Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MISUMI (Kenji)

cinéaste japonais (Kyoto 1921 - 1975).

Brièvement assistant à la Cie Nikkatsu en 1941, il est mobilisé en 1942, et reste prisonnier en Sibérie jusqu'en 1948. Il entre alors à la Daiei, comme assistant, et travaille notamment avec Daisuke Itô, et Teinosuke Kinugasa (pour la Porte de l'Enfer, 1953), avant de tourner son premier film en 1954 : le Panier de lichen (Kokezaru no tsubo). Misumi devient rapidement l'un des meilleurs spécialistes du genre jidai-geki (film d'époque), et s'illustre dans toutes sortes de films à costumes, du film de fantôme (Contes fantastiques de Yotsuya / Yotsuya kaidan, 1959, et plusieurs films du genre) à une superproduction assez kitsch comme Bouddha (Shaka, 1961, premier film japonais en 70 mm), ou au film de sabre de type « chambara » : Tuer ! (Kiru, 1962) un de ses meilleurs films ; le Démon du Sabre (Kenki, 1965) entre autres. Il forge sa réputation en tournant de nombreux épisodes de la série Zato Ichi, le Masseur aveugle, avec l'acteur populaire Shintaro Katsu (dès 1962), de celle de Nemuri Kyôshiro, avec Raizo Ichikawa (dès 1964), ou plus tard, à la Toho, de la série Baby Cart (Kôzure Ookami, quatre épisodes, 1972/1975). Mais il est aussi capable d'adapter Yukio Mishima : le Sabre (Ken, 1964), ou de tourner des remakes de la littérature populaire : le Col du Grand Bodhisattava (Daibôsatsu tôge, en deux parties, 1960/1961), ou le Pousse-Pousse (Muhomatsu no isshô, 1965). Kenji Misumi, maître reconnu du jidai-geki, meurt en 1975, après avoir réalisé une quarantaine de films, laissant inachevé le Dernier Samouraï (Ookami yo rakujitsu o kire, en deux parties, avec Ken Ogata), alors que le genre décline rapidement.

MITCHELL (Claude Moine, dit Eddy)

chanteur et acteur français (Paris 1942).

L'ancien leader des Chaussettes noires, groupe de rock de la vague yéyé, a toujours entretenu une passion de cinéphile pour le cinéma américain de l'après-guerre. Dans les années 60, il tourne dans quelques films, mais c'est en 1981 que Bertrand Tavernier lui donne sa première chance dans Coup de torchon. En 1983-84, il tourne trois films : Attention ! une femme peut en cacher une autre (G. Lautner), Ronde de nuit (Jean-Claude Missiaen), et À mort l'arbitre (J. -P. Mocky). Son physique « à la Mitchum » et son jeu distancié donnent à ses apparitions un charme nonchalant. Frankenstein 90 (A. Jessua, 1984), la Galette du roi (Jean-Michel Ribes, 1986) et I love you (M. Ferreri, id.) ne rencontrent pourtant pas le succès public. Eddy Mitchell est également producteur et présentateur de télévision.

MITCHELL (George)

inventeur et constructeur américain (Tennessee 1888 - Pasadena, Ca., 1980).

Créateur de caméras diffusées, voire copiées, dans le monde entier (les Mitchell « Standard » puis « NC » pour le cinéma muet ; la Mitchell « BNC » [1934] pour le cinéma sonore, qui fut pendant longtemps la grande caméra de studio des pays anglo-saxons), George Mitchell construisit aussi une caméra portable (Mitchell « Mk 2 »), les caméras 65 mm employées pour les débuts du Todd-AO et un projecteur à entraînement intermittent par griffe pour les effets spéciaux par transparence.

MITCHELL (Millard)

acteur américain (La Havane, Cuba, 1900 - Santa Monica, Ca., 1953).

