SINOEL (Jean-Léonis Bies, dit)
acteur français (Sainte-Terre 1868 - Paris 1949).
Malicieux petit vieillard qui, pendant une vingtaine d'années, a illuminé les films français de son ingénuité, de ses ahurissements et de sa fantaisie dansante. Ses apparitions, pour furtives qu'elles soient, égaient et rafraîchissent les plus indigestes productions. Il n'a pas tourné de film muet mais a mis ensuite les bouchées doubles. Parmi tant d'autres interprétations, citons celles d'Ils étaient neuf célibataires (S. Guitry, 1939), Sortilèges (Christian-Jaque, 1945), Voyage surprise (P. Prévert, 1947), Quai des Orfèvres (H.-G. Clouzot, id.).
SIODMAK (Curt)
scénariste, cinéaste et écrivain américain (Dresde, Allemagne, 1902 - Three Rivers, Ca., 2000).
Frère de Robert Siodmak, il travaille comme scénariste à Berlin et participe à la genèse du fim les Hommes le dimanche, dont le scénario est l'œuvre de B. Wilder, F. Zinnemann, E. Ulmer et son frère aîné Robert. Après un passage en France en 1934 puis en Grande-Bretagne jusqu'en 1937, il se spécialise à Hollywood dans les scénarios d'épouvante ou d'angoisse, tel Son of Dracula (1943) dirigé par Robert Siodmak, et deux excellents films de Tourneur : Vaudou (1943) et Berlin Express (1948). Mais ses propres essais dans la mise en scène ont été peu convaincants, de The Bride of Gorilla (1951) et The Magnetic Monster (1953), science-fiction bâclée, à Love Slaves of the Amazon (1957), une « fantaisie » qui n'a d'érotique que le titre. Il est l'auteur de quelques livres d'horreur (dont Donovan's Brain, deux fois adapté à l'écran – par John English et Felix Feist).
SIODMAK (Robert)
cinéaste américain (Dresde, Allemagne, 1900 - Locarno, Suisse, 1973).
On ne sait guère quelle nationalité attribuer à ce cinéaste d'origine et de culture allemandes, dont la carrière internationale est liée à ses séjours – plus ou moins volontaires – en France, aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
Ses débuts comme metteur en scène, après divers petits métiers dans l'industrie cinématographique, remontent à 1929 avec le célèbre les Hommes le dimanche (Allemagne). Il réalise ensuite plusieurs autres films, essentiellement policiers, mais est obligé de quitter l'Allemagne en 1933, parce que d'origine juive. Il s'installe à Paris, y dirige huit films, dont l'excellent Mollenard (avec Harry Baur, 1938), puis doit s'exiler de nouveau en 1940. C'est alors qu'il s'installe à Hollywood, où il devient vite chez Universal un des maîtres du « film noir », dont l'atmosphère étouffante, l'opacité correspondaient parfaitement à ses propres choix esthétiques, marqués par l'expressionnisme. On lui doit notamment les Tueurs (1946) d'après la nouvelle, sèche et incisive, de Hemingway, joué par un Burt Lancaster débutant, naïvement manipulé par la somptueusement belle et fatale Ava Gardner. Les Mains qui tuent (1944, d'après W. Irish), le Suspect (1945), la Proie (1948), Pour toi j'ai tué (1949) sont de la même veine.
Ses œuvres des années 50 sont nettement moins intéressantes, excepté une incursion réussie dans un genre qui pourtant ne lui était guère familier, le film de pirate : le Corsaire rouge (1952) est d'un dynamisme exceptionnel. Ensuite, Siodmak revient en Allemagne en 1955, après vingt-deux années dans l'émigration et il mène en Europe une carrière internationale assez inégale, dont on peut retenir Les SS frappent la nuit (1957) et l'Affaire Nina B (1962), témoignages sur l'Allemagne postnazie d'autant plus intéressants qu'ils émanent d'un ancien exilé.
