BLAVETTE (Charles)
acteur français (Marseille 1902 - Suresnes 1967).
L'année de ses débuts (1934) lui est bénéfique : il obtient le rôle principal de Toni (J. Renoir, 1935) et campe deux silhouettes typiques (Joffroi et Angèle de Marcel Pagnol). Comédien chaleureux et sincère, on le remarque tout particulièrement dans la Femme du boulanger (Pagnol, 1938), Remorques (J. Grémillon, 1941 [RÉ 1939-40]), la Fille du puisatier (Pagnol, 1940). Renoir ne l'oublie pas : La vie est à nous (1936), la Marseillaise (1938), le Déjeuner sur l'herbe (1959) ; ni Pagnol : Regain (1937), le Schpountz (1938), Naïs (1946), Manon des sources (1953) ; et il figure dans Quai des Orfèvres (H.-G. Glouzot, 1947), l'Eau vive (François Villiers, 1958) et Une aussi longue absence (H. Colpi, 1961).
BLECH (Hans Christian)
acteur allemand (Darmstadt 1915 - Munich 1993).
Acteur de théâtre, il fait ses débuts au cinéma à Berlin-Est en 1948 (l'Affaire Blum [Affäre Blum] d'Erich Engel) et devient célèbre dans le rôle de Pazek de la série des 08/15, trois films de Paul May (1954-55). Il fait une grande carrière théâtrale et, le cinéma allemand de l'époque ne pouvant lui convenir, il tourne peu. Ses plus grandes créations sont celles de l'Enclos (A. Gatti, 1961) et de la Rancune (B. Wicki, 1964). À partir de 1970, ses activités théâtrales se déroulent surtout à Munich, et il apparaît dans les films de plusieurs nouveaux cinéastes : la Lettre écarlate (W. Wenders, 1972), Faux Mouvement (id., 1975), Winterspelt (Eberhard Fechner, 1977), le Couteau dans la tête (R. Hauff, 1978), le Huitième jour (The 8th Day, Reinhard Münster, 1990).
BLIER (Bernard)
acteur français (Buenos Aires, Argentine, 1916 - Paris 1989).
Fils d'un biologiste de l'Institut Pasteur et né au cours d'une mission de ce dernier en Amérique du Sud, Bernard Blier fait ses études au lycée Condorcet. Rêvant de devenir comédien, il s'inscrit au cours de Raymond Rouleau et de Julien Bertheau, est recalé à trois reprises à l'examen d'entrée au Conservatoire, avant d'être enfin admis, grâce aux encouragements de Louis Jouvet. Déjà le cinéma le réclame : en 1937, il débute dans Trois, six, neuf de Raymond Rouleau et Gribouille de Marc Allégret. Au théâtre, on le voit dans Mailloche et l'Amant de paille. Marcel Carné lui confie le rôle de l'éclusier d'Hôtel du Nord, en 1938. La même année, il est de l'équipe d'Entrée des artistes aux côtés du « patron » Jouvet. Pendant la guerre, démobilisé, il accumule les rôles de composition, à l'écran (le plus pittoresque étant celui du neveu ahuri de Marie-Martine, auquel Saturnin Fabre intime de tenir sa bougie... droite !) et à la scène (Mamouret, Mademoiselle de Panamá). En 1947, il s'impose dans le rôle du pianiste paumé de Quai des Orfèvres, de H.-G. Clouzot (de nouveau avec Jouvet). Ses prestations contrastées de Dédée d'Anvers (un mauvais garçon), Manèges (un mari minable) et l'École buissonnière (un jeune instituteur aux idées d'avant-garde) achèvent de lui valoir la notoriété. Sa rondeur bonasse et parfois inquiétante sera utilisée, dans les années 50, par Jean-Paul Le Chanois (Sans laisser d'adresse, Agence matrimoniale, les Misérables, où il campe un convaincant Javert), Georges Lampin (les Anciens de Saint-Loup, Crime et Châtiment), André Cayatte (Avant le déluge, le Dossier noir), Julien Duvivier (l'Homme à l'imperméable, Marie-Octobre) et bien d'autres, de Sacha Guitry à Berthomieu. Son physique à la Gino Cervi attire l'attention des Italiens, qui l'emploient habilement dans la Grande Guerre (M. Monicelli) et le Bossu de Rome (C. Lizzani). Il continuera par la suite à se partager entre la France et l'Italie, alternant avec aisance les rôles de grand bourgeois, de truand, de ganache et de cabot solennel. Michel Audiard et Jean Yanne le prennent comme mascotte dans presque tous leurs films. On est en droit de préférer ses interprétations plus nuancées chez Robin Davis (Ce cher Victor), Alain Corneau (Série noire) ou récemment Luigi Comencini (Eugenio).
