SHAWQI (Farid)
acteur égyptien (v. 1925 - Le Caire 1998).
Ce « costaud », aux traits un peu lourds mais expressifs, reste une des figures marquantes du cinéma réaliste du Caire des années 50. Il est d'ailleurs un des acteurs favoris de Salah Abu Sayf, qui l'emploie à la fois dans des rôles romanesques (‘ le Faucon ’, 1950 ; ‘ Raya et Sekkina ’, 1953 ; ‘ Voleur en vacances ’, 1958) et pour incarner des personnages que le public ne s'attend certes pas alors à voir à l'écran. Ainsi Farid Shawqi est-il ‘ le Contremaître Hassan ’ (1952), puis le portefaix des halles du Caire dont la carrière éclaire sans ménagement les trafics de mandataires : le Costaud (1957). On retrouve Shawqi dans l'extraordinaire mélodrame d'Abu Sayf, Mort parmi les vivants (1960), et le cinéaste l'appelle encore pour ce qui est un de ses plus beaux films, aux côtés de Izzat al-Alahili, Le porteur d'eau est mort (1977). Autre rôle clé dans sa carrière, celui d'Abu Serih, le porteur de Gare centrale (Y. Chahin, 1958), qui se refuse à faire le jeu d'un syndicat marron ; il compose sans démagogie ce redresseur de torts, amant de la truculente Hind Rustum, protecteur du malheureux Kennawi, interprété par Chahin lui-même. Il jouera dans un autre film de Chahin, ‘ l'Appel des amants ’, aux côtés de Shukri Saran, en 1961. De 'Atif Salim on peut mentionner deux titres : ‘ Ils ont fait de moi un assassin ’ (1954), ‘ l'Ingrat ’ (1956), ainsi que ‘ Vacances d'été ’ (Ajazat saïf), de Sad Arafa (1966) et ‘ Une chatte sur un toit brûlant ’, de Samir Sayf (1977).
SHAYKH (Kamal al-)
cinéaste égyptien (Hellwan 1919).
Chef monteur, il tourne son premier film en 1951 (‘ la Maison no 13 ’ [al Mauzil raqm thalathata ‘ ashar], 1952) et sa carrière se poursuit plus de trente ans d'une manière régulière, avec une prédilection pour les films policiers (‘ le Voleur et les Chiens ’ [al-Liṣṣ wa al-kilab], 1962). Le manque de rigueur des scénarios gâche ses meilleurs thèmes, tel celui de ‘ la Dernière Nuit ’ (al-layla al-akhira, 1963) : une femme, Fatin Ħamama, plongée dans un sommeil de quinze années, se réveille privée de mémoire. Deux titres justifient la notoriété dont jouit cet honnête artisan : l'Homme qui perdit son ombre (al-Ragul al-ladhi faqada zillahu, 1968) et Miramar (1969). Kamal al-Shinnawi interprète très bien ce politicien qui efface les traces de son passé à mesure qu'il s'approche du pouvoir, préfigurant les hommes de l'ombre du Moineau de Chahin, ou ‘ les Coupables ’ de Sa‘ id Marzuq. À partir d'un scénario plus solide, d'après Nagib Mahgu, le huis clos d'une pension de famille, qui donne son titre au film, met en conflit un monde vivant de concessions et qui se survit par compromissions successives. Sarcastique à souhait, le film délivre un scepticisme dont Shaykh ne s'est jamais départi.
Il a presque toujours bien choisi et conduit ses acteurs : ‘ les Saboteurs ’ (al-Mukharribun, 1965) avec Lubna ‘ Abd al- ’ Aziz et Aḥmad Mahar ; ‘ Aube et Crépuscule ’ (Ghurub wa shuruq, 1970) avec Su'ad Ḥusni et Miligi ; ‘ le Profond Secret ’ (Shay ‘ un fi sadri, 1971) avec Sukri Saran et Magda al-Khaıb ; ‘ le Paon ’ (al-Taus, 1982) avec Nur al-Sharif. ‘ Le Conquérant du temps ’ (1987) ouvre une nouvelle étape thématique dans sa carrière : la recherche de l'absolu religieux.
SHEARER (Edith Norma Shearer, dite Norma)
actrice américaine d'origine canadienne (Montréal [Westmount], Québec, 1900 - Woodland Hills, Ca., 1983).
Quand son père fait faillite pendant la Première Guerre mondiale, Norma, sa mère et sa sœur vont chercher fortune à New York. Prix de beauté à quatorze ans, Norma devient modèle publicitaire et obtient quelques emplois comme figurante au cinéma dès 1920. Remarquée par le jeune Irving Thalberg, elle est engagée en 1923 quand se crée la MGM. Elle épouse Thalberg en 1927 et celui-ci décide de suivre de très près la carrière de sa femme. Tout en n'étant ni la meilleure actrice ni la plus belle du studio, elle avait une élégance distinguée qui en fit, par excellence, la vedette du « faux style anglais » de la MGM, et une star de prestige surnommée la « First Lady » de l'écran. À la fin du muet et au début du parlant, on la voit dans de nombreux mélodrames de salon où elle incarne une belle émancipée, courant d'un homme à l'autre, avant de succomber dans les bras d'un seul et de rentrer dans le rang (la Fin de Mme Cheyney, S. Franklin, 1929 ; la Divorcée, R. Z. Leonard, 1930, qui lui valut un Oscar). Après avoir prouvé dans Âmes libres (C. Brown, 1931) qu'elle peut renouveler son personnage par une certaine sensualité, elle trouve la consécration dans Chagrins d'amour (Franklin, 1932). Dans ce beau film sentimental embaumé de thé et de lavande à l'anglaise, elle impose avec éclat, dans un double rôle, son personnage « victorien ». Thalberg veilla constamment à lui assurer une diversité de rôles et de genres, pour lui éviter d'être cantonnée dans des emplois trop répétitifs. En tant qu'épouse de Thalberg, elle jouit à la MGM d'une liberté peu commune : elle peut choisir ses sujets, ses partenaires, ses metteurs en scène, et même prendre de longues vacances à son gré. En 1934, elle incarne la poétesse Elizabeth Barrett Browning dans le triomphal Miss Barrett (Franklin, 1934) et, avec moins de succès, une femme moderne tiraillée entre un mari et un amant dans Riptide (E. Goulding, id.). On n'épargna rien pour le spectaculaire Roméo et Juliette (G. Cukor, 1936), où elle se tirait adroitement d'un rôle trop jeune pour elle. Seule, après la mort de Thalberg, elle accumule les erreurs dans le choix de ses rôles (elle refusa de jouer Scarlet O'Hara dans Autant en emporte le vent et Mrs. Miniver). Elle connaît une courte retraite et revient à l'écran dans Marie-Antoinette (W. S. Van Dyke, 1938), une de ses meilleures créations. La Ronde des pantins (Brown, 1939) fut un succès modeste. Escape (M. LeRoy, 1940) fut plus populaire. Mais Her Cardboard Lover (Cukor, 1942) et We Were Dancing (Leonard, id.) furent des échecs. Elle se retira donc en pleine beauté, se remaria en 1942 avec un moniteur de ski, mais continua à garder à la MGM une considérable influence occulte.