Films :
les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag, CO E. G. Ulmer, 1929) ; Abschied (1930) ; Der Mann der seinen Mörder sucht (1931) ; Voruntersuchung (1931 et VF : Autour d'une enquête, id.) ; Stürme der Leidenschaft (1932 et VF : Tumultes, id.) ; Quick (id. et VF homonyme) ; Brennende Geheimnis (1933) ; le Sexe faible (id.) ; La crise est finie (1934) ; la Vie parisienne (1936) ; le Grand Refrain / Sympho-d'amour (seulement supervision, id.) ; Mister Flow (id.) ; Cargaison blanche (1937) ; Mollenard (1938) ; Ultimatum (film de R. Wiene que Siodmak achève après la mort du cinéaste, id.) ; Pièges (1939) ; West Point Widow (1941) ; Fly by Night (1942) ; The Night Before the Divorce (id.) ; My Heart Belongs to Daddy (id.) ; Someone to Remember (1943) ; Son of Dracula (id.) ; les Mains qui tuent (Phantom Lady, 1944) ; le Signe du cobra (Cobra Woman, id.) ; Christmas Holiday (id.) ; le Suspect (The Suspect, 1945) ; The Strange Affair of Uncle Harry (id.) ; Deux Mains, la nuit (The Spiral Staircase, id.) ; les Tueurs (The Killers, 1946) ; Double Énigme (The Dark Mirror, id.) ; Time Out of Mind (1947) ; la Proie (Cry of the City, 1948) ; Pour toi j'ai tué (Criss Cross, 1949) ; Passion fatale (The Great Sinner, id.) ; la Femme à l'écharpe pailletée (Thelma Jordan, 1950) ; Deported (id.) ; The Whistle at Eton Falls (1951) ; le Corsaire rouge (The Crimson Pirate, 1952) ; le Grand Jeu (1954) ; les Rats (Die Ratten, 1955) ; Mein Vater der Schauspieler, 1956) ; Les SS frappent la nuit (Nachts, wenn der Teufel kam, 1957) ; Dorothea Angermann (1958) ; The Rough and the Smooth (1959) ; Katia (Katja, die ungekrönte Kaiserin, 1960) ; Mein Schulfreund (id.) ; l'Affaire Nina B. (Affäre Nina B., 1962) ; Tunnel 28 (Tunnel 28, id.) ; le Prince noir (Der Schut, 1964) ; les Mercenaires du Rio Grande (Der Schatz der Azteken, 1965) ; la Pyramide des dieux du soleil (Die Pyramide des Sonnengottes, id.) ; Custer homme de l'Ouest (Custer of the West, 1967) ; Der Kampf um Rom (1968, en deux parties : Der Kampf um Rom et Der Verrat).
SIRK (Hans Detlef Sierck qui signera ensuite Douglas)
cinéaste américain d'origine prussienne (Hambourg, Allemagne, 1897 - Ruvigalia près de Lugano, Suisse, 1987).
Après des études éclectiques (droit, philosophie, histoire de l'art avec Panofsky), Detlef Sierck se consacre au théâtre ; à Brême (1923-1929) puis à Leipzig (1929-1933), il monte quantité de pièces avec une prédilection pour les classiques, de Shakespeare et Schiller à Shaw et Ibsen. Attiré par Berlin, il est engagé par la UFA et signe d'abord des adaptations de Selma Lagerlöf (Das Mädchen von Moorhof, 1935) et d'Ibsen (Stützen der Gesellschaft, d'après Soutiens de la société, id.). Son style s'affirme avec trois mélodrames qui jouent sur l'opposition du Nouveau Monde et de l'Ancien : dans Schluss-akkord (1936), la musique de Beethoven convainc l'héroïne (qui vit dans la misère à New York) de regagner l'Allemagne ; dans Paramatta, bagne de femmes (Zu neuen Ufern, 1937), Zarah Leander et Willy Birgel quittent la frivole société londonienne pour l'Australie ; la Habanera (id., id.) fait contraster nostalgiquement les neiges scandinaves avec la pourriture physique et morale de Porto Rico.