STROBOSCOPIE. (suite)
Le film est composé d'une série de photographies enregistrées normalement tous les 24e de seconde et dont le temps de pose est normalement voisin de 1/48e de seconde. Pendant la durée de cette pose, la roue tourne : l'image des rayons est donc « bougée ». Généralement, ce bougé est tel que, sur chaque photographie, les rayons sont à peu près invisibles. Mais dans certains cas (si les roues tournent lentement ou si l'on emploie un temps de pose très court) le bougé est suffisamment faible pour que les rayons soient visibles.
Il se peut alors que, entre l'enregistrement de deux vues successives, la roue tourne d'un angle tel que chaque rayon prenne, sur les photographies, la place d'un autre. D'une vue à l'autre, l'image globale des rayons est ainsi exactement identique : l'œil en tire tout naturellement l'impression que les rayons n'ont pas bougé, et donc que la roue ne tourne pas. Il se peut aussi que l'image globale des rayons soit, d'une vue à la suivante, légèrement décalée en sens inverse du mouvement réel des roues : l'œil a ici l'impression que la roue tourne à l'envers. Il se peut enfin que l'image globale des rayons soit légèrement décalée dans le sens du mouvement ; l'œil a l'impression que la roue tourne très lentement, comme si elle « patinait ».
Ces phénomènes purement visuels proviennent donc de coïncidences entre la vitesse de rotation des roues et la cadence de prise de vues. Á l'époque où les caméras étaient dotées d'un viseur extérieur indépendant du mécanisme d'avance intermittente du film, ces coïncidences ne pouvaient être perçues dans le viseur : elles n'apparaissaient qu'à la projection des rushes, quand il était trop tard pour recommencer la scène. Aujourd'hui, toutes les caméras professionnelles sont dotées d'un viseur reflex, qui reprend l'image fournie par l'objectif de prise de vues, un miroir lié à l'obturateur renvoyant cette image vers le viseur pendant l'intervalle de temps qui sépare l'enregistrement de deux vues successives. On observe ainsi dans le viseur lui-même une série de vues successives du mouvement, à une cadence exactement égale à celle de la prise de vues. Les coïncidences apparaissent alors dans le viseur, et on peut éventuellement s'efforcer de les éviter, en demandant par exemple une modification de l'allure du carrosse.
Il reste toutefois des cas où les phénomènes de stroboscopie demeurent inévitables, par exemple lorsqu'on filme le démarrage d'un moteur d'avion à hélice. Avant d'atteindre son plein régime, où l'hélice tourne si vite qu'elle est invisible, le moteur passe par des régimes qui sont les multiples entiers de la cadence de prise de vues : au voisinage de ces régimes intermédiaires, l'hélice paraît s'immobiliser puis repartir en avant.
On rencontre également le phénomène de la stroboscopie lorsque l'on filme en éclairant la scène avec des lampes « H. M. I. ». ( MOUVEMENT D'APPAREIL, SOURCES DE LUMIÈRE.)