écrivain et cinéaste française (Gia-dinh, Cochinchine, 1914 – Paris 1996).
Elle fait des études de mathématiques, de droit et de sciences politiques. Très tôt, elle écrit des romans, dont plusieurs sont adaptés au cinéma (par ex. : Barrage contre le Pacifique, R. Clément, 1958 ; Moderato cantabile, Peter Brook, 1960).
Mais c'est de sa collaboration avec Resnais pour Hiroshima mon amour (1959) que date sa vraie rencontre avec le cinéma. Cette histoire d'amour fou, qui annonce le cycle d'India Song, où l'oubli menace la mémoire (comme dans le scénario d'Une aussi longue absence écrit pour Henri Colpi en 1961), présente déjà le dépouillement des textes suivants. Elle passe elle-même derrière la caméra pour adapter, en 1966, sa pièce la Musica (CO Paul Seban), puis, en 1969, Détruire, dit-elle et, en 1971, Abahn Sabana David (sous le titre Jaune le soleil). Après Nathalie Granger (1973), filmé avant d'être publié, elle réalise la Femme du Gange (1974). Dans India Song, d'abord écrit pour le théâtre, puis adapté à la radio en 1971, publié en 1973 et filmé en 1974-75, l'histoire d'Anne-Marie Stretter (Delphine Seyrig) ou celle du vice-consul (Michael Lonsdale), empruntées à plusieurs romans antérieurs, sont portées par une bande-son où plusieurs couches de voix off alternent avec la musique de Carlos d'Alessio. En 1976, année où elle réalise Baxter, Véra Baxter et adapte pour la télévision sa pièce Des journées entières dans les arbres (avec Madeleine Renaud), elle filme pour cette bande-son une autre bande-image — les façades délabrées, les pièces vides de Son nom de Venise dans Calcutta désert —, scellant ainsi l'autonomie des deux bandes qui caractérisera désormais la plupart de ses films, du Navire Night (1979) à l'Homme atlantique (1981) et au Dialogue de Rome (Il Dialogo di Roma, 1983). C'est que, comme le montre en 1977 le Camion, film du « gai désespoir », où elle apparaît lisant elle-même son texte, l'écrivain ne se résigne plus aux « pesanteurs » du jeu d'acteurs. Les images (filmées maintenant par Bruno Nuytten, Pierre Lhomme, etc.) n'établissent plus que des correspondances avec le texte. Ainsi s'élabore, avec peu d'argent, un cinéma qui paraît constituer au début des années 80, aux côtés de celui de Jean-Marie Straub, de Chantal Akerman ou de Jean-Luc Godard, l'une des figures de la modernité. En 1985, elle réalise les Enfants.