PRINCIPE DU CINÉMA. (suite)
Parallèlement à ce qui précède, il faut un certain temps au mécanisme de la vision pour interpréter le contenu de l'image formée sur la rétine. En conséquence, si l'on présente à l'œil, à un rythme excédant sa capacité de les interpréter, une série d'images fixes représentant les phases successives du mouvement, tout se passe pour l'œil comme s'il observait une image animée.
Ce second phénomène peut être observé indépendamment de la persistance rétinienne en employant deux appareils de projection (l'un projetant les images paires, l'autre les images impaires) fonctionnant en fondu enchaîné de façon que l'éclairement de l'écran soit continu. L'illusion du mouvement apparaît alors, pour les mouvements lents, dès que la cadence atteint 7 à 8 images par seconde.
La cadence d'environ 16 images par seconde utilisée au temps du muet suffit à dissimuler l'alternance d'éclairement et d'obscurité de l'écran, et à dissimuler que l'on présente à l'œil des vues fixes. Le passage à 24 images par seconde, lors de l'avènement du cinéma sonore, améliora la restitution des mouvements rapides, qui demeuraient quelque peu saccadés à la cadence du muet.
Le scintillement.
À la cadence d'une douzaine d'impulsions lumineuses par seconde évoquée précédemment, s'il ne perçoit plus individuellement chaque phase d'obscurité, l'œil se rend compte encore que l'éclairement de l'écran n'est pas vraiment continu : c'est la sensation de scintillement. Pour faire raisonnablement disparaître cette sensation, il faut élever la cadence, et ce d'autant plus que l'éclairement de l'écran est fort. En pratique, il faut au moins une cinquantaine d'impulsions par seconde.
Or la cadence de projection est seulement de 24 images par seconde. Heureusement, on sait réaliser des mécanismes d'avance intermittente du film tels que cette avance n'occupe qu'une faible fraction (usuellement : un quart) du cycle complet d'avance et d'immobilisation. En introduisant une obturation supplémentaire au milieu de la phase d'immobilisation, on obtient deux impulsions lumineuses par image, soit 48 par seconde, ce qui évite généralement le scintillement. Cette obturation supplémentaire est créée par un obturateur à double pale, ou parfois par un obturateur à simple pale effectuant deux tours par image. À l'époque du muet, un obturateur à triple pale introduisait deux obturations supplémentaires pendant la phase d'immobilisation, d'où, là aussi, 48 impulsions par seconde. (Au tout début du cinéma, l'éclairement de l'écran était assez faible pour que le scintillement soit peu gênant même en l'absence d'obturations supplémentaires.)