Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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LEVIN (Henry) (suite)

Après des débuts plutôt insignifiants, cet ancien dialoguiste et directeur de production tourne pour la Columbia de Harry Cohn, en 1949, une biographie filmée d'Al Jolson : Je chante pour vous (Jolson Sings Again, avec Larry Parks), qui n'a pas laissé non plus un souvenir impérissable. Il aborde ensuite les genres les plus divers sans jamais réussir à convaincre pleinement. Glenn Ford, en particulier, a souvent été meilleur que dans la Loi des bagnards (Convicted, 1950) ou l'Engin mystérieux (The Flying Missile, id.). Son passage à la Fox donne un peu plus de tonus à Six filles cherchent un mari (Belles on Their Toes, 1952) et à Sa seule passion/le Général invincible (The President's Lady, 1953, avec Charlton Heston). On le voit faire des incursions dans le western (la Peine du talion [The Man From Colorado], 1948 ; Three Young Texans, 1954 ; The Gambler From Natchez, id. ; Jicop le proscrit [The Lonely Man], 1957) et signer un des films les moins réussis d'Errol Flynn (l'Armure noire [The Warriors], 1955). Plus curieux est son Voyage au centre de la Terre (Journey to the Center of the Earth, 1959, avec James Mason), et Ces folles filles d'Ève (Where the Boys Are, 1960), une comédie qui doit beaucoup à ses comédiennes (Yvette Mimieux, Paula Prentiss, Connie Francis). Par la suite, Levin a tâté du Cinérama (le Monde merveilleux des frères Grimm [The Wonderful World of the Brothers Grimm], CO G. Pal, 1962) et s'est montré plus actif comme producteur que comme réalisateur.

LEVINE (Joseph E.)

producteur américain (Boston, Mass., 1905 - Greenwich, Conn., 1987).

Il débute comme directeur de salles en 1938 et, après la guerre, distribue aux États-Unis Un carnet de bal, Paisa, Rome ville ouverte, etc. En 1959, il obtient un triomphe avec un des premiers Hercule tournés à Cinecittà, dont il diffuse 600 copies sur le territoire américain. Il se lance alors dans la production-distribution avec une double stratégie : production de biographies « scandaleuses » (les Ambitieux [E. Dmytryk], 1964, d'après la vie de Howard Hughes ; Harlow, la blonde platine [G. Douglas], 1965) et soutien au cinéma d'auteur européen (Huit et demi ; le Mépris ; la Ciociara). Son nom est associé à plus de 400 films, dont : Zoulou (Cy Endfield, 1964) ; Darling (J. Schlesinger, 1965) ; Nevada Smith (H. Hathaway, 1966) ; le Lauréat (M. Nichols, 1967) ; les Producteurs (M. Brooks, 1968) ; Soldat bleu (R. Nelson, 1970) ; Ce plaisir qu'on dit charnel (Nichols, 1971) ; Portier de nuit (L. Cavani, 1974) ; Un pont trop loin (R. Attenborough, 1977) et Magic (id., 1978).

LEVINSON (Barry)

scénariste et cinéaste américain (Baltimore, Md., 1942).

Il débute comme scénariste-interprète à la télévision, collabore en 1976 au scénario de la Dernière Folie de Mel Brooks et en 1977 au Grand Frisson de Mel Brooks. Il témoigne de davantage d'ambition dans l'écriture de Justice pour tous (N. Jewison, 1979), de Rendez-vous chez Max's (R. Donner, 1980) et des Meilleurs Amis (Jewison, 1982). Sa première réalisation, au ton très personnel, Diner (1982), remporte un vif succès. Robert Redford lui confie la mise en scène du Meilleur (The Natural) en 1984 et, en 1986, c'est Spielberg qui lui confie le Secret de la pyramide (Young Sherlock Holmes), bon film pour adolescents. Mais, dans les Filous (The Tin Men, 1987), il se montre brillant et soucieux de l'aspect visuel, en même temps qu'il évoque une veine auto-biographique qui resurgira dans Avalon (id., 1990) et Liberty Heights (id., 2000). Après un film provocateur et « hénaurme », portrait haut en couleur d'un disc-jockey affecté à la radio des forces armées pendant la guerre du Viêt-nam (Good Morning Viêt-nam, 1987), il remporte un succès international considérable avec Rain Man (id., 1988) avec Dustin Hoffman dans le rôle d'un autiste puis signe Bugsy (1991), Johnny Hollywood (1994), Harcèlement (Disclosure, id.), Sleepers (id., 1996), Sphere (id., 1997), œuvres quelque peu anonymes. Le féerique Toys (id., 1993) et le caustique Des hommes d'influence (Wag the Dog, 1998), réussites modestes mais certaines, suggèrent que Levinson est finalement à l'aise dans la comédie. ▲

LÉVITSKI (Aleksandr) [Aleksandr Andreevič Levickij]

chef opérateur soviétique (Moscou 1885 - id. 1965).

On le trouve au départ tant du cinéma tsariste que du cinéma soviétique. Photographe d'art, il débute en 1911 aux studios Khanjonkov, participe aux premiers longs métrages du cinéma russe : l'Année 1812 (V. Gontcharov, K. Hansen, A. Ouralski, 1912), Anna Karenine (V. Gardine, 1914), la Sonate à Kreutzer (id., id.). À la veille de la Révolution, il a à son actif plus de cent films (fictions, documentaires, vulgarisations scientifiques), dont le Portrait de Dorian Gray (V. Meyerhold, 1915). Parmi les premiers à rallier le nouveau régime, il travaille dans l'agit-prop, tourne sur le front pour la Semaine cinématographique, actualités créées en 1918. Avec Édouard Tissé et Lev Koulechov, il a introduit les méthodes du film artistique dans les prises de vues d'actualité, synthèse qui marquera le grand style soviétique muet. Pour Koulechov, il a photographié les Aventures extraordinaires de Mister West au pays des Bolcheviks (1924), le Rayon de la mort (1925) et supervisé la photo de Konstantin Kouznetsov dans Dura Lex (1926).

LÉVY (Raoul)

producteur français (Anvers, Belgique, 1922 - Saint-Tropez 1966).

Il débute au cinéma en 1945 comme assistant de production pour la RKO sur un tournage réalisé au Mexique. De retour en Europe, il est le représentant du producteur américain Edward Small, avant de fonder à Paris, en 1950, la société de production Iéna. Son heure de gloire arrive avec la découverte et le lancement du tandem Roger Vadim-Brigitte Bardot, qui fait des débuts cinématographiques fracassants dans Et Dieu créa la femme (1956). Producteur audacieux, il voit les succès s'accumuler : En cas de malheur (C. Autant-Lara, 1958), Babette s'en va-t-en guerre (Christian-Jaque, 1959). Lévy n'hésite pas à prendre des risques, et il produit en 1962 l'ambitieux Marco Polo, dont il confie la réalisation à Christian-Jaque, mais qui, après bien des déboires techniques, restera inachevé. Son prestige atteint et sa fortune dangereusement écornée, il met fin à ses jours après avoir réalisé deux thrillers de poids : Je vous salue Mafia (1965) et l'Espion (1966). Il a également produit : Identité judiciaire (Hervé Bromberger, 1951) ; les Orgueilleux (Y. Allégret, 1953) ; Sait-on jamais (R. Vadim, 1957) ; Moderato cantabile (P. Brook, 1960) ; la Vérité (H.-G. Clouzot, id.).