Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MCLAREN (Norman) (suite)

En 1941, John Grierson, qui vient de fonder l'Office national du film du Canada, l'y fait entrer. McLaren y organise en 1943 un service d'animation, où travailleront Evelyn Lambart, le producteur Guy Glover, puis George Dunning, Jean-Paul Ladouceur, René Jodoin, Jim McKay, Grant Munro, Pierre Hébert, etc. C'est dans ce cadre propice, d'abord à Ottawa, puis à Montréal, qu'il poursuit son œuvre — avec la parenthèse de deux séjours patronnés par l'Unesco, en Chine en 1949 et aux Indes en 1952, pour initier des stagiaires aux techniques de l'animation.

Ses films, présentés dans de nombreux festivals, recourent parfois à l'animation classique de papiers découpés (Alouette, 1944 ; Rythmetic, 1956), de gouaches (C'est l'aviron, 1944) ou de pastels (Là-haut sur ces montagnes, 1946 ; A Little Fantasy on a 19th Century Painting, id. ; la Poulette grise, 1947 ; le Merle, 1958), souvent pour illustrer de vieilles chansons populaires. Mais son originalité tient surtout à deux techniques : l'animation d'objets et l'intervention directe sur la pellicule. Avec la première, il met facétieusement en scène des personnages aux prises avec des objets récalcitrants (Il était une chaise/ A Chairy Tale, 1957 ; Discours de bienvenue de Norman McLaren, 1960) ou construit la fable pessimiste des Voisins (1952) sur l'engrenage de la violence. Avec la seconde, peignant (Caprice en couleurs, 1949) ou gravant (Blinkity Blank, 1955), sur la pellicule cadrée ou non cadrée, des figures abstraites (Lignes verticales, 1960 ; Lignes horizontales, 1961 ; Mosaïque, 1965) ou concrètes (Hen Hop, 1942), il s'impose, à l'égal de Len Lye, comme un maître du genre.

Tout un monde, une sorte de contre-création colorée et drolatique de volatiles (Hen Hop ; la Poulette grise), d'animalcules, de taches fourmillantes, de rectangles impeccables (Synchromie, 1971), de chiffres (Rythmetic), auxquels se mêlent parfois des hommes (Canon, 1964), s'anime ainsi, au rythme du violon d'Eugène Desormeaux (Fiddle de dee, 1947), des musiques de Maurice Blackburn ou encore de sons synthétiques dessinés sur la pellicule.

Enfin, intéressé par la danse (Ballet adagio, 1972), McLaren utilise le refilmage avec truquage dans Pas de deux (1968) : la perfection esthétique de ce ballet visuel, où les formes blanches de deux danseurs se démultiplient et se réunifient alternativement sur fond noir, achève de faire de lui un des plus importants cinéastes expérimentaux de l'après-guerre.

Autres films :

Hand-Painted Abstraction (1933) ; Book Bargain (1937) ; News for the Navy (1938) ; Mony a Pickle (id.) ; Love on the Wing (id.) ; The Obedient Flame (1939) ; Rumba (id.) ; Mail Early (1941) ; V for Victory (id.) ; Five for Four (1942) ; Dollar Dance (1943) ; Keep Your Mouth Shut (1944) ; Hoppity Pop (1946) ; Begone Dull Care (1949) ; Around Is Around (1950) ; Now Is the Time (1951) ; Two Bagatelles (1952) ; A Phantasy (1948-1953) ; Short and Suite (1959) ; Serenal (id.) ; New York Lightboard (1961) ; Sphères (1969) ; Animated Motion, le Mouvement image par image (CO : G. Munro, 1976-1978) ; Narcissus (1981). ▲

MCLEOD (Norman Zenos McLeod, dit Norman Z.)

cinéaste américain (Grayling, Mich., 1895 - Los Angeles, Ca., 1964).

