KARMEN (Roman) [Roman Lazarevič Karmen]
cinéaste soviétique (Odessa 1906 - Moscou 1978).
À dix-sept ans, il est reporter-photographe du journal Ogoniok. Entré au VGIK, il achève ses études d'opérateur en 1932. Opérateur d'actualités, il filme les événements de la guerre civile espagnole. Ses documents (internationalement repris, souvent sans le nommer) alimentent 22 numéros des actualités soviétiques et le long métrage Espagne (Ispanija), monté par Esther Choub (1939), qui deviendra, remanié et augmenté par Karmen en 1968, Grenade, ma Grenade (Grenada, Grenada moja). En 1938-39, il tourne dans la Chine en lutte contre l'envahisseur japonais : La Chine se défend (Kitaj v bor'be) et en 1941 : En Chine (V Kitae). En 1940, réalisant une vieille idée de Gorki, 160 opérateurs sous la direction de Karmen filment à travers l'URSS une journée de vie soviétique, celle du 23 août ; ce sera Un jour du monde nouveau (Den'novogo mira). Selon la même formule unanimiste, Karmen filmera en 1959 Un jour de notre vie (Den'našej žizni). Sans cesser d'être opérateur, Karmen est documentariste à part entière depuis les années 40. Il semble plus doué pour le témoignage à chaud, le tournage héroïque en pleine action, le document frémissant d'humanité saisi au vol que pour l'épopée ou le lyrisme, et son regard politique ne laisse pas d'être parfois un peu court. Il a tourné le premier film pour le Kinopanorama : Mon grand pays (Široka strana moja, 1958).
Films.
— Opérateur : la Défaite allemande devant Moscou (Razgrom nemeckih vojsk pod Moskvoj, 1942) ; Leningrad en lutte (Leningrad v bor'be, id.) ; Stalingrad (1943) ; Berlin (1945). — RÉAL. : la Justice du peuple (Sud narodov, 1947) ; Viêt-nam, (V'etnam, 1954) ; Matin en Inde (Utro Indii, 1959) ; Cuba aujourd'hui (Kuba segodnja, 1960) ; Notre amie l'Indonésie (Naš drug Indonesija, id.) ; la Grande Guerre nationale (Velikaja otečestvennaja vojna, 1965) ; Camarade Berlin (Tovarišč Berlin, 1969) ; Continent en flammes (Pylajuščij kontinent, 1973) ; le Chili au combat (Chili v bor'be, 1975) ; Front Est, une guerre méconnue (Vostočnyj front : nepriznannaja vojna, 1977).
KARMITZ (Marin)
cinéaste et producteur français d'origine roumaine (Bucarest, 1938).
Il étudie à l'IDHEC (1957-1959), puis devient assistant (Kast, Varda, Godard, Rozier). Après quelques essais (les Idoles, 1963, sur la jeunesse ; Nuit noire Calcutta, 1964, scénario de Marguerite Duras), il aborde le long métrage. Son premier film, Sept Jours ailleurs (1968), met en scène un personnage en plein désarroi existentiel. Après les événements de mai 68, Karmitz se tourne vers le militantisme politique avec Camarades (1970) et Coup pour coup (1972). Depuis 1973, il se consacre à la production et à la distribution en fondant la société MK2 et crée son propre circuit de salles. Homme d'affaires avisé et cinéphile averti, il est parvenu à prendre une place importante dans l'industrie cinématographique française.
KARNAD (Girish Raghunath)
acteur et cinéaste indien (Matheran, Maharashtra, 1938).
Après quelques années passées en Grande-Bretagne, à l'université d'Oxford, il commence à écrire des pièces de théâtre et est bientôt considéré comme l'un des dramaturges les plus talentueux de son temps. Parallèlement, il devient scénariste et acteur de cinéma dans Rites funéraires (Samskara, Pattabhi Rama Reddy, 1970) et signe avec B.V. Karanth son premier film de réalisateur (Vamsha Vriksha, 1971). Il tourne ensuite seul ‘ la Forêt ’ (Kaadu, 1973), ‘ Il était une fois ’ (Ondanondu Kaladalli, 1978), Utsav (1984) et Cheluvi (1992), tout en travaillant comme acteur sous la direction de Shyam Benegal (‘ l'Aube ’, 1975 ; ‘ le Barattage ’, 1976), Basu Chatterjee (Swami, 1977) et Kumar Shahani (Tarang, 1984).
KASDAN (Lawrence)
scénariste et cinéaste américain (Miami Beach, Fla., 1949).
Ancien étudiant de littérature anglaise à l'université du Michigan – haut lieu de la contestation étudiante des années 60 –, il se fait d'abord connaître comme auteur de nouvelles. Après des spots publicitaires sur des sujets de George Lucas, il signe les scénarios de l'Empire contre-attaque (I. Kershner, 1980), avec Leigh Brackett, les Aventuriers de l'arche perdue (S. Spielberg, 1981) et le Retour du Jedi (R. Marquand, 1983). Le succès lui permet de réaliser son rêve : écrire des histoires qu'il filmera lui-même. Sa première réalisation, la Fièvre au corps (Body Heat, 1981), renoue avec la tradition des films noirs des années 40. Les Copains d'abord (The Big Chill, 1983) est un film plus personnel (évoquant les désillusions des jeunes de sa génération), qui s'englue parfois dans l'apitoiement sur soi et la nostalgie mièvre. Silverado (1985) est un retour ingénieux vers le western. Il produit en 1987 Cross My Heart (Armyan Bernstein), tourne en 1988 Voyageur malgré lui (The Accidental Tourist), curieux portrait d'un indécis et d'un taciturne qui mêle l'humour et le drame, la satire et l'inattendu, puis signe en 1990 une œuvre mineure : Je t'aime à te tuer (I Love You to Death) et en 1991 Grand Canyon.C'est le signe d'un déclin : en 1994, Wyatt Earp (id.), western ambitieux aux proportions épiques, verse dans la grandiloquence et, en 1995, French Kiss (id.) dans la mièvrerie.
KASSILA (Matti)
cinéaste finlandais (Keuruu 1924).
Il domine le cinéma finnois des années 50 par plusieurs longs métrages très maîtrisés, baignant dans une atmosphère lumineuse et sensuelle. ‘ La Semaine bleue ’ (Sininen viikko, 1954) met en scène les amours coupables d'un jeune homme et d'une femme mariée dans le cadre d'une station balnéaire et n'est pas sans évoquer le Monika de Bergman. Si ‘ le Temps des moissons ’ (Elokuu, 1956), d'après l'œuvre de F. E. Sillanpää, fait une nouvelle fois du désir le mobile de tous les actes, les rapports intimes entre les êtres y sont dépeints avec une ampleur et une richesse proches d'un Renoir. Kassila, qui a réalisé près d'une trentaine de films, mérite encore une mention pour ‘ la Ligne rouge ’ (Punainen viiva, 1959), œuvre engagée, analyse impitoyable de la vie dans les forêts finlandaises au début du siècle. Dans les années 80, il signe notamment la Famille Niskavuori (Niskavuori, 1985), l'Adieu au président (Jäähyväiset presidentile, 1987) et surtout Splendeur et misère de la vie humaine (Ihmiselon ihanuus ja kurjuus, 1988). En 1994, il présente un film policier situé dans les milieux du cinéma : ‘ Un gros jeu ’ (Kaiki pelissää). Son fils, Taavi Kassila, est également cinéaste depuis 1982.