BANTON (Travis)
costumier américain (Waco, Tex., 1894 - Los Angeles, Ca., 1958).
Avec Adrian, le grand costumier d'Hollywood. Sa carrière, bien entamée dès le muet, trouve sa consécration avec les toilettes fiévreuses qu'il imagine pour Marlene Dietrich, dirigée par Josef von Sternberg dans Morocco (1930), X 27 (1931), Shanghai Express (1932), Blonde Vénus (id.), l'Impératrice rouge (1934) et surtout dans la Femme et le Pantin (1935). Le meilleur de son travail, il le fit à la Paramount. Dans les années 40, à la 20th Century Fox et à l'Universal, il devint plus anonyme, ne se singularisant qu'exceptionnellement (Lettre d'une inconnue, Max Ophuls, 1948).
BAQUET (Maurice)
acteur français (Villefranche-sur-Saône 1911).
Membre du Groupe Octobre avec Prévert en 1934-35, vedette du Châtelet, il sait combiner tout au long des années les joies du violoncelle et les plaisirs de la montagne avec cette fantaisie sympathique qui fait le charme de ses apparitions dans le Crime de M. Lange (J. Renoir, 1936), Hélène (J. Benoît-Lévy, id.), la Mort du cygne (id., 1937), les Bas-Fonds (Renoir, id.), l'Alibi (P. Chenal, id.), Gueule d'amour (J. Grémillon, id.), Dernier Atout (J. Becker, 1942), Premier de cordée (L. Daquin, 1944), Adieu Léonard et Voyage surprise (P. Prévert, 1943 et 1947), les Aventures des Pieds Nickelés (Marcel Aboulker, 1948), Bibi Fricotin (Marcel Blistène, 1951). Confiné dans des petits rôles de comédies, il change de style à l'occasion, comme dans Z de Costa-Gavras (1969).
BARA (Margit)
actrice hongroise (Cluj [auj. Cluj-Napoca] Roumanie, 1927).
Elle débute au théâtre dans sa ville natale, puis s'installe à Budapest en 1955 et entreprend simultanément une carrière au cinéma. Elle est révélée par le film d'Imre Fehér, Un amour du dimanche (1957), une des œuvres marquantes du renouveau hongrois : sa beauté et son romantisme, dans cette touchante histoire d'un amour malheureux, restent inoubliables. Le miracle ne se reproduira pas (ni pour le cinéaste ni pour elle) malgré ses prestations de grande qualité sous la direction de Máriássy (Contrebandiers, 1958 ; Imposteurs, 1969), Ranódy (Danse macabre, 1957), Makk (la Maison au pied du roc, 1958), Kovács (‘ Averse ’, 1961 ; Jours glacés, 1966), Szemes (‘ Doux et amer ’ [Édes és keserű] 1967). Depuis le début des années 70, elle abandonne peu à peu le cinéma.
BARA (Theodosia Goodman, dite Theda)
actrice américaine (Cinncinati, Ohio, 1890 - Los Angeles, Ca., 1955).
On est bien en peine de parler de la légendaire Theda Bara, dans la mesure où, de sa riche carrière, ne semble subsister que A Fool There Was (Frank Powell, 1915). Celle qui a été la première vamp cinématographique nous est plus connue par ses photos que par ses films : on la voit, l'œil charbonneux et fixe, plus ou moins couverte de perles et de pierreries, languide, sur des peaux de bêtes, à proximité d'un squelette ou d'un crâne. À juger de A Fool There Was, ses prestations cinématographiques semblent assez primitives et, vues avec le recul, bien sages. Néanmoins, ce mythe fabriqué de toutes pièces par le producteur William Fox reste exemplaire d'un certain Hollywood. Theodosia Goodman de Cincinnati devint Theda Bara (anagramme d'Arab Death), née sur les rives du Nil, de l'union d'un artiste français et d'une princesse arabe, investie de pouvoirs occultes, cause du suicide de nombreux hommes du monde. Cette publicité bien montée fit son effet et, pendant cinq ans, Theda Bara jouit d'un succès ravageur. Malgré quelques tentatives pour adoucir son personnage (les Deux Orphelines, H. Brenon, 1915), Roméo et Juliette [Romeo and Juliet], J. Gordon Edwards, 1916), c'était la vamp que le public réclamait. Il serait intéressant de découvrir les vastes productions que Raoul Walsh (Carmen, 1915 ; la Reine des Césars, 1916) ou J. Gordon Edwards, grand-père de Blake Edwards (Under Two Flags, 1916 ; Cléopâtre [Cleopatra], 1917 ; la Rose de sang [The Rose of Blood], id. ; Madame du Barry, 1918 ; Salomé, id. ; le Démon femelle [The She-Devil], 1919 ; le Chant de la sirène [The Sirene Song], id.), lui confectionnaient, et dont quelques photos attestent l'éclat. Theda Bara épousera le cinéaste Charles Brabin (qui l'avait dirigée en 1919 dans Kathleen Mavourneen) et verra peu à peu sa carrière décliner. En 1926, elle apparaît une fois encore — la dernière — dans un court métrage, Madame Mystery de Hal Roach, où elle se parodie. Cependant, jusqu'à sa mort, elle avait laissé entendre qu'elle était prête à considérer toute proposition de retour à l'écran.
BARAKAT (Henry)
cinéaste égyptien (Le Caire 1914 - id. 1997).
Il s'initie à la production, puis au montage (avec Aḥmad Badrakhan), et à la réalisation (avec Aḥmad Gallal), avant d'entreprendre une carrière facile et régulière : quelque soixante films depuis 1941, dont une large part de musicaux souvent produits au Liban avec des vedettes de la chanson tels Fayruz et Farid al-Aṭrash, sans jamais dépasser les conventions du genre. Une brève tentative de réalisme (Hassan et Naïma / Ḥasan wa Na'ïma, 1958) favorable à une révision du statut de la femme (la Porte ouverte / al-Bab al-maftuḥ 1963) aboutit à marquer une date avec le Péché (al-Ḥaram, 1965). Mieux que dans le précédent et trop romanesque Appel du courlis (Da ‘wa al-karawan, 1959), la réalité rurale et la condition féminine y sont traitées sans emphase et dans un milieu ignoré des studios : une jeune paysanne qu'un de ses maîtres a violée accouche dans un champ, pendant la récolte. Cette figure devenue archétypale doit beaucoup à la sensibilité et à la mesure de Fatin Ḥamama, qui rompait avec l'habituel jeu théâtral du film égyptien ; mais la mise en scène, cette fois maîtrisée, confère au drame, dont le rude arrière-plan agraire est esquissé sans démagogie ni trop de naïveté, une certaine grandeur. Si le Péché s'avère un classique, la notoriété de Barakat se révèle ambiguë, trop entachée d'un savoir-faire commercial complaisant. La plus grande part de sa filmographie est constituée de divertissements et comédies musicales, dont on peut rappeler ’Chant immortel‘ (Lah nal-khulud, 1952), ’ Chaînes de soie ‘ (Salasil min harir, 1962), Safarbalek (1967), ’ le Fil fin ‘ (al-Khaït ar-rafi, avec Fatin Ḥamama, 1971) et ’Ni diable ni ange‘ (Lastu shaytanan wola malakan, avec Nur as-Sharif, 1980).