Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ARMENDÁRIZ (Juan Ramón Armendáriz Barrios, dit Montxo) (suite)

Découvert par le producteur Elías Querejeta, il débute dans le documentaire, décrivant des traditions et des paysages basques : Carboneros de Navarra (1981) annonce le sujet de son premier long métrage, Tasio (1984), où il excelle à évoquer l'écoulement du temps et la dignité d'un labeur en marge des critères de rentabilité contemporaine (le charbon végétal). Pudeur devant des personnages au bord de la marginalité, mise en scène économe et fluide, avec une caméra souvent en mouvement, caractérisent encore 27 heures (27 horas, 1986) et Lettres d'Alou (Las cartas de Alou, 1990). Le premier a toujours pour cadre le Pays basque, avec une jeunesse en proie à la drogue et à la violence politique. Le second élargit son regard à l'ensemble de l'Espagne, portant sur l'écran, pratiquement pour la première fois, le drame de l'immigration d'origine africaine. Il signe ensuite Historias del Kronen (1995), Secrets du cœur (Secretos del coraz¯n, 1997), un regard pudique sur l'enfance, et enfin Silencio roto (2001), évocation des maquis antifranquistes pendant la Seconde Guerre mondiale.

ARMENDÁRIZ (Pedro)

acteur mexicain (Mexico 1912 - Los Angeles, Ca., 1963).

Une des principales vedettes masculines du cinéma mexicain à l'époque de sa grande expansion. Il est notamment l'interprète favori d'Emilio Fernández, qui lui imprime une allure hiératique, dans une dizaine de rôles, dont Flor silvestre et María Candelaria (1943), La perla (1945), et Enamorada (1946). Il joue aussi pour Bracho (Distinto amanecer, 1943), Bustillo Oro (La loca de la casa, 1950), Buñuel (El bruto, 1952), Gavaldón (La escondida, 1956). Le succès le conduit à Hollywood et en Europe, mais sa carrière internationale est moins significative, à l'exception peut-être de trois films de John Ford : Dieu est mort (1947), le Massacre de Fort Apache (1948) et le Fils du désert (1949). Il se suicide en 1963 en apprenant qu'il est atteint d'un cancer.

ARMÉNIE

Si l'on sait que dans la Géorgie voisine la première séance cinématographique a lieu à Tiflis en 1896 où l'on projette quelques bandes des frères Lumière, l'appartition du cinéma en Arménie est beaucoup plus floue. En 1907 des Russes sont venus tourner des films d'actualité, en 1915 le premier long métrage à thème arménien est mis en scène... mais en Russie. Il faudra attendre l'arrivée du pouvoir soviétique, la nationalisation des quelques salles existant en Arménie et enfin la création en 1923 du Groskino arménien pour qu'apparaissent les premiers embryons d'un cinéma national. L'homme qui va être pendant plus de trente ans le porte- drapeau du cinéma arménien se nomme Amo Bek-Nazarov*. Ancien acteur, fondateur d'un studio à Erevan en 1921, Bek-Nazarov va signer les plus beaux fleurons du 7e Art arménien (Namous, premier film de fiction, 1925 ; Chor et Chorchor, première comédie, 1926 ; Zareh, id ; Khas-pouch, 1927 ; Pepo, premier film sonore, 1935 ; David-Bek, 1944). Tout en restant étroitement inféodés à l'idéologie du gouvernement soviétique de l'époque – notons que la plupart des apprentis-cinéastes vont faire leurs études à Moscou – les thèmes des films arméniens sont néanmoins fortement imprégnés d'une culture nationale séculaire.

Une culture que ne désavouera pas totalement Rouben Mamoulian, un expatrié célèbre venu chercher la gloire à Hollywood à la fin des années 20.

Dans le sillage de Bek-Nazarov des auteurs s'imposent tels Patvakan Barkhoudarian (Kikos, 1933), Artachès Hai-Artian (Karo, 1937), Amassi Martirossian (les Diplomates mexicains, 1931). Un autre nom marque l'éclosion du cinéma arménien : Ivan Perestiani à la fois acteur, metteur en scène, scénariste. S'il a exercé son influence essentiellement en Russie et en Géorgie, il a également aidé la cinématographie arménienne naissante, tournant notamment ses propres films pour le compte d'une compagnie privée montée par des Arméniens.

Le cinéma arménien a été et reste un cinéma de la mémoire. La perception souvent grave et tragique de la vie est liée au souvenir persistant du génocide.

En 1957 le studio d'Erevan devient Armenfilm. Au début des années 60 un souffle frais s'empare du cinéma arménien. Henrik Malian* et Frounzé Dovlatian représentent une nouvelle tendance plus ouverte sur le monde extérieur même si le rapport au sacré, le recours aux anciennes traditions, la fidélité aux paysages austères et majestueux, le mélange harmonieux de l'humour et du sérieux sont toujours présents dans la plupart des œuvres. En 1968, Serguei Paradjanov* un Arménien devenu Géorgien de Tbilissi mais très fidèle à une mythologie arménienne qu'il magnifiera dans ses films nimbés de poésie symbolique et parfois même surréelle tourne Sayat Nova à Armenfilm. Dans un domaine différent, celui du documentaire expérimental, Artavazd Pelechian propose une nouvelle approche du monde qui nous entoure en inventant un langage poétique situé au-delà de l'action et du récit. Plusieurs cinéastes rompent avec les sujets d'antan, plus ou moins imposés par l'idéologie dominante, et écornent les tabous auxquels on n'osait et ne pouvait s'attaquer pendant le stalinisme : Souren Babaïan, Haroutioun Khatchatourian, Ara Vahouni, Rouben Ghevokiants, David Safarian, Edmond Kheussaian, Bagrat Hovhannessian, Roman Balaian, Aghassi Aivazian. À l'étranger les cinéastes d'origine arménienne affirment leur talent : Atom Egoyan* au Canada, Don Askarian en Allemagne, Richard Sarafian aux États-Unis, Henri Verneuil (né Malakian), Serge Avedikian, Jacques Kedabian, Arby Ovanessian, Edouard Sarxian en France.

ARMIÑÁN (Jaime de)

cinéaste et scénariste espagnol (Madrid 1927).

Auteur dramatique, puis scénariste prolifique pour la télévision, il débute au cinéma de manière médiocre, en mettant en scène Marisol dans Carola de día, Carola de noche (1969). Ses meilleures réussites constituent des approches assez lucides de la condition féminine en Espagne : Mi querida señorita (1971) et Al servicio de la mujer española (1978). Citons aussi El amor del capitán Brando (1974), Jo, papá ! (1975), Nunca es tarde (1977), El nido (1980), En septiembre (1982), Stico (1984), la Hora bruja (1985), Mi General (1986) et Al otro lado del túnel (1994).