ALLYSON (Ella Geisman, dite June)
actrice américaine (Bronx, N. Y., 1917).
Modeste comédienne à Broadway, elle est engagée par Arthur Freed avec plusieurs acteurs de Best Foot Forward, pour le film qu'en tirera Edward Buzzell (1943). Débutant dans Girl Crazy (N. Taurog, 1943), elle chante et danse notamment dans Du burlesque à l'opéra (H. Koster, 1946) et Vive l'amour (Ch. Walters, 1947). La MGM, qui détermine sa carrière, fait d'elle l'une des vedettes les plus populaires aux États-Unis dans les années 50. L'allègre ingénue se change en fille sage (les Quatre Filles du docteur March, M. LeRoy, 1949) ou en femme honnête mais charmante (les Trois Mousquetaires, G. Sidney, 1948), voire piquante (Drôle de meurtre, D. Weis, 1953). Dans le drame, inébranlable compagne d'un homme éprouvé (le Cirque infernal, R. Brooks, 1953 ; la Tour des ambitieux, R. Wise, 1954), elle soutient le courage de James Stewart dans Un homme change son destin (S. Wood, 1949) et deux films d'Anthony Mann, Romance inachevée (1954) et Strategic Air Command (1955). Du film de J. Negulesco, Les femmes mènent le monde (1954) aux Amants de Salzbourg (D. Sirk, 1957), son exemplaire abnégation ne se dément pas. Après Stranger in My Arms (H. Käutner, 1959), elle ne fera guère qu'un bref retour à l'écran (They Only Kill Their Masters, James Goldstone, 1972 ; New York ne répond plus [New York Blackout], Eddy Matalon, CAN-FR-GB, 1978). Sa vivacité dans la comédie, son aisance, la spontanéité de son sourire et la gentillesse de sa voix lui permettent de composer une figure résolue et vertueuse, mais malicieuse et sympathique.
ALMEIDA (Acácio de)
chef opérateur portugais (Souto [Beira Alta] 1938).
Il est en 1964 l'assistant de Jean Rabier sur les Îles enchantées de Carlos Vilardebó puis travaille avec João Moreira, Elso Roque, Augusto Cabrita. Il signe sa première prestation comme directeur de la photographie en 1967 (Sete Balas para Selma d'Antonio de Maredo) et devient au cours des années 70 et 80 le plus grand magicien (avec Elso Roque) de la lumière portugais. Il a travaillé notamment avec António Da Cunha Telles (O Cerco, 1969 ; Pandora, 1993), João Cesar Monteiro (Qui court après les souliers d'un mort meurt nu-pieds, 1970 ; Chemins de traverse, 1977 ; Silvestre, 1981 ; A Flor do Mar, 1986), Manoel de Oliveira (le Passé et le Présent, 1971), Alberto Seixas Santos (Brandos Costumes, 1974 ; Mal, 1999), Antonio Reis et Margarida Cordeiro (Tras-os-Montes, 1975 ; Ana, 1982 CO E. Roque ; Désert rose, 1988), Rui Simões (Deus, Pátria, Autoridado, 1975), António Campos (Histoires sauvages, 1978 ; Terra Fria, 1992), Paulo Rocha (l'Île des amours, CO E. Roque et K. Okasaki, 1982), João Botelho (Conversa ácabada, 1981 ; Un adieu portugais, 1985), Raul Ruiz (le Territoire, id. ; la Ville des pirates, 1983 ; l'Île au trésor, 1985 ; Combat d'amour en songe, 2000), Alain Tanner (Dans la ville blanche, 1982 ; Une flamme dans mon cœur, 1987), Christine Laurent (Vertiges, 1984), Jacques Rozier (Maine-Océan, id.), Jose Fonseca e Costa (Ballade de la plage des chiens, 1986), Jorge Silva Melo (Agosto, id.), Fiorella Infascelli (La Maschera, 1988), Marion Hänsel (Maestro, 1989), Nadine Trintignant (Fugueuses, 1995), Teresa Villaverde (Os mutantes, 1998), Valeria Sarmiento (l'Inconnu de Strasbourg, 1998), Mario Camus (La ciudad de los prodigios, 1999).
