Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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HOLDEN (William Franklin Beedle, dit William) (suite)

Appelé sous les drapeaux en 1943, il retourne à la vie civile en 1945. Après un redémarrage difficile, sa carrière adopte un cours régulier, au prix de sacrifices répétés à la routine. Holden s'essaie avec persévérance aux genres les plus divers (western, film noir, comédie), mais ne parvient pas à trouver un emploi marquant. C'est alors qu'en 1950 Billy Wilder (se souvenant peut-être de ses réussites antérieures avec des acteurs également « incolores » comme Fred MacMurray et Ray Milland) lui propose le rôle du scénariste déchu de Sunset Boulevard. À la grandiloquence expressionniste de Gloria Swanson, le réalisateur va opposer, magistralement, la réserve ambiguë de Holden (et confronter ainsi l'extravagance des années 20 au cynisme des années 50). Holden émerge à la fois comme le vainqueur et le perdant de cet étrange match. Il y trouve aussi son image. Il sera désormais, le plus souvent, un témoin (cf. Stalag 17, B. Wilder, 1953 ; Oscar du meilleur acteur), un spectateur narquois de la comédie humaine. Ses rôles les plus « engagés » feront de lui un journaliste (le Cran d'arrêt, W. Dieterle, 1952), un policier (Midi, gare centrale, R. Mate, 1950) ou un jeune cadre (la Tour des ambitieux, R. Wise, 1954), mais, sous ces diverses identités, Holden incarnera toujours l'image classique de l'« Homo americanus » des années 50 : un homme de confiance et d'expérience, bien inséré dans la société et n'aspirant plus qu'à la stabilité professionnelle et au bonheur privé...

Après une remarquable série de succès commerciaux : La lune était bleue (O. Preminger, 1953) ; Sabrina (B. Wilder, 1954) ; Picnic (J. Logan, 1956), Holden franchit une nouvelle étape avec le Pont de la rivière Kwaï (D. Lean, 1957). Le triomphe international de cette production lui assure une entière indépendance à l'égard d'Hollywood et lui permet de ralentir le rythme de ses apparitions à l'écran pour se consacrer à diverses activités commerciales, notamment en Afrique. Son actif s'en ressent, en quantité comme en qualité : pendant près de dix ans, Holden participe, sans conviction, à une série de productions routinières, dont se détachent seulement les Cavaliers (J. Ford, 1959).

En 1968, il retrouve un rôle à sa mesure avec la Horde sauvage (S. Peckinpah), qui résume parfaitement toutes les composantes de ses personnages antérieurs. Désormais, on le verra le plus souvent sous les traits d'un homme intègre, sceptique, usé par le temps, luttant contre la lassitude physique et morale. C'est dans ce registre qu'il donnera certaines des interprétations les plus nuancées et les plus émouvantes de sa carrière, sous la direction de Blake Edwards (Deux Hommes dans l'Ouest, 1971), Clint Eastwood (Breezy, 1973), Sidney Lumet (Network, 1976) et Billy Wilder (Fedora, 1979).

Films  :

