Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DALIO (Israël Blauschild, dit Marcel) (suite)

Ce personnage sera le sien dans des dizaines de films tournés tant en France qu'à Hollywood, où il s'exile pendant la guerre (sa famille est déportée par les nazis, il n'en retrouve aucun survivant en 1945), et où il fait plusieurs séjours après 1950. Barman, croupier, indicateur, trafiquant, veule ou cruel, il charrie les clichés d'une société occidentale au racisme parfaitement déterminé.

Il prend le contre-pied des mêmes clichés dans les deux films qu'il tourne sous la direction de Jean Renoir et qui marquent l'apogée de sa carrière. Il y gagne la popularité chaleureuse qui l'entoure depuis plus de quarante ans : dans la Grande Illusion (1937), il est Rosenthal, le « petit juif » qui s'évade avec Jean Gabin, et dans la Règle du jeu (1939), le marquis de La Chesnaye. Ce rôle inspiré (le seul premier rôle qu'il ait tenu dans une carrière très prolifique), génial dans certaines intuitions auxquelles Renoir a rendu hommage, dérange les milieux conservateurs. Ainsi, dans l'Action française, lit-on, sous la plume de Bardèche et Brasillach, cet éloge empoisonné : « [...] un Dalio étonnant, plus juif que jamais, à la fois attirant et sordide, comme un ibis bossu au milieu des marécages... Une autre odeur monte en lui du fond des âges, une autre race qui ne chasse pas, qui n'a pas de château, pour qui la Sologne n'est rien et qui regarde... ». Mais la Règle du jeu clôt la première carrière de Dalio en France.

Pendant la guerre, il tourne aux États-Unis tantôt dans des rôles de Français sympathiques : Frenchy Gérard dans le Port de l'angoisse (H. Hawks, 1944) aux côtés de Humphrey Bogart, qu'il avait déjà rencontré l'année précédente dans le légendaire Casablanca (M. Curtiz, 1943), tantôt dans ses emplois familiers : croupier dans Shanghai gesture (J. von Sternberg, 1941).

Dans les années 70, on voit Dalio dans des premiers films de jeunes cinéastes français, à qui il donne ainsi une caution à la fois intellectuelle et financière. Ainsi, des Yeux fermés (Joël Santoni, 1973), où il incarne un vieil homme démuni pathétique dans son acharnement à nier la réalité, ou de la Communion solennelle (R. Féret, 1977). Simultanément, il retrouve le chemin du théâtre sous la direction de Roger Planchon.

DALLE (Béatrice)

actrice française (Brest 1964).

Elle fait irruption dans le paysage cinématographique français avec le film de Jean-Jacques Beinex 37° 2 le matin (1985) qui la positionne sur le terrain de l'érotisme plus que sur celui de la tragédie. Après la Sorcière (M. Bellochio, 1988), Chimères (Claire Devers, 1989) et les Bois noirs (J. Deray, id.), son image évolue dans la Vengeance d'une femme (J. Doillon, 1990) et la séquence parisienne de Night on Earth (J. Jarmush, 1991). Ses rôles se répartissent ensuite entre les stéréotypes (la Fille de l'air, M. Bagdadi, 1992) et la création de personnages plus originaux (J'ai pas sommeil, 1994 ; Trouble Every Day, 2001, deux films de Claire Denis).

DALSACE (Gustave Chalot, dit Lucien)

acteur français (Chatou 1893 - L'Haÿ-les-Roses 1980).

De 1920 à 1929, il fixe l'image d'un homme probe, voué à la patrie et à l'honneur du drapeau. D'où ses rôles dans des cinéromans de René Leprince, Henri Desfontaines ou Gaston Ravel et dans des drames d'espionnage de Gaston Roudès. Comme le parlant, alors à ses débuts, le rebute, il fait carrière dans le négoce. En 1938 toutefois, il retourne pour trois ans au studio. Grâce à des rôles secondaires, il y retrouve les films d'espionnage : Deuxième Bureau contre Kommandantur (René Jayet et Robert Bibal, 1939) ; Patrouille blanche (Christian Chamborant, 1942).

D'AMBRA (Renato Eduardo Manganella, dit Lucio)

scénariste, cinéaste et producteur italien (Rome 1880 - id. 1939).

Surtout connu pour son activité de romancier, d'auteur dramatique, de critique théâtral et de biographe, Lucio D'Ambra s'est intéressé au cinéma d'abord comme scénariste avec I promessi sposi (Ugo Falena, 1916), puis comme metteur en scène. En 1916, il réalise avec Ivo Illuminati son film le plus célèbre, le Roi, les Tours et les Fous (Il Re, le torri, gli alfieri). À l'occasion de cette comédie sophistiquée, il met au point un genre qu'il développera dans les années suivantes, et c'est ainsi que naîtront des scénarios que mettront en scène Amleto Palermi, Carmine Gallone (ou Lucio D'Ambra lui-même). En 1919, il fonde sa propre maison de production, la D'Ambra Film. Deux ans plus tard, il abandonne le cinéma pour se consacrer à la littérature.

DAMIANI (Damiano)

cinéaste italien (Pasiano 1922).

Après des études de peinture à Milan, il débute en 1946 comme décorateur de Inquietudine (Vittorio Carpignano et Emilio Cordero) ; il écrit des scénarios pour Gianni Vernuccio et Leonardo De Mitri et dirige plusieurs documentaires. Sa première mise en scène, Jeux précoces (Il rossetto, 1960), est un efficace policier social écrit par Cesare Zavattini. Sa carrière de réalisateur le voue d'une part aux adaptations littéraires, hélas, plutôt impersonnelles : l'Île des amours interdites (L'isola di Arturo, 1961), d'après Elsa Morante ; l'Ennui (La noia, 1963), d'après Alberto Moravia ; La maffia fait la loi (Il giorno della civetta, 1968), d'après Leonardo Sciascia. Elle est, d'autre part, riche en œuvres populaires et spectaculaires : westerns sociaux (El Chuncho [Quien Sabe ?], 1967) ; mélodrames siciliens (La moglie più bella, 1970, où Damiani découvre Ornella Muti) ; thrillers de dénonciation (Confession d'un commissaire de police au procureur de la République [Confessione di un commissario di polizia al procuratore della Republica], 1971 ; Perché si uccide un magistrato, 1975 ; Un juge en danger [Io ho paura], 1977). En 1982 il tourne Amityville 2 / le Possédé (Amityville 2) aux États-Unis. Ses ambitions de critique politique — il s'en prend en effet à la corruption du régime italien — le rangent parmi les cinéastes les plus engagés de son pays, même si ces bons sujets ne produisent souvent que des films d'action sans style (Pizza Connection, 1985). Le meilleur reste La rimpatriata (1963), amère histoire d'un groupe d'anciens amis qui essaient de revivre leur passé. Dans les années 80, il réalise également des feuilletons télévisés dont le très populaire La Piovra (1984) et quelques films de médiocre relief (L'inchiesta, 1986 ; Gioco al massacro, 1990 ; Il sole buio, id. ; L'angelo con la pistola, 1991). On le retrouve plus tard avec deux films, Alex l'ariete (2000), l'histoire d'un jeune policier, et Assassini nei giorni di festa (2001).