GRIES (Thomas, dit Tom)
cinéaste américain (Chicago, Ill., 1922 - Los Angeles, Ca., 1977).
Venu tard à la réalisation (1968) après s'être occupé de production depuis 1947, il est aussi très actif à la TV. Son premier film, un western hors du commun achevé grâce à l'amicale obstination de Charlton Heston, lui vaut le succès critique. Le suivant, quoique moins coté, n'est pas inférieur. Resté fidèle à l'image du « héros central », Gries gaspille quelque peu son talent après 1970. Cependant la Corruption, l'Ordre et la Violence, étude haletante tournée pour la TV, sur l'univers carcéral américain, prouva qu'en dehors de l'univers du western il savait être un réalisateur au punch efficace et un habile directeur d'acteurs. Il meurt pendant le montage de sa biographie du boxeur Muhammad Ali, alias Cassius Clay.
Films :
Will Penny le solitaire (Will Penny, 1968) ; les Cent Fusils (Hundred Rifles, 1969) ; Number One (id.) ; le Maître des îles (The Hawaiians, 1970) ; Fools (id.) ; Journey Through Rosebud (1972) ; la Corruption, l'Ordre et la Violence (The Glass House, id.) ; Lady Ice (1973) ; l'Évadé (Breakout, 1975) ; The Migrants (id.) ; le Solitaire de Fort Humboldt (Breakheart Pass, 1976) ; The Greatest (1977).
GRIFFE.
Pièce en acier pénétrant dans les perforations, employée sur les caméras et sur certains projecteurs pour l'avance intermittente du film. ( CAMÉRA, PROJECTION.)
GRIFFITH (Corinne Scott, dite Corinne)
actrice américaine (Texarkana, Ark., 1894 - Santa Monica, Ca., 1979).
Cette actrice très belle, mais un peu apprêtée et froide, surnommée « la femme-orchidée » (The Orchid Lady) à cause de sa beauté très classique, a malheureusement laissé fort peu de traces dans l'histoire du cinéma. Les mélodrames qu'elle interprétait et qui étaient imaginés entièrement en fonction d'elle n'ont jamais eu l'honneur d'un cinéaste original. Mentionnons, pour mémoire, Black Oxen (F. Lloyd, 1924), Mademoiselle Modiste (R. Z. Leonard, 1926), The Lady in Ermine (J. Flood, 1927), le Jardin de l'Éden (L. Mile-stone, 1928), et les deux versions de Lilies of the Fields, l'une muette (John Francis Dillon, 1924), l'autre parlante (A. Korda, 1930). Trahie par le cinéma « sonore », elle se retire en 1932 et se reconvertit dans la littérature tout en gérant sa fortune (assez coquette).
GRIFFITH (David Wark)
cinéaste américain (Floydsfork, Ky., 1875 - Los Angeles, Ca., 1948).
Né d'un père qui fut officier sudiste pendant la guerre de Sécession et un fidèle compagnon de Jefferson Davis, il débute au théâtre, après avoir été garçon d'ascenseur et vendeur dans une librairie. Pendant une dizaine d'années, il se produit ainsi sur les planches à San Francisco, New York, Los Angeles et Louisville. Sur les conseils de son ami Max Davidson, il décide de vendre des sujets de films à des producteurs de cinéma. Il contacte ainsi Edwin S. Porter, qui l'engage comme principal acteur de Rescued From an Eagle's Nest (1907). Devenu l'un des collaborateurs de l'American Mutoscope and Biograph Company, il participe à la production de plusieurs films de court métrage, soit comme auteur, soit comme acteur. En juin 1908, il réalise son premier film, The Adventures of Dollie, et, deux mois plus tard, il signe son premier contrat avec la Biograph.
En six ans, de 1908 à 1914, Griffith tourne plus de 450 films de court métrage, passant de la comédie burlesque au western, de la parabole sociale à la reconstitution historique et adaptant aussi bien Jack London que Guy de Maupassant, Edgar Poe, Shakespeare, Stevenson ou Dickens. Il s'attache à l'éclairage (Edgar Allan Poe, 1909), à la profondeur de champ et au gros plan (The Musketeers of Pig Alley, 1912) et porte à la perfection, dans The Lonely Villa (1909) et The Lonedale Operator (1912), la technique du montage parallèle et de la montée du suspense. Gêné par le mauvais temps qui sévit à New York, où se trouve le studio de la Biograph, il n'hésite pas à aller tourner en Californie, créant autour de lui une véritable équipe à laquelle appartiennent le chef opérateur Billy Bitzer et des acteurs tels que Mary Pickford, Lillian et Dorothy Gish, Lionel Barrymore, Harry Carey, Mae Marsh, Henry B. Walthall et Blanche Sweet.
Dès 1910, Griffith souffre de ne pas pouvoir réaliser des films plus longs et, en 1913, il quitte la Biograph pour la Mutual Film Company de Harry Aitken. Le génie de Griffith — déjà évident dans la plupart de ses films de court métrage — éclate alors dans la Naissance d'une nation (1915), qui décrit la guerre de Sécession, l'assassinat d'Abraham Lincoln et la naissance du Ku Klux Klan. À l'intimisme des scènes amoureuses répondent de splendides séquences spectaculaires telles que la charge du « petit colonel » (Henry B. Walthall) à la tête de ses hommes ou celle des cavaliers du Ku Klux Klan. Tourné pour 110 000 dollars, la Naissance d'une nation est tout à la fois un triomphe commercial sans précédent — plus de 825 000 personnes verront le film à New York — et le premier chef-d'œuvre épique du cinéma américain. Accusé par certains de partialité envers les États du Sud (et même de racisme), Griffith répond en mettant en scène Intolérance (1916), qui mélange en une éblouissante osmose technique une histoire réaliste et contemporaine, la vie du Christ, l'évocation de la Saint-Barthélemy et la chute de Babylone. Célèbre pour ses décors, Intolérance, dont les assistants réalisateurs se nomment Allan Dwan, Erich von Stroheim, W. S. Van Dyke, Tod Browning, Victor Fleming et Jack Conway, ne remporte pourtant pas le succès escompté par Griffith. Ce dernier décrit dans les Cœurs du monde (1918) les horreurs de la guerre puis délaisse les fresques spectaculaires au profit d'œuvres intimistes, parmi lesquelles le Lys brisé (1919), avec Lillian Gish et Richard Barthelmess, et le Pauvre Amour (1919), avec Robert Harron et Lillian Gish. Il retrouve dans ces paraboles sociales ou amoureuses la tendresse et la simplicité de ses courts métrages, ce style qui fera, d' À travers l'orage (1920) et de la Rue des rêves (1921), deux nouveaux chefs-d'œuvre.
Auteur consacré, Griffith participe en 1919, avec Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks, à la fondation de United Artists Corporation, mais ses difficultés financières s'accroissent. Bien qu'il porte à l'écran, en 1921, les Deux Orphelines, avec Lillian et Dorothy Gish, il se sent déjà isolé dans cet Hollywood resplendissant du cinéma muet où se créent des firmes puissantes et qui consacre des cinéastes prestigieux. Distribué en 1924, Pour l'indépendance s'attache à la lutte des patriotes américains contre l'armée du roi d'Angleterre. Cependant, le génie de Griffith se retrouve beaucoup moins dans cette fresque trop inégale que dans Isn't Life Wonderful (1924), bouleversante description d'un couple allemand confronté à la pauvreté.