Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SIEGEL (Donald, dit Don) (suite)

En 1956, Siegel réalise l'Invasion des profanateurs de sépultures, classique de la science-fiction « paranoïaque » des années 50. Le succès critique et commercial de ce film, et de diverses autres de ses productions « B », lui permet alors de travailler sur des budgets plus confortables, avec des interprètes convenant à son tempérament : Lee Marvin, Steve McQueen, Richard Widmark et Clint Eastwood (dont il modèlera, pour une part, le personnage).

Adepte d'une violence teintée d'humour narquois, Siegel laisse s'épancher, dans ses derniers films, une subtile mélancolie, et signera, notamment, avec le Dernier des géants, un bel hommage à John Wayne et à l'âge d'or du western.

Films  :

Star in the Night (CM, 1945) ; Hitler Lives (CM, 1946) ; The Verdict (id.) ; Night Unto Night (1949) ; ça commence à Vera Cruz (The Big Steal, id.) ; Duel sans merci (Duel at Silver Creek, 1952) ; No Time for Flowers (1953) ; Count the Hours (id.) ; China Venture (id.) ; les Révoltés de la cellule 11 (Riot in Cell Block 11, 1954) ; Ici brigade criminelle (Private Hell 36, id.) ; An Annapolis Story (1955) ; l'Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers, 1956) ; Face au crime (Crime in the Streets, id.) ; l'Ennemi public (Baby Face Nelson, 1957) ; Flamenco (Spanish Affair, 1958) ; The Line-up (id.) ; The Gun Runners (id.) ; Hound Dog Man (1959) ; le Secret du grand canyon (Edge of Eternity, id.) ; les Rôdeurs de la plaine (Flaming Star, 1960) ; L'enfer est pour les héros (Hell Is for Heroes, 1962) ; À bout portant (The Killers, téléfilm, 1964) ; le Prix d'un meurtre (The Hanged Man, TV, 1965) ; l'Homme en fuite (Stranger on the Run, TV, 1967), Un shérif à New York (Coogan's Bluff, 1968) ; Police sur la ville (Madigan, id.) ; Une poignée de plomb (Death of a Gunfighter, CO Robert Totten, sous le pseudonyme collectif d'Allen Smithee, 1969) ; Sierra torride (Two Mules for Sister Sara, 1970) ; les Proies (The Beguiled, 1971) ; l'Inspecteur Harry (Dirty Harry, id.) ; Tuez Charley Varrick (Charley Varrick, 1973) ; Contre une poignée de diamants (The Black Windmill, 1974) ; le Dernier des géants (The Shootist, 1976) ; Un espion de trop (Telefon, 1977) ; l'Évadé d'Alcatraz (Escape from Alcatraz, 1979) ; Le lion sort ses griffes (Rough Cut, 1980) ; la Flambeuse de Las Vegas (Jinxed, 1982).

On l'a vu comme acteur notamment dans le Secret du grand canyon, Tuez Charley Varrick, l'Évadé d'Alcatraz, Un frisson dans la nuit (C. Eastwood, 1971), l'Invasion des profanateurs (P. Kaufman, 1978).

SIEGEL (Sol C.)

producteur américain (New York, N. Y., 1903 - Los Angeles, Ca., 1982).

Ancien journaliste, diplômé de l'université Columbia (N. Y.), puis engagé dans l'administration des studios Republic en 1934, Sol C. Siegel supervise de nombreux westerns avec Gene Autry et John Wayne, au début de sa carrière. À partir de 1940, il est producteur successivement à la Paramount, à la 20th Century Fox, puis à la MGM, dont il devient vice-président en 1958 à la place de Dore Schary. Sans être un producteur au talent exceptionnel, il a cependant laissé toute liberté à des réalisateurs comme Mankiewicz, Hawks, Kazan, Cukor, Minnelli... On lui doit notamment de très bons films : Chaînes conjugales (J. L. Mankiewicz, 1949), Allez coucher ailleurs (H. Hawks, id.), Chérie, je me sens rajeunir (id., 1952) et Les hommes préfèrent les blondes (id., 1953), Panique dans la rue (E. Kazan, 1950), les Girls (G. Cukor, 1957), Comme un torrent (V. Minnelli, 1959). Intéressante aussi est sa contribution modeste, mais efficace, au genre du policier noir à dimension quasi documentaire, avec des films de Robert Siodmak (la Proie, 1948), Henry Hathaway (Quatorze Heures, 1951) ou Richard Brooks (Bas les masques, 1952). Il devient producteur indépendant dans les années 60 et cesse toute activité en 1968.