Ayant fait son apprentissage au théâtre, c'est un Millard Mitchell déjà mûr qui aborde le cinéma en 1941. Grand, solide, provoquant immédiatement la sympathie, ce bon géant aurait pu devenir populaire s'il en avait eu le temps. On se souviendra avec ravissement du « producer » magnanime de Chantons sous la pluie (S. Donen et G. Kelly, 1952). Mais ses créations westerniennes restent mémorables : l'ancien bandit devenu marshall de la Cible humaine (H. King, 1950), le second de James Stewart dans Winchester 73 (A. Mann, 1950) et le prospecteur blasé et dépenaillé de l'Appât (id., 1953), son avant-dernière prestation et la plus intense.

MITCHELL (Thomas)

acteur américain (Elizabeth, N. J., 1888 - Beverly Hills, Ca., 1962).

Un des acteurs de second plan les plus familiers qui commence à s'imposer dès Horizons perdus (F. Capra, 1937) et a la bonne fortune de rencontrer trois rôles marquants en 1939 : le médecin ivrogne de la Chevauchée fantastique (J. Ford, 1939), le père de Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent (V. Fleming, id.) et le compagnon de Cary Grant dans Seuls les anges ont des ailes (H. Hawks, id.). Fidèle à John Ford (les Hommes de la mer, 1940), il fut aussi attaché à d'autres cinéastes : Henry King (le Cygne noir, 1942, où il campait un truculent pirate) ou Raoul Walsh (la Rivière d'argent, 1948). Mais c'est peut-être à Fritz Lang qu'il doit son plus grand rôle : le journaliste vieillissant tenté un moment par l'ambition dans la Cinquième Victime (1956). Son dernier personnage (savoureux) fut celui du juge poivrot, mari de paille de Bette Davis, dans Milliardaire pour un jour (F. Capra, 1961).

MITCHELL (Yvonne Joseph, dite Yvonne)

actrice et écrivain britannique (Londres 1925 - id. 1979).

Comédienne de race (elle faisait partie de la troupe de l'Old Vic), elle débute à l'écran dans la Reine des cartes (T. Dickinson, 1949) et accepte les emplois les plus divers : une délinquante (Tournez la clé doucement [Turn the Key Softly], Jack Lee, 1953), une maman déchirée (Les hommes ne comprendront jamais [The Divided Heart], Ch. Crichton, 1954), une fonctionnaire de prison (Peine capitale [Yield to the Night], J. Lee Thompson, 1956), une mère de famille qui se néglige (la Femme en robe de chambre, id., 1957), rôle pour lequel elle obtient le prix d'Interprétation au festival de Venise. Plus que par sa filmographie, elle s'imposera ensuite par ses travaux littéraires.

MITCHUM (Robert)

acteur américain (Bridgeport, Conn., 1917 - Santa Barbara, Ca., 1997).

Né dans un foyer désuni, Robert Mitchum l'a quitté dès qu'il a pu, subsistant grâce aux emplois les plus divers : mineur, boxeur ou bien ouvrier. Après avoir eu la chance d'entrer dans les studios comme scénariste, il réalise qu'il veut en fin de compte « faire l'acteur ». En 1943, il est figurant dans une vingtaine de films. En 1944, on le remarque déjà dans un rôle notable : Étrange Mariage de William Castle. L'année suivante, il connaît les prémices de la renommée avec les Forçats de la gloire (W. Wellman), qui lui valent une citation à l'Oscar. La RKO le prend sous contrat, décidée à en faire une star. Pour cela, on le « prête » à la MGM (Lame de fond, V. Minnelli, 1946) et à la Warner Bros (la Vallée de la peur, R. Walsh, 1947, un de ses premiers rôles en vedette et un de ses meilleurs). En 1948, il est arrêté pour détention de marijuana. On aurait pu penser, à l'époque, que sa carrière ne s'en relèverait pas. Mais, au contraire, sa popularité se développa et il devint la plus grande vedette masculine de la RKO, qui l'associait à Jane Russell. Quand la RKO se démantela, il n'eut aucune difficulté à préserver son prestige et à continuer à jouer des grands premiers rôles.