ALMENDROS (Nestor)
chef opérateur français d'origine espagnole (Barcelone, Catalogne, 1930 - New-York, 1992).
Il découvre le cinéma au ciné-club de Barcelone et rejoint en 1948 son père exilé à La Havane. Il y étudie les lettres et la philosophie et réalise quelques films d'amateur, dont Una confusión cotidiana (1949) avec Thomas Gutiérrez Alea. Il suit les cours de Hans Richter à New York, puis ceux du Centro Sperimentale, à Rome en 1956. De retour à New York, il y réalise 58-59 (1959), avant de regagner Cuba après la chute de Batista pour y réaliser ou éclairer une vingtaine de courts métrages documentaires. Il s'exile à nouveau en 1961 et s'installe en France, où son film Gente en la playa (1961), interdit par la bureaucratie cubaine, lui permet de se lier avec les réalisateurs de la Nouvelle Vague. Il va s'imposer comme l'un des chefs opérateurs les plus doués de sa génération par les succès de la Collectionneuse (É. Rohmer, 1967) et More (B. Schröder, 1969). Sa carrière se partage depuis entre la France, où il dirige la photographie des films de Rohmer, Schröder ou Truffaut (l'Enfant sauvage, 1970), et les États-Unis, où il a obtenu de grands succès avec les Moissons du ciel (T. Malick, 1978), film pour lequel il a reçu l'Oscar, ou Kramer contre Kramer (R. Benton, 1979). C'est par excellence l'homme des tournages en extérieurs réels : il sait tirer le meilleur parti des éclairages naturels, et son exigence plastique ne sacrifie jamais l'authenticité de la lumière. Son travail en studio pour Perceval le Gallois (Rohmer, 1979) est moins convaincant, et l'on peut préférer les superbes images inspirées des peintres du XVIIIe siècle dans la Marquise d'O (id., 1976) ou les glauques profondeurs de la Chambre verte (F. Truffaut, 1978). Très actif, il signe ensuite les prises de vues des films suivants : le Dernier métro (Truffaut, 1980), le Choix de Sophie (A. Pakula, 1982), Pauline à la plage (Rohmer, id.), Vivement dimanche (Truffaut, 1983), les Saisons du cœur (Benton, 1984), la Brûlure (M. Nichols, 1985), Billy Bathgate (Benton, 1991). Il a publié avec Un homme à la caméra (1980) un passionnant document sur son métier. Il a également réalisé deux documentaires critiques sur Cuba : Mauvaise conduite (Improper Conduct/Conducta impropria, CO Orlando Jiménez Leal, 1984) et Personne ne voulait entendre (Nadie escucha, CO Jorge Ulla, 1988). À titre posthume paraît un recueil d'écrits, Cinemania (1992), préfacé par Scorsese.
ALMIRANTE MANZINI (Italia)
actrice italienne (Tarente 1890 - São Paulo, Brésil, 1941).
Après des débuts au théâtre, elle apparaît à l'écran en 1911 dans Gerusalemme liberata, de Guazzoni. La notoriété lui vient dès 1914 grâce au rôle de Sophonisbe dans Cabiria, de Pastrone. Actrice aux allures nobles et au port de tête majestueux, elle est le prototype de l'héroïne dannunzienne, de la femme partagée entre la tentation et le renoncement sublime, entre l'artifice des apparences et la violence souterraine des passions. Il poeta e la donna, Sul limite della follia, Amazzone macabra, La figlia della tempesta, Voluttà di morte (tous de 1916), Maternità (1917), Ironia della vita (id.) sont autant de films qui expriment le goût décadent et mélodramatique de l'époque. En 1918, elle interprète son film le plus célèbre, Femina, de Genina, dans lequel elle incarne une femme fatale qui détruit l'inspiration d'un jeune sculpteur. En 1919, elle fonde sa propre maison de production, la Manzini Film, mais les œuvres réalisées n'atteignent pas le succès des films précédents. Après quelques titres de moindre intérêt comme Hedda Gabler (1919) de Pastrone, L'orizzontale (id.) de Righelli, La statua di carne (1921) et L'arzigogolo (1924) de Mario Almirante, elle abandonne le cinéma en 1926. Émigrée au Brésil, elle connaît jusqu'à sa mort un certain succès sur les scènes brésiliennes.