Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DUPONT (Ewald Andreas) (suite)

Autres films :

Die Geierwally (1921) ; Kinder der Finsternis (deux époques, 1921) ; Die grüne Manuela (1923) ; Der Demütige und die Sängerin (1925) ; Cape Forlorn (GB, version all. : Menschen im Käfig, 1931) ; Peter Voss, der Millionendieb (1932, remake d'un film muet de Georg Jacoby) ; Der Läufer von Marathon (1933) ; The Bishop Misbehaves (US, 1935).

DUR.

Fortement contrasté, s'agissant d'une image ou d'un négatif.

DURÁN (Ciro)

cinéaste colombien (Convención, Santander, 1937).

Ni les études de théâtre ni la publicité ne le prédisposaient au documentaire : c'est pourtant le genre qui le fait remarquer dans les festivals (Corralejas de Sincelejo, co-réalisé par Mario Mitrotti, 1974 ; La guerra del centavo, 1985). Le long métrage Gamín (1977) devient un classique du constat social, en prenant comme sujet une des plaies du tiers-monde, les enfants des rues : Ciro Durán décrit les expédients et les petits larcins grâce auxquels ils survivent, livrés à eux-mêmes dans la jungle en béton. L'Unicef lui confie d'ailleurs un des épisodes de How Are the Kids ? (1991). Ses incursions dans la fiction, depuis Aquileo Venganza (1968), sont moins convaincantes. Pour cela, il met sur pied des coproductions internationales, d'abord avec les États-Unis (Tropical Snow/Nieve tropical, 1989), puis avec le G 3, groupe formé par la Colombie, le Venezuela et le Mexique (La nave de los sueños, 1997). Il reconstitue ainsi un spectaculaire fait d'armes de la guérilla, la prise de l'ambassade dominicaine par le M-19 (La toma de la embajada, 2000).

DURÁN (Rafael)

acteur espagnol (Madrid 1911 - Séville 1994).

Il débute sur l'écran dans Rosario la cortijera (León Artola, 1935) et obtient une large consécration grâce à La tonta del bote (Gonzalo Delgrás, 1940). Il est un des comédiens les plus populaires de la décennie suivante. Apprécié pour sa prestance de galant homme, il interprète convenablement les rôles dramatiques (El Clavo, R. Gil, 1944). Son nom disparaît peu à peu au cours des années 50.

DURAND (Jean)

acteur et cinéaste français (Paris 1882 - id. 1946).

Venu du café-concert, il entre chez Pathé en 1908, puis à la Lux, enfin chez Gaumont (1909-1914), où il joue et dirige la fameuse série des Calino, entouré d'une troupe de comiques cascadeurs, les Pouics (dont font partie Aimos et Gaston Modot). Il réalise la série des Zigoto (1911), puis celle des Onésime dans le même esprit de loufoquerie délirante et de saccage apocalyptique qui annonçait Mack Sennett et ses Keystone Cops et conserve, dans son culte de l'« hénaurme » et de l'absurde, un accent très moderne. En même temps, il tourne avec Joe Hamman des imitations de westerns : la Prairie en feu (1907), Arizona Bill (1909), l'Attaque d'un train (1910). Après la guerre, il dirige la série des Serpentin (jouée par Marcel Lévesque), ainsi que quelques longs métrages : Face aux Loups (1926), l'Île d'amour (1928), la Femme rêvée (1929).

DURANTE (James Francis, dit Jimmy)

acteur américain (New York, N. Y., 1893 - Los Angeles, Ca., 1980).

Extrêmement populaire au cabaret, au music-hall, puis à la télévision, son entrain et sa vitalité prodigieuse (il interprétait tour à tour les comiques italien, irlandais et yiddish avec une faconde intarissable et un accent inimitable) lui valurent de prolonger sa carrière jusque dans les années 70. Bien qu'il eût promené sa silhouette et son célèbre nez à Hollywood dès 1930, le cinéma ne l'exploita vraiment que dans quelques comédies farfelues (Deux jeunes filles et un marin, R. Thorpe, 1944) et encore en bridant sa folie. On l'a revu en guest-star dans la Plus Belle Fille du monde (Ch. Walters, 1962) et Un monde fou, fou, fou ! (S. Kramer, 1963).

DURANTI (Dora Franca Duranti, dite Doris)

actrice italienne (Livourne 1917 - Saint-Domingue 1995).

