actrice américaine (Fort Wayne, Ind., 1909 - Las Vegas, Nev., 1942).
Carole Lombard n'a que treize ans quand Alan Dwan la remarque dans la rue et la choisit pour un rôle important de A Perfect Crime (1921). Après avoir manqué d'être la vedette de la Ruée vers l'or de Chaplin, elle obtient un contrat à la Fox. Mais on ne sait qu'en faire la partenaire sans personnalité de diverses vedettes de western. Après un engagement pour des courts métrages chez Mack Sennett, où probablement elle apprend cette parfaite maîtrise de la comédie qui allait être la sienne, elle passe d'un studio à l'autre, imposant son nom, parfois calligraphié Carol, mais sans vraiment s'affirmer au regard des spectateurs. Après son succès dans Safety in Numbers (Victor Schertzinger, 1930), la Paramount la prend sous son aile. Elle a droit au traitement de star, mais les producteurs ne manifestent guère d'invention dans leur manière de la distribuer en vamp sensuelle ou fatale. Il en sera ainsi jusqu'en 1934. Quelques films viennent occasionnellement annoncer ce qu'elle avait d'unique : son tempo de comédie dans Un mauvais garçon (Wesley Ruggles, 1932), où elle avait comme partenaire son futur mari Clark Gable, ou son mystère dans sa brève apparition dans l'Aigle et le Vautour (Stuart Walker, Mitchell Leisen CO Stuart Walker, 1933).
Mais Carole Lombard valait beaucoup mieux que cela. Elle était très belle, d'une beauté régulière et harmonieuse ; elle portait la toilette à merveille ; et surtout, dans la comédie, elle était incandescente. Elle offrait un contraste décapant entre sa beauté de grande dame et son naturel irrésistible et volontiers familier. Howard Hawks avait perçu cela et il le mit exactement en valeur en la choisissant pour être Lily Garland, tempêtueuse comédienne, dans le trépidant Train de luxe (1934), où elle éclipse un John Barrymore pourtant survolté. Dès lors, sa carrière se développe harmonieusement et n'offre que fort peu de scories. Elle est la seule actrice de comédie qui ait approché du mythe. La manucure ambitieuse de Jeux de mains (Leisen, 1935), l'héritière toquée amoureuse d'un clochard de My Man Godfrey (G. La Cava, 1936, avec William Powell qui avait été son mari), la mythomane compulsive de la Folle Confession (W. Ruggles, 1937), la victime de la publicité de la Joyeuse Suicidée (W. A. Wellman, id.), la bourgeoise capricieuse de Joies matrimoniales (A. Hitchcock, 1941) ou l'actrice volage de l'excellent To Be or Not To Be (E. Lubitsch, 1942) sont autant de personnages touchés par sa grâce. Le verbe rapide, la malice jusqu'au bout des ongles, un mélange unique de classe et de naturel... À chacune de ses créations comiques, elle donnait la technique sans faille du professionnel et la part d'imprévu de la poésie. Parallèlement, elle aborde aussi des rôles légèrement dramatiques qu'elle maîtrise avec une parfaite science des nuances. Dans Swing High, Swing Low (Leisen, 1937), elle se révèle une très grande actrice de mélodrame. Elle le confirme dans deux classiques du genre : le Lien sacré (1939) et l'Autre (id.), sous la direction de John Cromwell. Elle apportait au mélodrame un refus de la mièvrerie et une vitalité qu'il faut lier à la philosophie rooseveltienne dont elle fut la contemporaine. Dans Drôle de mariage (G. Kanin, 1940), elle réussit même à surmonter la difficulté d'un rôle qui lui demandait une certaine vulgarité, pour y trouver un de ses personnages les plus réussis.
Quand elle meurt en 1942, dans un accident d'avion près de Las Vegas, elle laisse vacante la place d'une grande actrice de comédie. Un film de Sidney J. Furie interprété en 1976 par Jill Clayburgh et James Brolin, Gable and Lombard, évoque son idylle avec le célèbre séducteur.