Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WAJDA (Andrzej) (suite)

Un tournant s'opère avec la Terre de la grande promesse (1975) ; l'élégie y fait place au pamphlet. La Ligne d'ombre témoigne qu'il est parfois possible de dompter le destin. Le moine des Portes du paradis, piétiné par les croisés enfants qu'il croyait escorter jusqu'à Jérusalem, pense encore : « Ce n'est pas le mensonge mais la vérité qui tue l'espoir. » À partir de l'Homme de marbre (1976), la vérité entreprend de reconquérir l'espoir. L'écriture turbulente, flamboyante, charge d'antithèses violentes et de symboles cette densité dramatique apparentée à la condensation du rêve. Puis ces éclats, qui sont la marque du cinéaste, sans aucunement s'apaiser, tendent vers plus de transparence. L'histoire, certes, demeure imprévisible, mais elle a cessé d'être une malédiction et de manière plus évidente encore avec l'Homme de fer (1981) qui défend contre le pouvoir politique les thèses de Solidarité.

La situation politique de la Pologne n'octroyant plus aucune liberté — et en premier lieu la liberté de critiquer —, Wajda tourne à l'étranger sans pour autant s'exiler. Il signe en France un Danton (1982) tonique et original et en RFA Un amour en Allemagne (1983). Il semble ensuite plus inspiré par Tadeusz Konwicki (Chronique des événements amoureux, 1986) que par Dostoïevski (ses Possédés en 1987 souffrent d'un casting peu homogène). En 1989, il signe Korczak, l'histoire d'un médecin, écrivain et éducateur juif qui sera exterminé avec les deux cents orphelins qu'il avait pris en charge lors de la liquidation du ghetto de Varsovie.

Films  :

CM : Quand tu dors (Kiedy ty śpiesz, 1950) ; Un mauvais garçon (Zly chłopiec, id.) ; la Céramique d'Ilza (Ceramika Ilecka, 1951) ; Varsovie (Warszawa), sketch du film international : l'Amour à vingt ans (1962) ; Méli-Mélo (Przekładaniec, 1968) ; Invitation à l'intérieur (Zaproszenie do wnetrza, 1978). LM : Génération/Une fille a parlé (Pokolenie, 1954) ; Kanal/Ils aimaient la vie (Kanał, 1957) ; Cendres et Diamant (Popiół i diament, 1958) ; Lotna (1959) ; les Innocents charmeurs (Niewinni czarodzieje, 1960) ; Samson (1961) ; Lady Macbeth sibérienne (Sibirska Ledi Magbet, YOUG, 1962) ; Cendres (Popioły, 1965) ; les Portes du paradis/la Croisade maudite (Gates to Paradise, GB-YOUG, 1967) ; Tout est à vendre (Wszystko sprzedaż 1969) ; la Chasse aux mouches (Polowanie na muchy, id.) ; Paysage après la bataille (Krajobraz po bitwie, 1970) ; le Bois de bouleaux (Brzezina, id.) ; Pilate et les autres (Pilatus und andere — ein Film für Karfreitag, ALL, TV, 1972) ; les Noces (Wesele, 1973) ; la Terre de la grande promesse (Ziema obiecana, 1975) ; la Ligne d'ombre (Smuga cienia/The Shadow Line, 1976) ; l'Homme de marbre (Człowiek z marmuru, id.) ; Sans anesthésie (Bez znieczulenia, 1978) ; les Demoiselles de Wilko (Panny z Wilka, POL-FR, 1979) ; le Chef d'orchestre (Dyrygent, 1980) ; l'Homme de fer (Człowiek z zelaza, 1981) ; Danton (FR, 1982) ; Un amour en Allemagne (Eine Liebe in Deutschland, 1983) ; Chronique des événements amoureux (Kronika wypadków miłosnych, 1986) ; les Possédés (FR, 1987) ; Crime et châtiment (Schuld und Sühne, RFA, TV, id.) ; Korczak (id., POL-RFA-FR, 1989) ; l'Anneau de crin (Pierscionek z orlem w koronie, 1992) ; la Semaine sainte (Wielki tydzien, 1995), Miss Nobody (1996), Pan Tadeusz (id., 1999), la Condamnation de Franciszek Klos (Wyrok na Franciszka Kłosa, 2000).

WAKAMATSU (Koji)

cinéaste japonais (préf. de Miyagi 1936).

Après une jeunesse sauvage et désemparée, il aborde le cinéma en 1963, se spécialisant dans les « pink-eiga » (films érotiques), au rythme d'une dizaine par an. L'Amour derrière les murs (Kabe no naka no himegoto, 1965), présenté à Berlin, y déclenche un scandale. Il poursuit une carrière prolifique avec des dizaines de films mêlant sexe et violence, dont les titres sont explicites : Quand l'embryon part braconner (Taiji ga mitsuryo suru toki, 1966) ; les Six Épouses de Ch'ing (Kimpeibai, 1968) ; les Anges violés (Okasareta byakui, 1967) ou Sex-Jack (1970). Son rythme de réalisation diminue dans les années 70 : il produit alors deux films de Nagisa Oshima, l'Empire des sens (1975) et l'Empire de la passion (1978). En 1982, la Piscine sans eau (Mizu no nai pool) scrute les comportements pervers d'un homme qui contemple des femmes nues après les avoir endormies. Après avoir interrompu sa carrière entre 1985 et 1989, il réalise environ un film chaque année, dont Sosuke, le cocu (Netorare Sosuke, 1991) ; la Cible (Hyoteki, 1996) et Coin de rue sans lendemain (Asunaki machikado, 1997).

WAKAO (Ayako)

actrice japonaise (Tokyo 1933).

Issue de l'école de formation des acteurs de la Daiei, elle est « découverte » par son président, Masaichi Nagata, au début des années 50, et devient rapidement une héroïne de type « pure jeune fille japonaise » dans des films comme Je n'oublierai pas la chanson de Nagasaki (T. Tasaka, 1952), son premier film, ou Demain c'est dimanche (Asu wa nichiyobi, Kozo Saeki, 1952). Mais elle tourne déjà un rôle de jeune maiko dans les Musiciens de Gion (1953), de Mizoguchi, qui l'utilisera de nouveau, mais cette fois en prostituée, dans son dernier film, la Rue de la honte (1956). Très populaire grâce à sa grande beauté et à son image « juvénile », elle tourne dans un très grand nombre d'œuvres de qualités diverses. Son viol dans la Salle du châtiment (K. Ichikawa, 1956) soulève un scandale. Mais elle interprète des rôles très différents selon les metteurs en scène, que ce soit Ozu (Herbes flottantes, 1959), Ichikawa (Bonchi, 1960 ; la Vengeance d'un acteur, 1963), Kawashima (le Temple de l'oie sauvage, 1962) ou, surtout, Yasuzo Masumura, qui sait exploiter l'ambiguïté de sa féminité et de son érotisme dans toute une série de films : Confessions d'une épouse (Koshoku ichidai onna, 1961), Manji (1964), Tatouage (1966), l'Ange rouge (id., où elle tient un rôle insolite d'infirmière), et beaucoup d'autres. La faillite de la Daiei, en 1971, l'empêche de poursuivre sa carrière, elle se reconvertit à la télévision. Elle est cependant revenue au cinéma, aux côtés de Toshiro Mifune, dans Taketori Monogatari (K. Ichikawa, 1987).