Bernard Blier a deux enfants : Brigitte et Bertrand, devenu romancier et cinéaste (il a dirigé son père dans Si j'étais un espion, Calmos et Buffet froid). Bernard Blier a obtenu en 1973 le prix Balzac, au théâtre, pour son rôle dans le Faiseur.
Films :
Trois, six, neuf (R. Rouleau, 1937) ; Gribouille (M. Allégret, id.) ; Altitude 3 200 (J. Benoît-Lévy et M. Epstein, 1938) ; Entrée des artistes (M. Allégret, id.) ; Hôtel du Nord (M. Carné, id.) ; Le jour se lève (id., 1939) ; l'Enfer des Anges (Christian-Jaque, id.) ; Premier Bal (id., 1941) ; l'Assassinat du Père Noël (id., id.) ; la Symphonie fantastique (id., 1942) ; le Mariage de Chiffon (C. Autant-Lara, id.) ; la Nuit fantastique (M. L'Herbier, id.) ; Carmen (Christian-Jaque [RÉ : 1943], 1945) ; Marie-Martine (A. Valentin, id.) ; les Petites du quai aux Fleurs (M. Allégret, 1944) ; Seul dans la nuit (Christian Stengel, 1945) ; Messieurs Ludovic (J.-P. Le Chanois, 1946) ; le Café du Cadran (Jean Gehret, 1947) ; Quai des Orfèvres (H.-G. Clouzot, id.) ; Dédée d'Anvers (Y. Allégret, 1948) ; D'homme à hommes (Christian-Jaque, id.) ; les Casse-Pieds (J. Dréville, id.) ; l'École buissonnière (Le Chanois, 1949) ; Monseigneur (Roger Richebé, id.) ; l'Invité du mardi (J. Deval, 1950) ; la Souricière (H. Calef, id.) ; Manèges (Y. Allégret, id.) ; les Anciens de Saint-Loup (G. Lampin, id.) ; Souvenirs perdus (Christian-Jaque, id.) ; Sans laisser d'adresse (Le Chanois, 1951) ; la Maison Bonnadieu (Carlo Rim, id.) ; Agence matrimoniale (Le Chanois, 1952) ; Je l'ai été trois fois (S. Guitry, 1953) ; Avant le déluge (A. Cayatte, 1954) ; le Dossier noir (id., 1955) ; les Hussards (A. Joffé, id.) ; Mère Courage (Mutter Courage und ihre Kinder, W. Staudte, non achevé, id.) ; Crime et Châtiment (Lampin, 1956) ; l'Homme à l'imperméable (J. Duvivier, 1957) ; Retour de manivelle (D. de La Patellière, id.) ; les Misérables (Le Chanois, 1958) ; Sans famille (A. Michel, id.) ; les Grandes Familles (La Patellière, id.) ; Marie-Octobre (Duvivier, 1959) ; la Grande Guerre (La grande guerra, M. Monicelli, id.) ; Archimède le clochard (G. Grangier, id.) ; le Bossu de Rome (Il Gobbo, C. Lizzani, 1960) ; Arrêtez les tambours (G. Lautner, id.) ; le Président (H. Verneuil, id.) ; Vive Henri IV, vive l'amour (Autant-Lara, 1961) ; Le cave se rebiffe (Grangier, id.) ; le Septième Juré (G. Lautner, 1962) ; Germinal (Y. Allégret, 1963) ; les Camarades (I compagni, Monicelli, id.) ; Cent Mille Dollars au soleil (H. Verneuil, id.) ; les Tontons flingueurs (Lautner, id.) ; le Cocu magnifique (Il magnifico cornuto, A. Pietrangeli, 1964) ; les Barbouzes (Lautner, 1965) ; l'Étranger (Lo straniero, L. Visconti, 1967) ; Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (Riusciranno i nostri eroi a ritrovare l'amico misteriosamente scomparso in Africa ?, E. Scola, 1968) ; Mon oncle Benjamin (E. Molinaro, 1969) ; le Distrait (P. Richard, 1970) ; le Grand Blond avec une chaussure noire (Y. Robert, 1972) ; Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (J. Yanne, id.) ; Moi, y en a vouloir des sous (id., 1973) ; Ce cher Victor (Robin Davis, 1975) ; Mes chers amis (Amici miei, Monicelli, id.) ; Calmos (Bertrand Blier, 1976) ; le Corps de mon ennemi (Verneuil, id.) ; Nuit d'or (S. Moati, 1977) ; Série noire (A. Corneau, 1979) ; Buffet froid (Bertrand Blier, id.) ; Eugenio (L. Comencini, 1980) ; Mes chers amis, numéro 2 (M. Monicelli, 1982) ; Pourvu que ce soit une fille (id., 1986) ; Je hais les acteurs (G. Krawczyk, id.) ; Mangeclous (Moshe Mizrahi, 1988) ; les Possédés (A. Wajda, id.), Migrations (A. Petrović, 1989 [1994]).