SHAO ZUIWENG
producteur et réalisateur chinois (Ningbo, province du Zhejiang, 1896-1979).
Aîné des frères Shao ou Shaw (comprenant lui-même, Cunren, Renmei et Yifu), il est une figure importante du cinéma chinois à ses débuts. Après un diplôme de l'université de Shenzhou en 1914 et la pratique de plusieurs métiers, il prend en charge la direction d'une salle de cinéma à Shanghai, la Xiao wutai, en 1922. Parmi ses employés figurent les futurs fondateurs de la Mingxing, Zhang Shichuan et Zheng Zhengqiu. En 1925, pour assurer l'approvisionnement de sa salle, il décide de créer sa propre société de films, la Tianyi. Le premier long métrage produit, dont il assure personnellement la réalisation, Un changement de cœur (1925), est un énorme succès. En excellent homme d'affaires et cinéaste de talent, Shao puise l'inspiration de ses productions dans la littérature traditionnelle peuplée de fantômes et de chevaliers. Il parvient sans difficulté à franchir la révolution du son, produisant l'un des premiers films sonores chinois, Une histoire de chanteur (Li Pingqian, 1931). Ayant développé ses activités dans le Sud-Est asiatique et ne s'étant jamais engagé politiquement, il peut, lorsque la guerre sino-japonaise éclate, transférer à Hongkong sa société, qui devient alors la Nanyang. Il contribue alors, en compagnie de ses frères, à faire de la Shaw Brothers, créée en 1958, l'empire cinématographique de la colonie britannique.
SHARAFF (Irene)
costumière américaine (Boston, Mass., 1910 - New York 1993).
Après avoir travaillé pour la scène, elle devient l'assistante de la costumière Irène (1901-1962). Mais son goût pour la peinture, la netteté et l'harmonie de ses inventions font bientôt d'elle la collaboratrice privilégiée de Minnelli (le Chant du Missouri, 1944 ; Brigadoon, 1954). Elle ne se borne pas au costume, mais conçoit aussi pour Yolanda et le voleur (1945) le sol zébré de lignes ondulantes, pour Ziegfeld Follies (1946) la chinoiserie rococo et pour Un Américain à Paris (1951) les décors inspirés par les peintres. Dans Une étoile est née (Cukor, 1954), « Born in a Trunk » lui doit son style visuel. Trois films de Walter Lang, Appelez-moi Madame (1953), le Roi et moi (1956), Can Can (1960) marquent un sens de la magnificence vestimentaire qui triomphe dans les quelque soixante robes de Cléopâtre (Mankiewicz, 1960), sans compter les djellabas et les toges. Irene Sharaff publiera ses souvenirs en 1976 (Broadway to Hollywood).
SHARIF (Nur al-)
acteur égyptien (1946).
De plus en plus populaire, il tourne en moins de vingt ans dans près de 90 films. Diplômé de l'Institut du théâtre du Caire en 1967, sa carrière à l'écran, qui commence aussitôt, prend le pas sur ses activités d'acteur et de metteur en scène de théâtre — sans qu'il les abandonne. Son premier film, Qaṣr al-Shawq (1967), sous la houlette du prolifique Ħasan al-Imam, est le volet initial d'une trilogie inspirée par trois romans de Nagib Mahfuz (lauréat du prix Nobel de littérature 1988), chacune des œuvres ayant pour titre le nom d'un quartier du Caire : al-Sukkariyya (Imam, 1973), al-Uqmur (Hisham 'Abd al-Naṣr, 1978). Mais il ne se laisse pas enfermer dans la facilité, ni dans un type de rôle, ni dans un genre ; il n'hésite pas à accepter de jouer à contre-emploi, ni à prendre des risques avec le sujet, ou en aidant un jeune cinéaste que Pusy (l'actrice qu'il a épousée) et lui-même cautionnent ou dont ils coproduisent les films : al-Karnak, de ‘ Ali Badrakhan (1975), ‘ Une chatte sur un toit brûlant ’ (Qiṭa al-nar, de Samir Sayf, 1977), adaptation par Rafiq al-Sabban de la pièce de Tennessee Williams, en sont des exemples. Petit, râblé, vif, aussi à l'aise dans la parodie que dans l'émotion, dans la peau d'un chauffeur d'autobus (Sawwag al-autobis, de ' Ạtif al-Ṭayyib, 1982) que dans le rôle quasi mimétique que lui offre Chahin dans son autobiographique Mémoire (id.). Passionné par son travail, il défend d'autant plus les auteurs en marge et les scénarios susceptibles de sortir le film égyptien de ses habitudes paresseuses : Ma femme et le chien (S. Marzuq, 1970), ‘ la Peur ’ (id., 1972) ; il fait d'ailleurs montre d'un goût réel et pertinent — ou impertinent — pour la satire sociale : Rien n'a d'importance (H. Kamal, 1973), Ces gens de la haute ('Ali Badrakhan, 1982), ‘ l'Ère de Hatim Zahran ’ (Mohammal al-Naggar, 1987) et ‘ Jours de colère ’ (Mohammad Raḍi, 1989).
SHARIF (Michael Shalhoub, dit Omar [Umar ash-])
acteur égyptien (Alexandrie 1932).
D'origine syro-libanaise, c'est à Yusuf Chahin qu'il doit ses premiers rôles, notamment en vedette avec Faten Hamama (qu'il épouse) dans Ciel d'enfer (1954). Il tourne avec Atif Salim (‘ Tempête sur le Nil ’, 1959), et Baratier lui fait interpréter Goha le Simple, la même année. Il tourne dans ‘ Splendeur de l'amour ’ sous la direction de Salah Abu Sayf (1960). Le rôle du prince ‘ Ali dans Lawrence d'Arabie (D. Lean, 1962) lui vaut un Oscar et l'arrache définitivement aux studios du Caire pour une carrière internationale que son physique de jeune premier assez conventionnel facilite, sans pour autant révéler un comédien bien remarquable, dont l'impact populaire culmine de nouveau sous la direction de David Lean avec Docteur Jivago (1965). Il endosse ensuite l'inusable défroque romantique du Rodolphe de Mayerling (T. Young, 1968), puis la barbe et le béret de Guevara... (Che !, Fleischer, 1969). Ses compositions sont parfois honorables, mais il paraît plus intéressé par le bridge que par son métier. On peut citer encore : la Fabuleuse Aventure de Marco Polo (D. de La Patellière, 1965) ; Gengis Khan (H. Levin, id.) ; Funny Girl (W. Wyler, 1968) ; le Rendez-vous (S. Lumet, 1969) ; les Cavaliers (J. Frankenheimer, 1971) ; le Casse (H. Verneuil, id.) ; Top secret (B. Edwards, 1973) ; Funny Lady (H. Ross, 1975) ; Inchon (T. Young, 1981) ; les Possédés (A. Wajda, 1988) ; les Pyramides bleues (Arielle Dombasle, id.) ; Viaggio d'amore (Ottavio Fabbri, 1990), le Voleur d'arc-en-ciel (A. Jodorowsky, id.) ; Mayrig (H. Verneuil, 1991) ; 588 rue Paradis (id., 1992). 1989 avait vu son retour au cinéma égyptien avec le film du jeune cinéaste Hany Lâshîn : ‘ le Marionnettiste ’ (al-Araguz), après une première tentative avec ‘ Ayyoub ’ (1986).