnol (Jaén 1946).
Le plus populaire des enfants prodiges apparus dans le sillon de Pablito Calvo, sur les écrans hispanophones (une cinquantaine de films espagnols en l'espace de quelques années). Joselito, lui, chante, au lieu de prier et de s'extasier aux pieds du Christ ; mais la concurrence en matière de bons sentiments reste serrée. Révélé avec El pequeño ruiseñor (A. del Amo, 1956), il tourne ensuite une douzaine de titres en neuf ans, dont deux au Mexique. Bâtard abandonné, au sang aristocratique, Joselito transmet dans ses films mélodramatiques une grande dévotion à la mère et le vieux poncif conformiste selon lequel l'argent ne fait pas le bonheur.
JOSEPHSON (Erland)
acteur et cinéaste suédois (Stockholm 1923).
Il débute sur scène en 1939 dans une compagnie théâtrale d'amateurs dirigée par Ingmar Bergman. Ainsi s'ébauche une longue collaboration amicale entre celui qui va devenir un grand cinéaste et celui qui va devenir l'un des plus célèbres acteurs de la scène et de l'écran suédois. Bergman lui demandera en effet de participer à plusieurs de ses films : Il pleut sur notre amour (1946), Vers la joie (1950), Au seuil de la vie (1958), le Visage (id. ; il est Abraham Egerman), l'Heure du loup (1968 ; rôle du baron von Merkens), Une passion (1969 ; rôle d'Elie Vergerus), Cris et Chuchotements (1972 ; rôle du docteur), Scènes de la vie conjugale (1973 ; rôle du mari), Face à face (1976), Sonate d'automne (1978) ; Après la répétition (1984). Il apparaît également dans Eva (G. Molander, 1948), les Filles (M. Zetterling, 1968), Au-delà du bien et du mal (L. Cavani, 1977 ; rôle de Nietzsche), Un juge en danger (D. Damiani, id.), Oublier Venise (F. Brusati, 1979), Monténégro / les Fantasmes de Mme Jordan (D. Makavejev, 1981), Bella Donna (Peter Keglevic, 1983) ; Nostalghia (A. Tarkovski, id.); ’Derrière les jalousies ’ (Bakom jalusin, Stig Bjorkman, 1985); ‘Une sale histoire ’ (J. Donner, id.), Amorosa (Zetterling, id.), le Sacrifice (A. Tarkovski, 1986), le Testament d'un poète juif assassiné (Frank Cassenti, 1988), Hanussen (I. Szabo, id.), Good Morning Mr Wallenberg (K. Grede, 1990) ; Prospero's Book (P. Greenaway, 1991) ; la Tentation de Venus (Szabo, id.) ; Oxen (S. Nykvist, id.) ; Sofie (L. Ullmann, 1992) ; le Regard d'Ulysse (T. Angelopoulos, 1995) ; Kristin Lavransdatter (Ullmann, id.) ; Infidèle, (id., 2000). Intendant général du Théâtre royal de Stockholm de 1966 à 1975, Erland Josephson s'est laissé tenter par la mise en scène de cinéma en cosignant avec Sven Nykvist et Ingrid Thulin : Un et un (En och en, 1978) et la Révolution des confitures (Marmeladu proret, 1980), où son humour prend pour cible les relations ambiguës et orageuses entre l'homme et la femme.
JOST (Jon)
cinéaste américain (Chicago, Ill., 1943).
Ce cinéaste indépendant est également un farouche représentant de la notion d'auteur : il réalise, produit, écrit et photographie tous ses films et même décore, met en musique et monte certains. Engagé, il a fait deux ans de prison plutôt que d'aller au Viêt Nam. Cette intransigeance artistique et idéologique s'exprime dans ses films depuis 1973. D'une production régulière et abondante (une quinzaine de longs métrages et une vingtaine de courts) qui mêle films de fiction et documentaires, on ne connaît en France qu'une partie infime : Sure Fire (id., 1990) fit partie d'un programme consacré au cinéma américain indépendant. Il s'agissait du second volet d'une grande saga à laquelle l'interprète principal, Tom Blair, sert de fil conducteur. Elle comprend également Last Chants for a Slow Dance (Dead End) [1977] et The Bed You Sleep in (1993). Révéré aux États-Unis, l'ensemble de son œuvre a été couronné par le prix John Cassavetes en 1992. En 1995, il réalise en Autriche les Ailes d'Albrecht (Albrechts Flügel).
JOUBE (Romuald)
acteur français (Mazères 1876 - Gisors 1949).
Sur la scène, il connaît une période glorieuse à l'Odéon sous la direction d'Antoine, qui, passé occasionnellement, un peu plus tard, à la mise en scène de cinéma, lui confie des premiers rôles dans les Travailleurs de la mer (1918) ou Mademoiselle de La Seiglière (1920). Acteur de tradition romantique, il paraît dès le début du Film d'Art dans de très nombreuses productions, mais aussi après la guerre dans des œuvres intéressantes de Fescourt (Mathias Sandorf, 1920 ; Rouletabille chez les Bohémiens, 1922), de Gance (J'accuse, 1919), de Raymond Bernard (le Miracle des loups, 1924). Le parlant l'oublie vite et à peu près totalement ; à peine l'aperçoit-on dans les Perles de la couronne (S. Guitry, 1937) et ses dernières apparitions dans Andorra ou les Hommes d'airain (Émile Couzinet, 1942) et dans le Chant de l'exilé (André Hugon, 1943) sont des plus mélancoliques.
JOUR.
Sur les documents de préparation du film ou sur les rapports destinés à l'étalonneur (et parfois sur la claquette), indication spécifiant que l'atmosphère visuelle recherchée est celle d'une scène éclairée par la lumière du jour.
JOURDAN (Louis Gendre, dit Louis)
acteur français (Marseille 1919).
Ancien élève de René Simon, il débute au cinéma en 1939. Il est un jeune premier romantique dans des films comme la Comédie du bonheur (M. L'Herbier, 1942 ; RÉ : 1939), l'Arlésienne (id.), les Petites du quai aux fleurs (1944), la Vie de bohème (L'Herbier, 1945 ; RÉ : 1943), Félicie Nanteuil (1945 ; RÉ : 1942) ; ces trois films sous la direction de Marc Allégret, avant de partir faire carrière aux États-Unis pour y tenir l'emploi classique de séducteur français. Il tourne quelques films importants et réussis : le Procès Paradine (A. Hitchcock, 1948 ; avec Charles Laughton et Alida Valli) ; Lettre d'une inconnue (Max Ophuls, id.) ; Madame Bovary (V. Minnelli, 1949) ; l'Oiseau de paradis (D. Daves, 1951) ; la Flibustière des Antilles (J. Tourneur, id.). Un retour en France, en 1952, lui permet de travailler avec Jacques Becker (Rue de l'Estrapade). La suite de sa carrière alterne entre des films américains (Gigi, V. Minnelli, 1958 ; Can-Can, W. Lang, 1960, deux « musicals ») et français (le Comte de Monte Cristo, C. Autant-Lara, 1961 ; Léviathan, L. Keigel, 1962 ; Mathias Sandorf, G. Lampin, id.) qui annonçaient une reconversion intéressante. Mais Louis Jourdan est reparti faire du théâtre et de la télévision aux États-Unis, délaissant le cinéma à de rares exceptions près (Silver Bears, I. Passer, 1977).