BETTY BOOP.
Héroïne de dessins animés créée en 1932 par Max et Dave Fleischer pour le tout premier talkartoons de la Paramount, à l'aube du parlant, elle fut pendant la Dépression la star incontestée de l'animation avec Popeye. Née avec Koko le Clown et le chien Bimbo, elle symbolisait la flapper à poitrine plate, mêlant sarcastiquement Louise Brooks, Clara Bow, Ruby Keeler et Joan Crawford. On lui prêta, parodiée par Mae Questel, la voix de Helen Kane, la boop a doop girl. Mimétique, elle chantait avec Cab Calloway et Louis Armstrong, dansait le hulé, imitait Mae West et Maurice Chevalier. Mais cette créature suggestive et érotique, qui se mêlait aux bébés, aux grandpapas lubriques et aux petits chiens, scandalisait l'Amérique du Hays Office. Après avoir été modifiée, banalisée, elle fut finalement censurée en 1935 et les frères Fleischer s'en tinrent à Popeye.
BEUCHOT (Pierre)
cinéaste français (Les Pavillons-sous-Bois 1938).
Il débute dans le cinéma en 1964 en tant qu'assistant réalisateur. Il collabore ainsi à une vingtaine de films auprès de cinéastes tels que Jean-Daniel Pollet, Georges Rouquier, Jean-Paul Rappeneau, André Téchiné, Alexandre Astruc, etc. Parallèlement, il s'essaye à la réalisation dès 1968, avec Paul Nizan, le prix d'une révolte : bien que commandité par l'ORTF, ce film ne sera jamais diffusé et reste inédit à ce jour. Sa carrière de réalisateur s'inscrit avant tout dans le genre documentaire. Son œuvre se caractérise par une forte empreinte littéraire, laquelle se traduit tout d'abord par la réalisation de différents portraits d'hommes de lettres : Stig Dagerman (1989), Robert Walser (1997), Léopold Sédar Senghor, entre deux mondes (1997), Francis Ponge (1999), ou encore Sade en procès (1999). D'ailleurs, dans nombre de ses autres films, on retrouve cette culture de prédilection dans la construction même de ses sujets. Ainsi, il conçoit Cézanne par Rilke (1983), sur la base des écrits de l'écrivain à propos de l'exposition des œuvres du peintre néoréaliste au Salon d'automne de 1907. Lascaux par Georges Bataille (1981) nous présente les fresques préhistoriques à travers un texte du grand écrivain. Le Temps détruit (1985) raconte la « drôle de guerre » à travers les lettres de trois soldats. La Seconde Guerre mondiale, un autre des sujets qu'il privilégie, est au cœur de quatre de ses films : le Printemps de l'Elbe (1995), Hôtel du Parc (1992) et Les temps obscurs sont toujours là (1998) – une fiction et un documentaire sur la collaboration –, et enfin Compagnons secrets (1996), une fiction mettant en scène des personnages de résistants. Parmi les autres films de fiction qu'il signe au cours de sa carrière, mentionnons Requiem (1972), le Monde désert (1984), et surtout Aventure de Catherine C. (1990) avec Fanny Ardant, récompensé au Festival de Saint Sébastien.
BEVILACQUA (Alberto)
cinéaste, scénariste et écrivain italien (Parme 1934).
Il collabore aux scénarios de films fantastiques et comiques : Terrore nello spazio (M. Bava, 1965), Anastasia mio fratello (Steno [pseudonyme de Stefano Vanzina], 1973). Ses deux premiers films en tant que metteur en scène sont tirés de ses romans à succès : La califfa (1971) et Questa specie d'amore (1972), deux drames d'amour sur toile de fond politique. Attenti al buffone ! (1975) est une parabole grotesque sur la lutte des classes, efficacement interprétée par Nino Manfredi. Le rose di Danzica (1979) se voulait film historique aux ambitions viscontiennes. Il tourne en 1985 La donna della meraviglie.
BEYDTS (Louis)
musicien français (Bordeaux 1895 - id. 1953).
Élève de André Messager et Reynaldo Hahn, il s'inspire du premier pour la partition de Deburau, de Sacha Guitry (1951), avec qui il collabore dès son Pasteur (1935), année où il signe aussi la musique de la Kermesse héroïque de Jacques Feyder. Il garde le goût des films en costumes, pour lesquels l'élégance parodique ou dramatique de son talent sait convenir : Pontcarral, colonel d'Empire (J. Delannoy, 1942), le Colonel Chabert (René Le Hénaff, id.), le Diable boiteux (S. Guitry, 1948), etc. Citons encore, avec Feyder, la Loi du Nord (1942), la Dame de Malacca de Marc Allégret (1937), Les miracles n'ont lieu qu'une fois de Yves Allégret (1951), même s'il y fait également preuve de plus de professionnalisme que de personnalité.
BEYER (Frank)
cinéaste allemand (Nobitz 1932).
Il étudie l'art de la mise en scène à l'école du cinéma de Prague à partir de 1952. Assistant d'Hans Müller et de Kurt Maetzig, il signe en 1957 son premier long métrage Zwei Mütter, qui est son diplôme de fin d'études. Très marqué par la guerre, le nazisme, les camps de concentration, il s'impose peu à peu comme l'un des cinéastes les plus personnels de la République démocratique allemande et réalise notamment : Fünf Patronenhülsen (1960), Königskinder (1962), Nu parmi les loups (Nackt unter Wölfen, 1963), Karbid und Sauerampfer (1964), la Trace des pierres (Spur der Steine, 1966), interdit à sa sortie et diffusé seulement en 1990, Rottenknechte (1970), Die Sieben Affären der Doña Juanita (1973), Jacob le Menteur (Jakob der Lügner, 1975) d'après le roman de Jurek Becker, Das Versteck (1977), Geschlossene Gesellschaft (1978), Der Aufenthalt (1982), Bockshorn (1984), l'Effraction / le Casse (Der Bruch, 1988), le Soupçon (Der Verdacht, 1991), le Dernier Sous-marin (Das letzte U-Boot, 1993). Après la chute du Mur de Berlin, il réalise plusieurs téléfilms, dont un sur les conséquences de la réunification (Das grosse Fest, 1992) et signe en 1996 Nicolaikirche.
BEYZAI (Bahram)
cinéaste et dramaturge iranien (Téhéran 1938).
Après des études de lettres, il enseigne aux Beaux-Arts de Téhéran. Il réalise quelques courts métrages dont le Voyage (Safar, 1972). L'Averse (Ragbar, 1972), son premier long métrage, est remarqué pour le portrait d'un instituteur extérieur au milieu où il exerce ; ce film exprime déjà le thème essentiel de l'Étranger et le Brouillard (Gharibeh va meh, 1974), œuvre très influencée par le cinéma de Mizoguchi et de Kurosawa. L'incommunicabilité, la poésie métaphorique des légendes et une esthétique parfois appuyée caractérisent une œuvre qui, dans le Corbeau (Kalagh, 1977), recherche d'identité un peu proustienne, ou l'Averse, peut faire preuve d'intimisme. La Ballade de Tara (Taraneh Tara, 1979) est suivie par la Mort de Yazdgerd (Margué Yazdagerd, 1980), retenue, semble-t-il, par la censure à cause de son prétexte historique. En 1985, Beyzai tourne Bashu le petit étranger (Bashu, gharibe-ye kutchek) en 1988 Un autre temps peut-être (Shayao Vaghti digar) en 1992 les Voyageurs (Mosaferan), et en 2000 Tuer le chien (Sag-Khoshee).