Ancien pilote de guerre, son expérience de l'aviation lui vaut d'être l'assistant de Wellman pour Wings (1927) et le collaborateur de Hawks pour The Air Circus (1928). Ainsi l'apprenti gagman (en 1919) passe-t-il à la mise en scène (Taking a Chance, 1928), où il se spécialisera dans la comédie. Ses films valent strictement ce que valent leurs interprètes et se situent généralement en retrait des possibilités de ceux-ci, comme le montre son travail sur les premiers essais des Marx Brothers, Monnaie de singe (Monkey Business, 1931) et Plumes de cheval (Horse Feathers, 1932). Signataire d'une version d'Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland, 1933) qui rassemblait le « gratin » d'Hollywood dans les rôles les plus inattendus, il dirige W. C. Fields dans Une riche affaire (It's a Gift, 1934), signe quelques comédies divertissantes : le Couple invisible (Topper, 1937) ; Madame et son clochard (Merrily We Live, 1938) ; le Pauvre Millionnaire (There Goes My Heart, id.), ainsi que certaines réussites de Danny Kaye (la Vie secrète de Walter Mitty [The Secret Life of Walter Mitty], 1947) et de Bob Hope (Visage pâle [The Paleface], 1948).

MACMAHON (Aline)

actrice américaine (McKeesport, Pa., 1899 - New York 1991).

Fille d'un journaliste d'origine irlandaise, cette grande fille un peu gauche fit ses classes au music-hall et au théâtre. En 1931, dans son premier film, Five Star Final (M. LeRoy), le public eut la révélation, dans un rôle de secrétaire, d'une actrice précise, qui contrôlait chaque détail de son personnage et d'où émanait une chaleur humaine communicative. Elle sera l'un des piliers de la Warner, refusant les grands rôles et se cantonnant délibérément dans les rôles de complément. Elle marque toutes ses interprétations d'une générosité et d'un talent jamais pris en défaut. Faisons un sort particulier à la « comtesse » désabusée de Voyage sans retour (T. Garnett, 1932), passant avec désinvolture de l'escroquerie à la grandeur d'âme ou de l'argot au langage le plus châtié, à l'actrice de théâtre devenue professeur de diction dans Hollywood révolutionné par le parlant (Once in a Lifetime, Russell Mack, id., rôle qu'elle avait créé à la scène) ou à la chorus-girl acide de Chercheuses d'or de 1933 (LeRoy, 1933). La MGM lui offre des rôles moins colorés, mais elle leur confère la vie dont l'écriture les privait parfois (Impétueuse Jeunesse, C. Brown, 1935). Le meilleur d'elle-même, elle l'a donné avant 1939. Depuis, peu de rôles lui ont fait honneur, si ce n'est celui de l'assistante sociale en uniforme des Anges marqués (F. Zinnemann, 1948) et la fermière à poigne de l'Homme de la plaine (A. Mann, 1955).

MACMURRAY (Fred)

acteur américain (Kankakee, Ill., 1908 - Santa Monica, Ca., 1991).

Ancien musicien d'orchestre, il débute dans la figuration, avant d'atteindre brusquement les premiers rôles, après un détour par la scène. Sa physionomie rude et ingrate, mais aussi la sobriété de son jeu et l'exactitude de son tempo font d'abord de lui le partenaire de Claudette Colbert dans une longue série de comédies : The Gilded Lily et The Bride Comes Home (W. Ruggles, 1935), No Time for Love (M. Leisen, 1943) et Practically Yours (id., 1945), l'Œuf et Moi (C. Erskine, 1947) et Ma femme et ses enfants (Family Honeymoon, Claude Binyon, 1949, scénariste des trois premières). Avant la guerre, comme dans d'autres comédies de Leisen (Hands Across the Table, 1935 ; Swing High, Swing Low, 1937 ; Remember the Night, 1940 ; Madame veut un bébé [The Lady is Willing], 1942 ; Mon secrétaire travaille la nuit [Take a Letter Darling], id.), il joue un amoureux sans initiative, un honnête travailleur peu fortuné, mais attirant pour des femmes plus riches et plus brillantes, Carole Lombard par exemple (Hands... Swing..., The Princess Comes Across, Howard, 1936 ; True Confession, Ruggles, 1937). À partir de 1939, il deviendra un mari banal, préparant les personnages familiaux qui marqueront la fin de sa carrière, pour Disney. Cependant, des films d'action (la Fille du bois maudit, H. Hathaway, 1936 ; la Légion des damnés, K. Vidor, id.) présentent un personnage plus volontaire, sans laisser présager l'homme corrompu des films noirs : Assurance sur la mort (B. Wilder, 1944) ; Du plomb pour l'inspecteur (R. Quine, 1954) ; Ouragan sur le Caine (The Caine Mutiny, E. Dmytryk, id.), ou de l'amère Garçonnière (Wilder, 1960).