Million Dollar Legs (Nick Grinde, 1939) ; l'Esclave aux mains d'or (R. Mamoulian, id.) ; Invisible Stripes (L. Bacon, 1940) ; Those Were the Days (Theodore Reed, id.) ; Une petite ville sans histoire (S. Wood, id.) ; Arizona (W. Ruggles, id.) ; I Wanted Wings (M. Leisen, 1941) ; Texas (G. Marshall, id.) ; The Remarkable Andrew (S. Heisler, 1942) ; l'Escadre est au port (The Fleet's in, V. Schertzinger, id.) ; Meet the Stewarts (A. E. Green, id.) ; Young and Willing (E. H. Griffith, 1943) ; le Fiancé de ma fiancée (Dear Ruth, W. D. Russell, 1947) ; Blaze of Noon (J. Farrow, id.) ; Hollywood en folie ( Variety Girl, G. Marshall, id.) ; Rachel and the Stranger (N. Foster, 1948) ; l'Amour sous les toits (Apartment for Peggy, G. Seaton, id.) ; la Peine du talion (The Man From Colorado, H. Levin, id.) ; la Fin d'un tueur (R. Mate, 1949) ; la Chevauchée de l'honneur (Streets of Laredo, L. Fenton, id.) ; Miss Grain de sel (L. Bacon, id.) ; le Démon du logis (Dear Wife, R. Haydn, id.) ; Father Is a Bachelor (N. Foster et A. Berlin, 1950) ; Boulevard du crépuscule (B. Wilder, id.) ; Midi, Gare centrale (Union Station, R. Mate, id.) ; Comment l'esprit vient aux femmes (G. Cukor, id.) ; les Amants de l'enfer (M. Curtiz, 1951) ; Duel sous la mer (Submarine Command, J. Farrow, id.) ; Vocation secrète (Boots Malone, W. Dieterle, 1952) ; le Cran d'arrêt (The Turning Point, id.) ; Stalag 17 (B. Wilder, 1953) ; La lune était bleue (Otto Preminger, id.) ; Die Jungfrau auf dem Dach (vers. all. du précédent ; caméo) ; Fort Bravo (J. Sturges, id.) ; la Tour des ambitieux (R. Wise, 1954) ; l'Éternel Féminin (Forever Female, I. Rapper, id.) ; Sabrina (B. Wilder, id.) ; Une fille de la province (The Country Girl, G. Seaton, id.) ; les Ponts de Toko-Ri (The Bridges at Toko-Ri, M. Robson, 1955) ; la Colline de l'adieu (Love Is a Many Splendored Thing, H. King, id.) ; Picnic (J. Logan, 1956) ; Un magnifique salaud (The Proud and Profane, G. Seaton, id.) ; Je reviens de l'enfer (Toward the Unknown, M. LeRoy, id. ; PRO) ; le Pont de la rivière Kwaï (D. Lean, 1957, GB) ; la Clé (C. Reed, 1958) ; les Cavaliers (J. Ford, 1959) ; le Monde de Suzie Wong (R. Quine, 1960) ; Trahison sur commande (The Counterfeit Traitor, G. Seaton, id.) ; Une histoire de Chine (Satan Never Sleeps, L. McCarey, 1962) ; le Lion (The Lion, J. Cardiff, id. ; GB) ; Deux Têtes folles (Paris When It Sizzles, R. Quine, 1964) ; la Septième Aube (The Seventh Dawn, L. Gilbert, id.) ; Alvarez Kelly (E. Dmytryk, 1966) ; Casino Royale (J. Huston, K. Hughes, V. Guest, R. Parrish, J. McGrath, 1967 ; GB) ; la Brigade du diable (The Devil's Brigade, A. V. McLaglen, 1968) ; la Horde sauvage (S. Peckinpah, 1969) ; l'Arbre de Noël (T. Young, id.) ; Deux Hommes dans l'Ouest (B. Edwards, 1971) ; la Poursuite sauvage (The Revengers, Daniel Mann, 1972) ; Breezy (C. Eastwood, 1973) ; la Tour infernale (J. Guillermin, 1974) ; Open Season (P. Collinson, id.) ; Network (S. Lumet, 1976) ; les 21 Heures de Munich (21 Hours at Munich, W. A. Graham, 1977) ; Damien — la Malédiction II (Damien — Omen II, Don Taylor, 1978) ; Fedora (B. Wilder, id.) ; Ashanti (R. Fleischer, 1979) ; Bons Baisers d'Athènes (Escape to Athens, G. P. Cosmatos, id., caméo) ; le Jour de la fin du monde (The Day the World Ended, J. Goldstone, 1980) ; S. O. B. (B. Edwards, 1981) ; The Earthling (P. Collinson, id.).