Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GLENNON (Bert Lawrence)

chef opérateur et cinéaste américain (Anaconda, Mont., 1893 - Los Angeles, Ca., 1967).

Il débute en 1915 avec le serial de James W. Horne The Stingaree et participe à la photographie des Dix Commandements (C. B. De Mille, 1923). Après avoir éclairé, entre autres, Hotel Imperial (M. Stiller, 1927), Barbed Wire (R. V. Lee, id.), les Nuits de Chicago (J. von Sternberg, id.), Crépuscule de gloire (id., 1928) ou le Patriote (E. Lubitsch, id.), il réalise sans réel succès neuf films entre 1928 et 1932. Il revient à la photographie avec Blonde Vénus (1932) de Sternberg, avec lequel il collaborera également deux ans plus tard pour l'Impératrice rouge. On lui doit encore Alice au pays des merveilles (N. Z. McLeod, 1933), la Charge fantastique (R. Walsh, 1941), San Antonio (D. Butler, 1945), l'Homme au masque de cire (A. De Toth, 1953), The Mad Magician (J. Brahm, 1954), The Man From Galveston (William Conrad, 1963) et, surtout, les superbes images de huit films de John Ford : Je n'ai pas tué Lincoln (1936), Hurricane (1938), la Chevauchée fantastique (1939), Vers sa destinée (id.), Sur la piste des Mohawks (id.), le Convoi des braves (1950), Rio Grande (id.), le Sergent noir (1960).

GLENVILLE (Peter)

cinéaste britannique (Londres 1913 - New York, 1996).

Très connu dans le monde théâtral, notamment pour une prestigieuse mise en scène du Becket de Jean Anouilh, à New York, avec Laurence Olivier et Anthony Quinn, il se spécialise dans les adaptations conformes à ses goûts littéraires.

Films  :

l'Emprisonné (The Prisoner, 1955) ; Moi et le Colonel (Me and the Colonel, 1958) ; le Verdict (Term of Trial, 1961) ; Été et fumées (Summer and Smoke, d'après Tennessee Williams, 1962) ; Becket (id., 1964) ; Paradiso, hôtel du libre-échange (Hotel Paradiso, d'après Feydeau, 1966) ; les Comédiens (The Comedians, d'après Graham Greene, 1967).

GLEYZER (Raimundo)

cinéaste argentin (Buenos Aires 1941 - ?).

Il commence à vingt ans comme documentariste (La tierra quema, 1965) et collabore à des films de Jorge Prelorán. Son long métrage México : la revolución congelada (1970) est une brillante analyse du dévoiement de la révolution mexicaine au profit de la bourgeoisie. Avec le groupe militant Cine de la base, il aborde la fiction politique : Los traidores (1973) est une critique radicale de la bureaucratie syndicale péroniste. Connu pour son engagement marxiste, il est séquestré dans la capitale argentine en 1976. Probablement assassiné, il rejoint les nombreux « disparus » du temps du régime militaire.

GLIESE (Rochus)

décorateur et costumier de théâtre et de cinéma, cinéaste allemand (Berlin 1891 - id. 1978).

Après des études d'art graphique au Kunstgewerbemuseum de Berlin, sa ville natale, il fit ses débuts à l'écran comme décorateur, grâce à son ami l'acteur-réalisateur Paul Wegener. De 1914 à 1927, il collabore à ce titre à une vingtaine de films, dont le Golem (H. Galeen et P. Wegener, 1914) et la plupart des autres films de Wegener, Rausch (E. Lubitsch, 1919), Katharina die Grosse (R. Schünzel, 1920) et quatre films de Murnau : la Terre qui flambe, l'Expulsion, les Finances du grand-duc et, aux États-Unis, l'Aurore. Il en signe parfois aussi les costumes (notamment ceux du Golem de 1920 de Wegener et Boese). Mais, dès 1916, il est passé également à la réalisation. Des douze films qu'il tourne, retenons Die schöne Prinzessin von China (1916), l'Image vagabonde (Der verlorenen Schatten, 1920), Brüder (1923), Komödie des Herzens (1924, avec Murnau comme coscénariste) et surtout le curieux Die Jagd nach dem Glück, son dernier film et le seul parlant, tourné en France en 1930, avec une équipe prestigieuse : Lotte Reiniger (coscénariste et responsable des effets spéciaux), Carl Koch (coréalisateur), Berthold Bartosch, Catherine Hessling et Jean Renoir (interprètes). Siegfried Kracauer rattache cette œuvre insolite, de laquelle n'ont été conservées que les séquences de « théâtre d'ombre » de Lotte Reiniger, à la P'tite Lili de Cavalcanti. En 1929, Rochus Gliese a également collaboré, sans être crédité, au film de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer les Hommes le dimanche. De 1930 à 1949, il se consacrera exclusivement au théâtre. Il reviendra épisodiquement au cinéma après la guerre, pour signer les décors de Hanna Amon de Veit Harlan (1951) et du Fidelio de Walter Felsenstein (Autriche, 1956).

GLORIA (Leda Nicoletti, dite Leda)

actrice italienne (Rome 1912).

Elle débute à la fin du muet en 1928 et se fait connaître avec le film de Blasetti Terra madre (1930). Elle remporte des succès populaires avec Mario Camerini (Figaro e la sua gran giornata, 1931 ; le Tricorne, 1934), Alessandro Blasetti (Palio, 1932 ; La tavola di poveri, id.), Gennaro Righelli (L'armata azzura, 1932), Guido Brignone (Oggi sposi, 1933). Elle délaisse quelque peu le cinéma pour l'opérette, puis retrouve sporadiquement le chemin des studios de 1939 à 1944 et après 1949. On la voit notamment dans le Moulin du Pô (A. Lattuada, 1949) ou Naples millionnaire (E. De Filippo, 1950). Dans la série des Don Camillo, la femme du maire communiste Peppone (Gino Cervi), c'est elle.

GLORY (Marie Thoully, dite Marie)

actrice française (Mortagne 1905).

Entre 1920 et 1928, elle tourne quelques rôles d'ingénue sous le pseudonyme d'Arlette Genny : Monsieur le directeur (Robert Saidreau, 1925), Miss Hélyett (G. Monca et H. Kéroul, 1927). Sa fraîcheur et l'éclat d'un jeu spontané, une simplicité qui la différencie des vamps du temps la font choisir par Marcel L'Herbier pour l'Argent (1929), où elle crée remarquablement un personnage en contraste avec celui de Brigitte Helm. Ses autres interprétations déçoivent un peu, malgré la franchise qu'elle dispense dans la Femme idéale (A. Berthomieu, 1934), le Mort en fuite (id., 1936), les Amants terribles (M. Allégret, id.) ou Avec le sourire (M. Tourneur, 1937).

GODARD (Jean-Luc)

cinéaste et critique français (Paris 1930).

Né dans une famille de la moyenne bourgeoisie protestante, d'un père médecin et d'une mère fille de banquier, Jean-Luc Godard, malgré ses nombreuses ruptures de ban, exprime sa vision du monde du point de vue des gens de sa classe. Cet itinéraire explique, partiellement, la fascination exercée par son œuvre sur de larges couches d'intellectuels, et les réserves que les individus politisés émettent à son égard. Toute sa carrière, située à une période cruciale de l'évolution des mentalités, se présente comme un long noviciat au cours duquel il « découvre » le cinéma, la sociologie, la politique, la technologie, la communication... Il associe étroitement le spectateur à ses diverses expériences.