Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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JACQUOT (Benoît)

cinéaste français (Paris 1947).

Assistant (notamment de Marguerite Duras) et réalisateur pour l'INA (Télévision, sur Jacques Lacan), ce cinéaste exigeant, difficile, très axé sur l'approche analytique, réalise l'Assassin musicien (1976) puis les Enfants du placard (1977), œuvres dépouillées, austères, marquées par le refus du psychologique et de la dramatisation. En 1981, bénéficiant d'un budget important, il tente de rallier un plus large public avec les charmes secrets et sous-entendus d'un mélodrame « vénitien », les Ailes de la colombe, adapté d'Henry James. En 1982, il travaille de nouveau pour l'INA (Une villa aux environs de New York) et adapte, en 1986, un roman noir de James Gunn, Corps et Biens, puis signe successivement Elvire Jouvet 40 (DOC, 1986), la Bête dans la jungle (DOC, 1988), Voyage au bout de la nuit (DOC, id.), les Mendiants (id.), un film-puzzle tiré du roman de Louis-René des Forêts. À partir de la Désenchantée (1991), il crée des fictions moins complexes : la Fille seule (1995), le Septième Ciel (1997), l'École de la chair (1998), d'après le roman de Mishima, Pas de scandale (1999), la Fausse suivante, d'après Marivaux (2000), Sade (2000), Tosca (2001).

JAENZON (Julius)

chef opérateur suédois (Göteborg 1881 - Stockholm 1961).

Il est incontestablement le plus grand directeur de la photographie du cinéma muet suédois. Il a travaillé notamment avec Victor Sjöström (Terje vigen, 1916 ; la Voix des ancêtres, 1918) et Mauritz Stiller (le Chant de la fleur écarlate, 1919 ; le Trésor d'Arne, id. ; le Vieux Manoir, 1922 ; la Légende de Gösta Berling, 1924). Il a réalisé plusieurs films sous le pseudonyme de J. Julius. Son frère Henryk Jaenzon a été également un chef opérateur de talent.

JAFFE (Sam)

acteur américain (New York, N. Y., 1891 - Beverly Hills, Ca., 1984).

Il se consacre plus à la scène qu'au cinéma, mais ses apparitions sont toujours mémorables, qu'il joue le grand-duc demi-fou de l'Impératrice rouge (J. von Sternberg, 1934), le grand lama des Horizons perdus (F. Capra, 1937), le rôle-titre de Gunga Din (G. Stevens, 1939), Doc Riedenschneider de Quand la ville dort (J. Huston, 1950), un comparse bizarre des Espions (H.-G. Clouzot, 1957), l'interprète du Barbare et la geisha (J. Huston, 1958), le vieux Whateley de The Dunwich Horror (D. Haller, 1970) ou le libraire de l'Apprentie sorcière (Bedknobs and Broomsticks, R. Stevenson, 1971). Sa petite silhouette sautillante, ses mines de hibou surpris sont inséparables d'un cinéma de caractères qui s'enrichit de chaque second rôle.

JAGGER (Dean)

acteur américain (Columbus Grove, Ohio, 1903 - Los Angeles, Ca., 1991).

Sa haute taille, son physique « typé » par une calvitie précoce, une gamme discrètement très étendue de mimiques et de regards font de lui l'un de ces acteurs « secondaires » à l'aise dans tous leurs rôles mais que l'on remarque pour leur personnalité. Acteur de théâtre dès les années 20, il a débuté à Hollywood en 1929, mais n'a été vedette qu'en 1940 (Brigham Young Frontiersman, H. Hathaway). Oscar (« Best Supporting Actor ») pour Un homme de fer (H. King, 1949), on se souvient de sa robustesse et de sa véhémence contenue dans la Vallée de la peur (R. Walsh, 1947), l'Attaque de la malle-poste (H. Hathaway, 1951), la Tour des ambitieux (R. Wise, 1954), Cet homme est un requin (J. Pevney, 1960) et surtout de ses deux grandes compositions dans Elmer Gantry (R. Brooks, 1960) et dans Quarante Tueurs (S. Fuller, 1957). Il est apparu ensuite, l'œil toujours aussi vif, dans d'amusantes silhouettes (la Lettre du Kremlin, J. Huston, 1970).

JAGLOM (Henry)

cinéaste américain (Londres, G.-B., 1938).

Henry Jaglom a beaucoup d'amis, beaucoup d'idées et de bonnes intentions. Ce qui explique que le confus A Safe Place (1971) puisse conjuguer les talents de Jack Nicholson, Orson Welles et Tuesday Weld. Bâti sur un scénario potentiellement intéressant, Tracks (1976) ne bénéficie pas d'une mise en scène plus réussie. Mais Sitting Ducks (1980) a du rythme et de la drôlerie, et Can She Bake a Cherry Pie ? (1983) de l'impertinence et de l'excentricité. Il tourne ensuite Always (1985), à la fois comme acteur et réalisateur, puis Someone To Love (1988), New Year's Day (1989), Eating (1990), Venice/Venice (1992) et Babyfever (1994).

JAKUBISKO (Juraj)

cinéaste slovaque (Kojšov, Slovaquie, 1938).

Il sort diplômé de la faculté de cinéma et de TV de Prague (FAMU) avec un film inspiré de En attendant Godot (Čekání na Godota, 1965), il se signale, après quelques courts métrages, à l'attention par l'Âge du Christ (Kristove roky, 1967), film d'un langage visuel très percutant et d'un esprit très libre (peinture des désillusions de deux frères au seuil de l'âge mûr). Mais ses caractéristiques proprement slovaques s'épanouissent dans Déserteurs et Nomades (Zběhovia a putnici, 1969), parabole assez frénétique sur la vie et la mort, où foisonnent d'étonnantes images baroques. Jakubisko poursuit dans la même veine esthétisante et allégorique avec les Oiseaux, les Orphelins et les Fous (Pťackové, sirotci a blázni, 1969), coproduction avec la France où paraît Philippe Avron et qui est encore une fable délirante marquée du sceau de la folie et de la mort et traitée en un style quasi surréaliste. Le goût du cinéaste pour l'excentricité thématique et plastique s'est encore manifesté dans Au revoir en enfer, les amis (Nashledanou v pekle, p̈rvǎtelé, 1970) : un policier parodique qui a eu des difficultés avec la censure et ne sera distribué que vingt ans plus tard. Après la « normalisation » politique et artistique de la Tchécoslovaquie, Jakubisko doit se confiner dans le documentaire (‘la Construction du siècle’ [Stavba storočia], 1973), le court métrage (‘le Petit Tambour’ [Bubenik], 1977), jusqu'à son retour au long métrage avec une œuvre mineure (‘Construis ta maison et plante un arbre’ [Postav dom zasad strom, 1979]) et une comédie légère : ‘Infidélité à la slovaque’ (Nevera po slovensky, 1981). Avec ‘l'Abeille millénaire’ (Tisí cročna včela, 1983), Frau Holle (d'après un conte des frères Grimm, RFA, 1985), Je suis assis sur la branche et je me sens bien (Sedim na konári a je mi dobre, 1989), présentés avec succès au festival de Venise, ‘Mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade’ (Lepšie byt' bohatý a zdravý ako chudobný a chorý, 1992) et Un message pas très clair sur la fin du monde (Nejasná zpravá o konci světa, 1997), il semble avoir retrouvé son inspiration. En 1985, il avait également tourné Frankensteins Tante.