FUTURISME. (suite)
L'apport direct des futuristes au cinéma ne va guère plus loin. Certes, Prampolini fait les décors de Thaïs (1916) de Bragaglia ; Russolo compose une musique bruitiste pour la Marche des machines de Deslaw ; des films comme Velocità (Vitesse) de Cordero, Martina et Oriani (1931) ou La gazza ladra (la Pie voleuse) de Corrado D'Errico (1935) ont pu être rattachés au mouvement ; Marinetti, qui remet à jour en 1938 avec Ginna le manifeste de 1916, émet dans plusieurs textes des propositions qui annoncent le « cinéma élargi ». C'est peu. L'essentiel est plutôt dans l'état d'esprit futuriste, dans cette témérité joyeuse, ne dédaignant pas la provocation (« se mouvoir violemment, de façon insolite, neuve », écrivent dès 1911 les frères Corradini), qui sera l'un des ressorts les plus constants du cinéma expérimental.
On considère habituellement comme futuriste Drama v kabare futuristov no 13 (Drame au cabaret futuriste no 13), puisque réalisé par Kassianov avec le groupe « la Queue de l'âne » formé des peintres Larionov et Gontcharova et des poètes Maïakovski, Bourliouk et Cherchenevitch, tous futuristes, mais cette parodie de film policier témoigne moins de la présence futuriste en Russie que les textes de Maïakovski sur le cinéma ou que l'œuvre de Vertov.