Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MUET.

Film muet, film ne comportant pas de son. Cinéma muet, ou muet, période de l'histoire du cinéma où l'on ne savait réaliser que des films muets. ( SONORE [procédés de cinéma].)

MUGICA (René)

cinéaste argentin (Carhué, prov. de Buenos Aires, 1909).

Après un long assistanat, il accède à la mise en scène avec El centro forward murió al amanecer (1960), critique du monde sportif. Ses préoccupations littéraires sont illustrées par son film le plus connu, Hombre de la esquina rosada (1961), d'après Jorge Luis Borges. Il a été un éphémère directeur de l'Institut national du cinéma (1989).

MUIR (Jean Muir Fullerton, dite Jean)

actrice américaine (New York, N.Y., 1911 - Mesa, Ariz., 1996).

Après son succès à Broadway dans Saint Wench, en 1933, elle obtient un contrat à la Warner, qui l'emploie malheureusement dans des films sans grand relief. Quelques exceptions cependant comme Dr. Monica (W. Keighley, 1934), Desirable (A. Mayo, id.), le Songe d'une nuit d'été (W. Dieterle, 1935) ou And One was Beautiful (R.B. Sinclair, 1940) prouvent qu'elle a un talent qui ne demande qu'à être véritablement mis en valeur. Sa carrière cinématographique s'avérant décevante, elle reprend le chemin du théâtre dans les années 40. En 1950, elle doit se défendre contre le maccarthysme, qui l'accuse de sympathies communistes et la couche sur la « liste noire ». Après cette épreuve, elle affronte une grave crise morale qu'elle parvient à surmonter avant de réapparaître sur scène et à la télévision à partir de 1960.

MULHALL (John Joseph Francis Mulhall, dit Jack)

acteur américain (Wappingers Falls, N.Y., 1887 - Woodland Hills, Ca., 1979).

Il est probablement l'un des acteurs dont la présence à l'écran s'étend sur le plus grand nombre d'années. En effet, après avoir joué au théâtre, il aborde le cinéma dans les studios Edison puis dans ceux de la Biograph. À partir de 1913, on le rencontre dans d'innombrables films, et au cours des années 20, il joue les leading men face aux plus célèbres stars de l'époque. Il franchit sans trop de difficultés l'obstacle du parlant, obtient à partir de 1935 des rôles moins consistants mais apparaît aux génériques jusqu'à la fin des années 50. Dans une filmographie très prolifique, on peut retenir : Madame Spy (Douglas Gerrard, 1918), All of a Sudden Peggy (Walter Edwards, 1920), Molly O' (F. Richard Jones, 1921), Turn to the Right (R. Ingram, 1922), God Gave Me Twenty Cents (H. Brenon, 1927), Orchids and Ermine (A. Santell, 1927), Smile, Brother, Smile (John Francis Dillon, id.), Vendredi 13 (Black Friday, A. Lubin, 1940).

MÜLLER (Renate)

actrice allemande (Munich 1906 - Berlin 1937).

Elle fait d'abord du théâtre, où elle rencontre Reinhardt et Pabst, et débute au cinéma en 1928 chez Reinhold Schünzel (Peter der Matrose). C'est ce dernier qui lui offre ses plus grands rôles, notamment dans Viktor und Viktoria (1933) et Idylle au Caire (Saison in Kairo, 1933). Considérée en Allemagne comme le type même de la jeune femme distinguée, elle aura tourné 25 films avant sa mort précoce dans un hôpital berlinois, dont Concert de flûte à Sans-Souci (Das Flötenkonzert von Sans-Souci, G. Ucicky, 1930), la Guerre des valses (L. Berger, 1933), Eskapade (Erich Waschneck, 1936).

MÜLLER (Robert, dit Robby)

chef opérateur néerlandais (Willemstad, Curaçao, 1940).

Étudiant à la Nederlandse Filmacademie en 1962-1964, il se fait connaître principalement par sa collaboration aux travaux des élèves de l'École de cinéma de Munich, dont le plus célèbre est le film de Wenders Summer in the City (1970). Il dirige la photographie des films de ce cinéaste jusqu'à l'Ami américain, ce qui lui permet d'acquérir une excellente réputation en Europe. Il collabore également en Allemagne avec Geissendörfer (neuf films, dont Jonathan), Lilienthal, Handke, Reitz. Il retrouve Wenders en 1984 pour Paris, Texas (plus tard il figurera au générique de Jusqu'au bout du monde et de Buena Vista Social Club). Il participe à des tournages aux États-Unis, avec Alex Cox (Repo Man, 1984), Barbet Schroeder (Barfly, 1987) et surtout Jarmusch : Down by Law, Mystery Train, Dead Man, Ghost Dog. Il tourne principalement en Allemagne et aux États-Unis (toujours dans des productions indépendantes), et collabore notamment à Par-delà les nuages (Antonioni et Wenders, 1995) et aux films de Lars von Trier (Breaking the Waves, 1996, et Dancer in the Dark). Il n'a travaillé qu'occasionnellement sur des films tournés dans son pays : Opname (Marja Kok et Erik van Zuylen, 1979), Zwoele zomeravond (Frans Weisz, 1982), Hoogste tijd (F. Weisz, 1995).

MULLIGAN (Robert)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1925).

Fils d'un policier new-yorkais, il interrompt des études théologiques pour faire la guerre comme radio dans les Marines, puis devient journaliste à la CBS et, dès les années 50, est un réalisateur de TV connu. Par moments, dans sa carrière de cinéaste, on retrouvera le style en grisaille du « petit écran ». Il se montre pourtant un cinéaste attentif à la caractérisation psychologique de ses personnages et à leur présence physique, à leur rapport à un espace parfois complexe (Escalier interdit), parfois vidé de tout au profit de la violence (l'Homme sauvage) ou du pur sentiment (le Sillage de la violence). Traitant de préférence des histoires de « marginaux » qui restent tels même en s'intégrant à la société en équilibre instable, son style unit de même une fluidité (qui peut aller jusqu'à la pudeur du « classicisme » américain) avec des notes modernistes de bon aloi. Il a signé quelques comédies qui, après un début brillant, deviennent somnolentes : ce n'est pas son genre. La collaboration de Pakula à ses meilleurs films pose un problème que résout l'examen des films de Pakula seul : ils ne se ressemblent pas. Parmi les réussites de Mulligan, il faut noter le mélancolique Été 42, l'élégant et primesautier Daisy Clover, et enfin un film fantastique qui, à quelques détails près, réussit sans supercherie à nous faire croire à une psychose de dédoublement : l'Autre. Mais le soin apporté par Mulligan à ses réalisations ne l'a pas préservé de plusieurs échecs commerciaux. C'est ce qui l'amène à se retirer en 1982, après l'obscur Kiss me Goodbye. En revanche, il revient contre toute attente en 1988 avec d'abord Clara's Heart, réussite mineure où Whoopi Goldberg est plus nuancée qu'à l'ordinaire, et surtout avec Un été en Louisiane (The Man in the Moon, 1991), l'un de ses meilleurs films. Dans cette chronique rurale, plastiquement superbe, émouvante et silencieuse, son talent du clair-obscur et de la demi-teinte se déploie pleinement.