cinéaste américain d'origine britannique (Londres 1891 - Los Angeles, Ca., 1959).
Acteur à Londres, il s'expatrie à la fin de la Première Guerre mondiale. À Hollywood, il est d'abord scénariste, écrivain, auteur de chansons, puis, devenu réalisateur, l'un des spécialistes du mélodrame. Son œuvre est beaucoup plus riche qu'on ne l'a cru, et certainement pas, comme l'ont dit certains (qui ne le connaissaient peut-être que par ouï-dire), ennuyeuse. En fait, Goulding s'est intéressé à tous les aspects du mélodrame. Une trame romanesque lui servait de prétexte à une observation sociopsychologique (Poupées de théâtre [Sally, Irene and Mary], 1925), à une stylisation esthétique et dramatique (Anna Karenine [Love], 1927), à un exercice de direction d'acteurs (Grand Hôtel [id.], 1932), à une exploration de l'inconscient (la Femme errante [The Flame Within], 1935). Tout se passait comme s'il avait décidé de passer systématiquement en revue tout ce qu'un mélodrame pouvait être. Aussi, dans son œuvre, alternent la truculence de Blondie of the Follies (1932), le dépouillement classique de Riptide (1934), le brillant cosmopolitisme du Fil du rasoir (Razor's Edge, 1946) ou le foisonnement noir du terrifiant Charlatan (Nightmare Alley, 1947). Dans une œuvre qui mérite la découverte et l'analyse, on fera un sort particulier aux films que Goulding consacra à Bette Davis, dont la personnalité complexe répondait aux exigences multiples du cinéaste. Tournant le dos au stéréotype de la garce, Goulding fit d'elle une victime et une prisonnière, dans une série de films dont l'aspect ouaté et la mise en scène au cordeau masquent bien mal le pessimisme. Commencée avec le conventionnel Une certaine femme (That certain Woman, 1937, remake de The Trespasser, 1929, de Goulding déjà), l'association prit son envol avec la trilogie Victoire sur la nuit (Dark Victory, 1939), la Vieille Fille (The Old Maid, id.) et le Grand Mensonge (The Great Lie, 1941), trois classiques d'un genre à tort décrié. D'une certaine manière, la raréfaction d'actrices de cette trempe marqua la fin de Goulding. Un instant, les émois d'adolescente l'inspirèrent (Claudia, 1943 ; Tessa, la nymphe au cœur fidèle [The Constant Nymph], id.), puis la trouble personnalité de Tyrone Power (le Fil du rasoir ; le Charlatan). Mais il dut bientôt se résoudre à n'être qu'un artisan charmant (la Bonne Combine [Mister 880], 1950), puis terne (Mardi Gras, 1958). Comment ne pas regretter les eaux-fortes de jadis ?
Autres films :
Sun Up (1925) ; Paris (1926) ; Women Love Diamonds (1927) ; The Devil's Holiday (1930) ; Paramount on Parade (coré, id.) ; Reaching For the Moon (1931) ; The Night Angel (id.) ; The Dawn Patrol (1938) ; White Banners (id.) ; Nous ne sommes pas seuls (We Are not Alone, 1939) ; Voyage sans retour (‘Til We Meet Again, 1940) ; Forever and a Day (coré, 1943) ; Of Human Bondage (1946) ; Si ma moitié savait ça (Everybody Does it, 1949) ; Cinq Mariages à l'essai (We're not Married, 1952) ; Down Among the Sheltering Palms (1953) ; Teenage Rebel (1956). ▲