Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

PAKISTAN.

Lors de la partition de l'Inde, le nouvel État n'hérite, au 1er janvier 1948, que des studios secondaires installés à Lahore. Tout le potentiel de production lui échappe. Les films bengalis de l'Inde dominent le Pakistan oriental ( BANGLADESH) et ceux de l'Ouest, parlés en urdu, restent favoris du public du Pakistan occidental, concurremment aux films anglo-américains. L'économie précaire et l'instabilité politique du pays, deux guerres avec l'Inde, la sécession de provinces du Bengale ne favorisent pas le développement ni la qualité des quelque quarante films annuels, pour la plupart des mélodrames ou des reconstitutions « historiques » parfaitement indigents, si on excepte Kismet, de Nazir Ajmeri (1957). On remarque d'autant plus, en 1959, une œuvre singulière, ‘ Quand naîtra le jour ’ / Day Shall Dawn, dont l'auteur, Aejay Kardar, use d'une séduisante calligraphie poétique photographiée par Walter Lassaly. Le même cinéaste, sans que rien de notable nous soit connu entre-temps, signe en... 1978 Of Human Happiness, d'après une œuvre du poète Ahmad Faïz. L'arrêt des importations de films indiens conduit les producteurs à des ruses burlesques : ils se procurent un enregistrement de la bande sonore des films, et bâtissent, à l'aveuglette, un scénario approximatif que jouent des acteurs redevenus muets ! L'implantation d'un puissant émetteur TV à Amritsar, dans l'État indien limitrophe, dévoilera la lamentable supercherie !

Les trois cinquièmes des salles — 500 au total pour 70 millions d'habitants — se trouvent dans les villes importantes. On a créé des studios à Karachi et modernisé ceux de Lahore. Mais on ne peut guère ajouter aux noms cités plus haut que ceux de Masud Pervez et Ahmad Bashir. La censure ne facilite pas les activités, qui devraient être incitatrices, de la State Film Authority (créée en 1951), d'ailleurs sans réel pouvoir financier.

PAKULA (Alan J.)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1928 - Long Island, N. Y., 1998).

Diplômé de Yale pour le théâtre, directeur et parfois acteur à la scène, entré à Hollywood en 1949 comme assistant au département des cartoons à la Warner, longtemps assistant de production à la Paramount, il produit en 1957 Prisonnier de la peur de Robert Mulligan et fonde avec ce dernier sa propre maison de production. L'association se poursuivra à partir de Du silence et des ombres (1962) pour cinq films, dont le dernier au moins, Daisy Clover (1966), « annonce » Pakula réalisateur autant qu'il appartient à Mulligan. Quoi qu'il en soit, Pakula passe à la mise en scène (sans cesser de produire) avec Pookie (1969), véhicule pour Liza Minnelli en même temps que peinture attentive d'un amour baroque. La réussite totale de Klute consacre peu après le cinéaste. Quel que soit le thème qu'il aborde et les registres sur lesquels il joue, mais tout particulièrement dans ses deux films politiques : À cause d'un assassinat (1974, qui évoque le meurtre de Kennedy) et les Hommes du président (1976, sur l'affaire du Watergate), Pakula montre un style personnel, plus ou moins affirmé mais reconnaissable, style visuel fondé sur le morcellement ou le redoublement de l'espace, l'emploi extrêmement savant des décors, et une direction d'acteurs qui privilégie les moments de solitude tout en soulignant l'ambiguïté ou la vanité. Plusieurs de ses films doivent beaucoup à l'amicale collaboration de sa vedette « préférée », Jane Fonda, mais il serait erroné de le classer parmi les « yes-men ». Un labyrinthe virtuel ou non ne cesse de guider ses personnages vers une tentative de se mettre en scène eux-mêmes : psychanalyse, politique, capitalisme, autant d'aventures dominées par un « oracle aveugle et sibyllin » qui confère à ces « aventures » un caractère cosmique, indiqué par la prolifération des coulisses, des miroirs, des « images dans le film », le tout dominé par un classicisme qui favorise volontiers les plans longs. Après une série de films qui ont fait appel plus à son savoir-faire qu'à sa sensibilité, ce style revient, inchangé, toujours aussi fascinant par sa lenteur hiératique et son expressionnisme décoratif, dans l'Affaire Pélican (The Pelican Brief, 1993), nouvelle histoire de complot politique qui, comme si de rien n'était, reprend le discours interrompu dix-sept ans plus tôt avec les Hommes du président.

Films 

Pookie (The Sterile Cuckoo, 1969) ; Klute (id., 1971) ; Love and Pain and the Whole Damn Thing (1973) ; À cause d'un assassinat (The Parallax View, 1974) ; les Hommes du président (All the President's Men, 1976) ; le Souffle de la tempête (Comes a Horseman, 1978) ; Merci d'avoir été ma femme (Starting Over, 1979) ; Une femme d'affaires (Rollover, 1981) ; le Choix de Sophie (Sophie's Choice, 1982) ; Dream Lover (1986) ; les Enfants de l'impasse (Orphans, 1987) ; See You in the Morning (1989) ; Présumé innocent (Presumed Innocent, 1990) ; Jeux d'adultes (Consenting Adults, 1992) ; l'Affaire Pélican (The Pelican Brief, 1993) ; Ennemis rapprochés (The Devil's Own, 1997).

PAL (Gyula György Marczincsák, dit George)

cinéaste américain d'origine hongroise (Cegléd, Autriche-Hongrie, 1908 - Los Angeles, Ca., 1980).

Technicien du cinéma d'animation, il réalise d'abord des films publicitaires à Budapest, puis à Berlin, où il est dessinateur pour le studio spécialisé de la UFA avant de créer sa propre société de production de courts-métrages d'animation et de publicité. Émigré aux Pays-Bas puis à Londres, il part en 1939 pour les États-Unis, où ses « Paramount Puppetoons » lui valent un Oscar en 1943. Sept ans plus tard, il est associé à certains des plus célèbres films de science-fiction de l'époque, dont il est le producteur : Destination Lune (I. Pichel, 1950) puis le Choc des mondes (When Worlds Collide, R. Maté, 1951) et la Guerre des mondes (B. Haskin, 1953), d'après Herbert George Wells. Autant de films qui témoignent à la fois d'excellents effets spéciaux et d'une étude intelligente du climat d'angoisse qui marque le cinéma d'anticipation de l'époque. Devenu son propre réalisateur, il signe en 1958 les Aventures de Tom Pouce (Tom Thumb) puis, deux ans plus tard, sa meilleure œuvre, la Machine à explorer le temps (The Time Machine, 1960), une nouvelle adaptation de Wells, avec Rod Taylor, et Yvette Mimieux dans le rôle de la blonde Weena. Suivront Atlantis, terre engloutie (Atlantis the Lost Continent, 1961) et les Amours enchantées (The Wonderful World of the Brothers Grimm, 1962) puis, enfin, The Seven Faces of Dr. Lao (1964).