WAJDA (Andrzej) (suite)
Un tournant s'opère avec la Terre de la grande promesse (1975) ; l'élégie y fait place au pamphlet. La Ligne d'ombre témoigne qu'il est parfois possible de dompter le destin. Le moine des Portes du paradis, piétiné par les croisés enfants qu'il croyait escorter jusqu'à Jérusalem, pense encore : « Ce n'est pas le mensonge mais la vérité qui tue l'espoir. » À partir de l'Homme de marbre (1976), la vérité entreprend de reconquérir l'espoir. L'écriture turbulente, flamboyante, charge d'antithèses violentes et de symboles cette densité dramatique apparentée à la condensation du rêve. Puis ces éclats, qui sont la marque du cinéaste, sans aucunement s'apaiser, tendent vers plus de transparence. L'histoire, certes, demeure imprévisible, mais elle a cessé d'être une malédiction et de manière plus évidente encore avec l'Homme de fer (1981) qui défend contre le pouvoir politique les thèses de Solidarité.
La situation politique de la Pologne n'octroyant plus aucune liberté — et en premier lieu la liberté de critiquer —, Wajda tourne à l'étranger sans pour autant s'exiler. Il signe en France un Danton (1982) tonique et original et en RFA Un amour en Allemagne (1983). Il semble ensuite plus inspiré par Tadeusz Konwicki (Chronique des événements amoureux, 1986) que par Dostoïevski (ses Possédés en 1987 souffrent d'un casting peu homogène). En 1989, il signe Korczak, l'histoire d'un médecin, écrivain et éducateur juif qui sera exterminé avec les deux cents orphelins qu'il avait pris en charge lors de la liquidation du ghetto de Varsovie.
Films :
CM : Quand tu dors (Kiedy ty śpiesz, 1950) ; Un mauvais garçon (Zly chłopiec, id.) ; la Céramique d'Ilza (Ceramika Ilecka, 1951) ; Varsovie (Warszawa), sketch du film international : l'Amour à vingt ans (1962) ; Méli-Mélo (Przekładaniec, 1968) ; Invitation à l'intérieur (Zaproszenie do wnetrza, 1978). LM : Génération/Une fille a parlé (Pokolenie, 1954) ; Kanal/Ils aimaient la vie (Kanał, 1957) ; Cendres et Diamant (Popiół i diament, 1958) ; Lotna (1959) ; les Innocents charmeurs (Niewinni czarodzieje, 1960) ; Samson (1961) ; Lady Macbeth sibérienne (Sibirska Ledi Magbet, YOUG, 1962) ; Cendres (Popioły, 1965) ; les Portes du paradis/la Croisade maudite (Gates to Paradise, GB-YOUG, 1967) ; Tout est à vendre (Wszystko sprzedaż 1969) ; la Chasse aux mouches (Polowanie na muchy, id.) ; Paysage après la bataille (Krajobraz po bitwie, 1970) ; le Bois de bouleaux (Brzezina, id.) ; Pilate et les autres (Pilatus und andere — ein Film für Karfreitag, ALL, TV, 1972) ; les Noces (Wesele, 1973) ; la Terre de la grande promesse (Ziema obiecana, 1975) ; la Ligne d'ombre (Smuga cienia/The Shadow Line, 1976) ; l'Homme de marbre (Człowiek z marmuru, id.) ; Sans anesthésie (Bez znieczulenia, 1978) ; les Demoiselles de Wilko (Panny z Wilka, POL-FR, 1979) ; le Chef d'orchestre (Dyrygent, 1980) ; l'Homme de fer (Człowiek z zelaza, 1981) ; Danton (FR, 1982) ; Un amour en Allemagne (Eine Liebe in Deutschland, 1983) ; Chronique des événements amoureux (Kronika wypadków miłosnych, 1986) ; les Possédés (FR, 1987) ; Crime et châtiment (Schuld und Sühne, RFA, TV, id.) ; Korczak (id., POL-RFA-FR, 1989) ; l'Anneau de crin (Pierscionek z orlem w koronie, 1992) ; la Semaine sainte (Wielki tydzien, 1995), Miss Nobody (1996), Pan Tadeusz (id., 1999), la Condamnation de Franciszek Klos (Wyrok na Franciszka Kłosa, 2000).