Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

AUTRICHE. (suite)

On découvre alors : Valie Export, réalisatrice venue du cinéma expérimental (Adversaires invisibles [Unsichtbare Gegner], 1977), Franz Novotny, également issu de l'avant-garde avec Exit-nur keine Panik (1980), le canadien John Cook avec (la Lenteur de l'été [Langsammer Sommer], 1977) et l'Étuve (Schwitzkasten, 1981), Peter Patzak avec Kassbach (1978), Titus Leber avec Schubert (Feind bin ich eingezogen, 1977) et Anima (1981), l'acteur passé à la réalisation Maximilian Schell* avec Geschichten aus dem Wiener Wald (Histoires de la forêt viennoise, 1979).

Le renforcement des aides publiques, à partir de 1980, et l'implication de la télévision ont favorisé l'affirmation du talent de personnalités déjà expérimentées : Axel Corti* et sa trilogie Welcome in Vienna (1981-86), Christian Berger (Raffl, 1984, Hanna en mer [Hanna Monster Liebling], 1989) par ailleurs chef-opérateur réputé, ou Michael Haneke, qui après une carrière à la télévision a réalisé trois films exceptionnels : le Septième Continent (Der siebente Kontinent, 1988), Benny's video (1992) et 71 fragments d'une chronologie du hasard (71 fragments einer Chronologie des Zufalls, 1994). Des cinéastes plus jeunes se sont révélés, comme Milan Dor : Malambo (1984), Pink Palace, Paradise Beach, 1990 ; Maria Knilli : Lieber Karl (1981), Follow me (1988) ; Wolfram Paulus : Heidenlöcher (1986), (les Enfants de chœur [Die Ministranten], 1990 (Tu me rendras fou [Du bringst mich noch um], 1994) ; l'acteur-réalisateur Paulus Manker : Schmutz (1985) (la Nuit de Weininger [Weiningers Nacht], 1989 (l'Œil du typhon [Das Auge des Taifin], 1993) ; Andreas Gruber : Shalom General (1989), Hasenjagd [l'Espace de la grâce], 1994). En 2001, la Pianiste de Michael Haneke remporte le prix d'interprétation masculine et le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes.

AUTRY (Gene)

acteur américain (Tioga, Tex., 1907 - Studio City, Ca., 1998).

Lancé par Will Rogers, ce cow-boy chantant, de 1934 à 1954, galope sur son cheval Champion pour Republic ou Columbia. Prude, chevaleresque et bien mis, il incarne sa propre personne, figure artificielle et mièvre, dans des westerns indifférents au lieu et à l'époque : Colorado Sunset (G. Sherman, 1939), Melody Ranch (Joseph Santley, 1940), Blue Canadian Rockies (George Archainbaud, 1952), etc. De 1937 à 1942, il occupe les premières places au box-office (il fait partie des dix top moneymakers), avant d'être plus ou moins supplanté par son rival Roy Rogers.

AUVI-NON-STOP.

Nom de marque d'un dérouleur sans fin, de grande capacité, pour appareil de projection. ( PROJECTION.)

AVAILABLE LIGHT (« lumière disponible »).

Locution anglaise pour lumière naturelle.

AVAKIAN (Aram)

cinéaste et monteur américain (New York, N. Y., 1926 - id. 1987).

Après des études à Yale et à la Sorbonne, il travaille comme monteur à la télévision américaine puis au cinéma. Il a une prédilection pour le montage fragmenté, sophistiqué, au point d'avoir sans doute influencé le style de certains films auxquels il a collaboré. En effet, Lilith (R. Rossen, 1964), Mickey One (A. Penn, 1965), Big Boy (F. F. Coppola, 1967) se distinguent des autres films de leurs auteurs par un rythme visuel très particulier. Les caractéristiques d'Aram Avakian comme monteur se retrouvent dans le premier film qu'il a dirigé, Au bout du chemin (End of the Road, 1970), d'après le roman de John Barth. Moins personnelles sans être plus réussies se révèlent ses œuvres suivantes, Flics et Voyous (Cops and Robbers, 1973) et Fric-Frac rue des Diams (11, Harrowhouse, 1974).

AVANCE SUR RECETTES.

L'avance sur recettes constitue l'élément majeur de l'aide sélective à la production de films français.

Comme sa dénomination l'indique, le mécanisme de l'avance sur recettes mis en place en 1953 consiste à avancer des fonds pour la production des films retenus, le remboursement devant s'effectuer par prélèvement d'un pourcentage convenu des recettes réalisées par les films quand ils sont mis en exploitation. Si les recettes sont insuffisantes pour assurer un remboursement complet, la fraction non remboursée de l'avance reste acquise au producteur. Les avances sont versées par le CNC sur les crédits du Compte de soutien, également abondés par le budget général de l'État depuis 1982.

L'octroi des avances est décidé par le ministre de la Culture après avis d'une commission dont il désigne les membres titulaires. Depuis 1953, la procédure d'avance sur recettes s'est considérablement affinée. La commission est composée de deux collèges : l'un examine les projets de premiers films, le second se prononce sur les autres projets. Les collèges peuvent accorder une aide à la réécriture des scénarios. Quarante à cinquante films par an sont produits grâce à l'avance sur recettes.

AVANT-GARDE.

Historiens et théoriciens du cinéma désignent sous ce nom des réalités différentes : la première avant-garde est l'école française des années 20, soit un courant esthétiquement novateur au sein d'un cinéma commercial ; la deuxième et la troisième avant-gardes sont internationales ; elles produisent un cinéma expérimental, marginal, étranger aux structures du cinéma industriel.

La première avant-garde

(1920-1925) a reçu d'Henri Langlois l'appellation d'impressionnisme français, qui traduit excellemment le goût du plein air, la touche divisionniste, les jeux de lumière et d'ombre ainsi que le poudroiement kaléidoscopique des images de cette école. Celle-ci rêve d'abord (essentiellement avec Abel Gance) de faire du cinéma un art radicalement neuf, un langage visuel planétaire destiné aux masses et préparant une civilisation nouvelle, puis elle se replie sur un compromis : ménager le grand public et le commerce du film sans capituler sur le plan de l'invention artistique. René Clair le dit : « La principale tâche du réalisateur consiste à introduire, par une sorte de ruse, le plus grand nombre de thèmes purement visuels dans un scénario fait pour contenter tout le monde. » Marcel L'Herbier, Abel Gance, Louis Delluc, Germaine Dulac, Jean Epstein explorent systématiquement, parfois avec un réel génie, toutes les possibilités visuelles, symboliques, dramatiques, rythmiques du film en direction de la photogénie (la subjectivité rendue visible), d'une poésie d'esthète et de la musique silencieuse. On leur a reproché leur mépris du sujet et leur mépris du public (en fait, ils croient souvent très fort en leurs scénarios grandiloquents ou puérils), leur esprit bourgeois, leur obsession de la littérature, leur indifférence aux réalités sociales du moment. Gance par sa démesure, Delluc par son américanisme, Clair par son populisme ironique restent ceux qui ont le mieux su concilier qualité artistique et audience universelle.