Après quelques figurations, sa beauté insolente lui vaut un rôle de protagoniste dans Sentinelle di bronzo de Romolo Marcellini (1936) où elle interprète un personnage d'Africaine noire. Commence alors pour elle une carrière de séductrice dans des films souvent médiocres. Bien dirigée, elle témoigne d'un certain talent et fait preuve d'une présence physique jugée scandaleuse, comme dans Carmela, de Flavio Calzavara (1942), où elle exibe sa poitrine nue. Autres titres mémorables dans une filmographie abondante, Sotto la croce del Sud (G. Brignone, 1938), Ricchezza senza domani (F.M. Poggioli, 1939), Cavalleria rusticana (A. Palermi, id.), Tragica notte (M. Soldati, 1941), Il re si diverte (M. Bonnard, id.), Giarabub (G. Alessandrini, 1942), La contessa Castiglione (F. Calzavara, id.), Nessuno torna indietro (A. Blasetti, 1943). Spécialisée dans les rôles de femme fatale, de courtisane ou de pécheresse non repentie, Doris Duranti défraye la chronique par ses relations avec les dignitaires du fascisne, notamment Alessandro Pavolini, ministre de la Culture populaire dont elle est ouvertement la maîtresse. À la Libération, elle se réfugie en Suisse, puis en Amérique latine. Au début des années 50, elle revient en Italie pour tenter de reprendre sa carrière et apparaît dans une dizaine de films dont Il voto (M. Bonnard, 1950) et la Minute de vérité (J. Delannoy, 1952). L'échec de ce come-back la ramène à Saint-Domingue d'où elle continue à attirer l'attention en ne reniant rien de ses anciennes convictions politiques, comme en témoignent ses confidences à la presse ou un livre de souvenirs publié en 1987, Potevo avere di più (Je pouvais avoir davantage).

DURAS (Marguerite Donnadieu, dite Marguerite)

écrivain et cinéaste française (Gia-dinh, Cochinchine, 1914 – Paris 1996).

Elle fait des études de mathématiques, de droit et de sciences politiques. Très tôt, elle écrit des romans, dont plusieurs sont adaptés au cinéma (par ex. : Barrage contre le Pacifique, R. Clément, 1958 ; Moderato cantabile, Peter Brook, 1960).

Mais c'est de sa collaboration avec Resnais pour Hiroshima mon amour (1959) que date sa vraie rencontre avec le cinéma. Cette histoire d'amour fou, qui annonce le cycle d'India Song, où l'oubli menace la mémoire (comme dans le scénario d'Une aussi longue absence écrit pour Henri Colpi en 1961), présente déjà le dépouillement des textes suivants. Elle passe elle-même derrière la caméra pour adapter, en 1966, sa pièce la Musica (CO Paul Seban), puis, en 1969, Détruire, dit-elle et, en 1971, Abahn Sabana David (sous le titre Jaune le soleil). Après Nathalie Granger (1973), filmé avant d'être publié, elle réalise la Femme du Gange (1974). Dans India Song, d'abord écrit pour le théâtre, puis adapté à la radio en 1971, publié en 1973 et filmé en 1974-75, l'histoire d'Anne-Marie Stretter (Delphine Seyrig) ou celle du vice-consul (Michael Lonsdale), empruntées à plusieurs romans antérieurs, sont portées par une bande-son où plusieurs couches de voix off alternent avec la musique de Carlos d'Alessio. En 1976, année où elle réalise Baxter, Véra Baxter et adapte pour la télévision sa pièce Des journées entières dans les arbres (avec Madeleine Renaud), elle filme pour cette bande-son une autre bande-image — les façades délabrées, les pièces vides de Son nom de Venise dans Calcutta désert —, scellant ainsi l'autonomie des deux bandes qui caractérisera désormais la plupart de ses films, du Navire Night (1979) à l'Homme atlantique (1981) et au Dialogue de Rome (Il Dialogo di Roma, 1983). C'est que, comme le montre en 1977 le Camion, film du « gai désespoir », où elle apparaît lisant elle-même son texte, l'écrivain ne se résigne plus aux « pesanteurs » du jeu d'acteurs. Les images (filmées maintenant par Bruno Nuytten, Pierre Lhomme, etc.) n'établissent plus que des correspondances avec le texte. Ainsi s'élabore, avec peu d'argent, un cinéma qui paraît constituer au début des années 80, aux côtés de celui de Jean-Marie Straub, de Chantal Akerman ou de Jean-Luc Godard, l'une des figures de la modernité. En 1985, elle réalise les Enfants.