VAN EYCK (Peter Götz von Eick, dit Peter)
acteur allemand (Steinwehr 1913 - Zurich, Suisse, 1969).
Musicien d'origine hollandaise mais né en Poméranie, il s'exile à Paris en 1931 puis aux États-Unis en 1932 où il travaille comme arrangeur jusqu'en 1943. Il y commence sa carrière d'acteur, sans doute favorisée par son physique très germanique (les Cinq Secrets du désert, B. Wilder, 1943). De retour en Allemagne en 1949, il connaît le succès (Epilog, H. Käutner, 1950). Mais c'est surtout en 1953, en France, dans le Salaire de la peur (H.-G. Clouzot) qu'on le remarque. À partir de là, il développe sa carrière internationale et le grand public apprécie sa longue silhouette et ses cheveux de neige, le découvrant tantôt dans des emplois secondaires (les Gens de la nuit, Nunnally Johnson, 1954), tantôt dans de grands rôles (la Fille Rosemarie, R. Thiele, 1958 ; le Diabolique Dr. Mabuse, F. Lang, 1960). L'une de ses dernières interprétations fut celle d'un aristocrate européen chassant au Far West dans Shalako (E. Dmytryk, 1968).
VAN FLEET (Jo)
actrice américaine (Oakland, Ca., 1919 - New York, N. Y., 1996).
Actrice de théâtre, issue de l'Actor's Studio, elle a peu travaillé pour le cinéma auquel elle a donné des rôles de femmes dures et trop tôt vieillies : À l'est d'Éden (E. Kazan, 1955), la Rose tatouée et Une femme en enfer (D. Mann, 1955), Un roi et quatre reines (R. Walsh, 1957), Règlement de comptes à O. K. Corral (J. Sturges, id.), Barrage contre le Pacifique (R. Clément, 1958), le Fleuve sauvage (Kazan, 1960), Luke la Main froide (S. Rosenberg, 1967), le Baiser papillon (I Love You, Alice B. Toklas !, H. Averback, 1968), le Locataire (R. Polanski, 1976).
VAN PARYS (Georges)
musicien français (Paris, 1902 - id. 1971).
Auteur de chansons et de musiques de scène, Van Parys a composé de très nombreuses partitions de films. Sa musique, très légère, souvent valsée, enveloppe plutôt qu'elle ne souligne. Son travail pour René Clair est représentatif de son talent, qui emprunte à l'opérette comme à la musique populaire (le Million, 1931 ; Le silence est d'or, 1947 ; les Belles de nuit, 1952). Ses mélodies, virevoltantes et mousseuses, ont très souvent soutenu le jeu de Danielle Darrieux. On peut difficilement imaginer meilleur accord (Abus de confiance, H. Decoin, 1937 ; Madame de..., Max Ophuls, 1953, sans doute l'un des chefs-d'œuvre du compositeur). La musique sombre, un peu emphatique (les Diaboliques, H.-G. Clouzot, 1955) lui convient moins que le climat artificieux et décalé dans le temps qui lui permet de se surpasser. On peut affirmer que ce que Van Parys a composé pour French-Cancan (J. Renoir, 1955) doit compter parmi les très grandes réussites de la musique de film. Sa dernière partition fut Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause (M. Audiard, 1969).
VAN PEEBLES (Melvin)
acteur et cinéaste américain (Chicago, Ill., 1932).
Cinéaste-phare de la cause des Noirs dans le cinéma américain, Melvin Van Peebles commença sa carrière en France, où, après avoir fait la manche pour subsister, il publia plusieurs romans et obtint ainsi le financement nécessaire pour porter à l'écran l'un d'eux, la Permission (1968). Deux ans plus tard, il retourne aux États-Unis, où il dirige une comédie, bizarre, sur le racisme, Watermelon Man (1970), puis un film provocant, Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971), qui fut un grand succès auprès du public noir, mais qui suscita un malaise dont Van Peebles eut quelque mal à se remettre. Effectivement, il ne réalise son film suivant qu'en 1989, Identity Crisis. Dans Sweet Sweetback's... il avait fait débuter son propre fils, Mario Van Peebles, devenu depuis un des acteurs et réalisateurs noirs les plus en vogue (New Jack City, 1991). Il a fait un retour à la réalisation en France avec le Conte du ventre plein (1999).
VAN SANT (Gus)
cinéaste et scénariste américain (Louisville, Ky., 1952).
