GARLAND (Frances Gumm, dite Judy) (suite)
Sidney Luft l'épouse et la tire un moment du gouffre. Elle fait sensation au Palladium de Londres dans un spectacle scénique légendaire. En 1954, Luft produit le colossal Une étoile est née, où, sous la direction de George Cukor, Judy Garland assume magnifiquement sa composition la plus vraie, la plus brûlante et la plus personnelle. Il est vrai que cette histoire de vedette de cinéma naissante qui aime à la folie son mari, Pygmalion suicidaire sur le déclin, tient d'un terrifiant psychodrame... Impossible d'oublier l'harmonie magique que Judy engendre dans un cabaret endormi en entonnant The Man that Got Away, ou son assurance sans faille quand elle raconte un jour de tournage mouvementé dans Somewhere’ There's a Someone. En dehors de son excellence même, Une étoile est née reste le document le plus riche sur l'unique Judy Garland.
Après, elle se jette, hélas ! à corps perdu dans une relation amour/haine avec le music-hall, alternant chutes et triomphes. Au cinéma, on la voit, bouffie et sans maquillage, mais émouvante, dans la courte création inattendue d'une ménagère détruite par le nazisme dans Jugement à Nuremberg (1961). Puis elle est l'éducatrice trop tendre d'un enfant mongolien dans A Child Is Waiting (1963). La même année, elle termine sa carrière cinématographique avec un mélodrame musical de Ronald Neame, l'Ombre du passé, tourné en Angleterre. Elle meurt en 1969, d'un excès (accidentel) de tranquillisants.
Un phénomène du siècle certainement, comme Édith Piaf ou Marilyn Monroe. Le plus étonnant est que la dimension tragique du personnage n'est présente à l'écran que par défaut : elle a presque toujours incarné, surtout dans ses meilleurs films, un symbole de joie de vivre et de stabilité dont le déséquilibre n'est qu'allusif. Mais Judy a eu la chance de trouver en face d'elle des Minnelli et des Cukor pour fixer à jamais ces infimes discordances qui font le génie.
Deux de ses enfants, Lorna Luft et surtout Liza Minnelli, ont suivi ses traces.
Films
Every Sunday (CM) ; Pigskin Parade (D. Butler, 1936) ; Broadway Melody of 1938 (R. Del Ruth, 1937) ; Thoroughbreds Don't Cry (A. E. Green, id.) ; Everybody Sings (Edward L. Marin, 1938) ; L'amour frappe Andy Hardy (Love Finds Andy Hardy, G. B. Seitz, id.) ; Listen Darling (Marin, id.) ; le Magicien d'Oz (V. Fleming, 1939) ; Place au rythme (B. Berkeley, id.) ; Andy Hardy Meets Debutante (Seitz, 1940) ; En avant la musique (Berkeley, id.) ; Little Nellie Kelly (N. Taurog, id.) ; la Danseuse des Folies Ziegfeld (R. Z. Leonard, 1941) ; Life Begins for Andy Hardy (Seitz, id.) ; Débuts à Broadway (Berkeley, id.) ; We Must Have Music (CM, 1942) ; Pour moi et ma mie (Berkeley, id.) ; Lily Mars, vedette (Presenting Lily Mars, Taurog, 1943) ; Girl Crazy (id., id.) ; Parade aux étoiles (G. Sidney, id.) ; le Chant du Missouri (V. Minnelli, 1944) ; The Clock (id., 1945) ; The Harvey Girls (Sidney, 1946) ; Ziegfeld Follies (Minnelli, id.) ; la Pluie qui chante (Till the Clouds Roll By, Richard Whorf, id.) ; le Pirate (Minnelli, 1948) ; Parade de printemps (Ch. Walters, id.) ; Ma vie est une chanson (Words and Music, Taurog, id.) ; In the Good Old Summertimes (Leonard, 1949) ; la Jolie Fermière (Walters, 1950) ; Une étoile est née (Cukor, 1954) ; Pepe (Sidney, 1960, caméo) ; Jugement à Nuremberg (S. Kramer, 1961) ; Gay Purr-ee (Abe Leviton, DA, voix de J. G., 1962) ; Un enfant attend (J. Cassavetes, 1963) ; l'Ombre du passé (I Could Go on Singing / The Lonely Stage, R. Neame, id.).