SIGHT AND SOUND.

Revue de cinéma britannique fondée en 1952. Émanation du remarquable British Film Institute, Sight and Sound est certainement la grande revue de cinéma en langue anglaise. Dirigée pour la plus longue partie de son existence par Penelope Houston, elle a toujours fait montre d'un inattaquable sérieux et, souvent, d'une clairvoyance aiguë. D'une grande générosité de vues et peu sujette au dogmatisme, elle a traité avec compréhension à peu près tous les genres et tous les cinéastes. D'une très abondante équipe rédactionnelle, renouvelée souvent au fil des années, on retiendra le passage de Lindsay Anderson, futur cinéaste, qui y signa des textes définitifs.

SIGNORET (Marius Augustin Signoret, dit Gabriel)

acteur français (Marseille 1872 - id. 1937).

Acteur de théâtre réputé, le cinéma sait rapidement utiliser son goût pour la composition et son art du grime. René Leprince, Camille de Morlhon, René Hervil et Louis Mercanton le font abondamment tourner. Germaine Dulac (la Cigarette, 1919), Louis Delluc (le Silence, 1920), Jacques de Baroncelli (le Père Goriot, 1921), Marcel L'Herbier (Prométhée banquier, 1922) lui offrent ses meilleurs rôles. Il poursuit avec de grands seconds rôles sa carrière marquée, entre autres, par sa double interprétation dans les Hommes nouveaux (L'Herbier, 1936), par le personnage burlesque du père Soupe dans Messieurs les Ronds-de-Cuir (Yves Mirande, id.) et par le commissaire de Arsène Lupin, détective (H. Diamant-Berger, 1937).

SIGNORET (Simone Kaminker, dite Simone)

actrice française (Wiesbaden, Allemagne, 1921 - Autheuil-Authouillet 1985).

« Je suis née (...) un soir de mars 1941 sur une banquette du Café de Flore »... La première rencontre, décisive, en effet, dans une vie que ni le milieu familial bourgeois ni l'éducation classique reçue à Neuilly ne semblent destiner aux planches, c'est à vingt ans celle d'amis chaleureux issus du fameux groupe Octobre. Grâce à eux, elle obtient durant l'Occupation — et en dépit de son ascendance demi-juive qui l'oblige à changer de nom — quelques emplois de figuration dans une dizaine de films, parmi lesquels les Visiteurs du soir (M. Carné, 1942) et Adieu... Léonard ! (P. Prévert, 1943). La seconde est celle d'Yves Allégret, alors jeune réalisateur inconnu, dont elle partage la vie durant six ans et qui lui confie ses premiers rôles importants, dans les Démons de l'aube (1946) qui la font remarquer, puis dans les rôles principaux de Dédée d'Anvers (1948, une fille à matelots veule et fataliste) et Manèges (1950, l'épouse calculatrice et amorale de Bernard Blier). Elle semble, à trente ans, condamnée aux rôles de prostituées et de garces et c'est encore cette image qu'exploite avec une élégante ironie Max Ophuls dans la Ronde (id.) ou que détourne avec tendresse Jacques Becker dans un des plus beaux fleurons du cinéma français : Casque d'or (1952), où Simone Signoret, frémissante d'amour, de vie et de noblesse, trouve aux côtés de Serge Reggiani la plus belle création de sa carrière.