Après avoir débuté cinématographiquement dans le giron de Roger Corman, il fut très remarqué grâce à son premier long-métrage, Mala Noche (id., 1985). Sur un sujet très personnel lié à la communauté homosexuelle, il faisait montre d'un certain sens visuel et d'un goût de la provocation qui forçaient l'attention. Des qualités que l'on retrouve dans Drugstore Cowboy (id., 1989) et surtout dans My Own Private Idaho (id., 1991), à ce jour ses meilleurs films, intellectuellement brillants et visuellement raffinés. L'ambitieux mais catastrophique Even Cowgirls Get the Blues (id., 1994) l'oriente vers un cinéma plus conventionnel. Il y avait encore une réjouissante acidité dans Prête à tout (To Die For, 1995) mais, bien qu'encensé par la critique américaine, Will Hunting (Good Will Hunting, 1999) est mièvre et plat. Un défi absurde, celui de refaire à l'identique le Psychose d'Alfred Hitchcock (Psycho, id., id.), s'il montrait le savoir-faire peaufiné de Van Sant, ne montrait pas pour autant un retour à une inspiration personnelle. Un déclin confirmé par À la recherche de Forrester (Finding Forrester, 2000), malgré la présence de Sean Connery.
VARDA (Agnès)
cinéaste française (Bruxelles, Belgique, 1928).
Née d'un père grec et d'une mère française, elle grandit dans cette région sétoise où elle situe l'action de son premier film (la Pointe courte) réalisé en 1955. Elle vient au cinéma par la photographie : elle a été en effet l'une des photographes du TNP à l'époque de Jean Vilar. Ce premier long métrage, produit avec peu de moyens mais beaucoup d'amitié (Alain Resnais en est le monteur, Philippe Noiret l'interprète), anticipe sur une approche du cinéma qui sera quatre ans plus tard celle de la Nouvelle Vague.
De 1962 à 1977, elle réalise cinq autres longs métrages de fiction, qui ont en commun l'approche frémissante de moments de vie (Cléo de 5 à 7, 1962), l'attention chaleureuse aux êtres (le Bonheur, 1965) mais aussi une certaine mollesse, une désinvolture peut-être, dans la narration (Lions Love, 1970). Le véritable talent d'Agnès Varda, c'est plus dans les films courts qu'elle tourne qu'il faut aller le chercher. Dans les courts métrages de 1957-58 (Ô saisons, ô châteaux ; Opéra-Mouffe ; Du côté de la côte), dans certaines interventions militantes, dans les essais sur une rue parisienne (Daguerréotypes) ou sur les murs peints de Los Angeles (Mur murs), ou dans les films-billets (Une minute pour une image) qu'elle produit en 1982-83 pour la télévision française. Quels qu'en soient le métrage ou la finalité, ces œuvres associent un sens aigu de l'image (du cadre, de la composition, de la tension interne du plan) à l'intervention directe de l'auteur (son commentaire, souvent sa propre voix). Ulysse, un court métrage de 22 minutes qu'elle signe en 1983, est dans cet ordre d'idées une réussite : à partir d'une vieille photographie retrouvée, elle conduit une enquête sur le temps, l'histoire, les significations du document. Sa sensibilité, son humour, la qualité de l'écriture et de la diction font de ce film court un moment d'intelligence. Elle obtient en 1985 le Lion d'or au festival de Venise pour Sans toit ni loi, œuvre singulière et dépouillée, longue errance jusqu'à la mort d'une jeune marginale, magistralement interprétée par Sandrine Bonnaire. Jane B. par Agnès V. (1987) est un portrait-collage de deux femmes, l'actrice Jane Birkin et la réalisatrice, tandis que Kung-Fu Master (id.) est une prolongation du premier film dans la mesure où le sujet émane de l'actrice et où les protagonistes sont aux côtés de cette dernière, tels les propres enfants de Jane et d'Agnès. Jacquot de Nantes (1991) est un hommage pudique et poignant à la mémoire de Jacques Demy qui partagea sa vie de 1962 jusqu'à sa mort. En 1995, année commémorative du premier siècle du cinéma, Agnès Varda tourne une fantaisie mi-onirique mi-réaliste, les Cent et Une Nuits, encombrée de références et de clins d'œil cinéphiliques, jouée par une pléiade de vedettes françaises et internationales, qui s'avérera malheureusement un échec public cuisant. Dans la tradition de ses films à la fois documentaires et très personnels, elle revient au premier plan avec les Glaneurs et la glaneuse (2000). Elle est la mère de l'acteur Mathieu Demy.