Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MINNELLI (Vincente) (suite)

La stylisation parfois violente de Minnelli ne doit rien au surréalisme, la bizarrerie n'étant pour lui que l'expression de la difficulté de se situer, déchirement déjà sensible dans ses esquisses théâtrales où d'inexactes figures humaines flottent dans la précision d'un décor à la manière d'Erté. Proche du dandysme, mais avec l'aveu décisif de l'inquiétude et de la souffrance, cette œuvre ne saurait sans contradiction se voir reprocher son artifice. Le bon goût l'a parfois jugé avec sévérité, mais il est toujours significatif. Que Minnelli ne s'éloigne pas de la tradition MGM, qu'il résume l'influence de Freed et ne soit jamais aussi à l'aise que dans les scènes les plus étroitement soumises aux prescriptions d'un genre, fantaisie décorative du musical, excès du mélodrame, caricature gestuelle et déformation du rythme des comédies, cela ne limite en rien la portée et l'originalité de son style, car Freed, la MGM ou ces genres n'ont pas toujours, par ailleurs, ce tour accompli et grave : il se trouve que Minnelli a rencontré en eux les conditions de son expression.

Celle-ci s'accomplit avec d'autant plus de grâce qu'un bon scénario la soutient : la candeur d'Un petit coin aux cieux, la nostalgie du Chant du Missouri, le folklore de Yolanda et de Brigadoon, le monde légendaire du Pirate, l'exaltation du spectacle dans Tous en scène, la délicatesse de Thé et Sympathie, la gratuité psychologique des grands mélodrames ou l'aisance des comédies, même insignifiantes, donnent à Minnelli l'occasion de montrer, en des notations précises, la finesse de sa sensibilité ou l'acuité de sa sensualité, pourvu toutefois que le pathos du Boulevard n'encombre pas son art.

Films  :

numéro Public Enemy Number One, dans Artists and Models (R. Walsh, 1937) ; collaboration à En avant la musique (Strike up the Band, 1940) et Débuts à Broadway (Babes on Broadway, 1941) de B. Berkeley ; plusieurs numéros musicaux de Panama Hattie (N. Z. McLeod, 1942) ; Un petit coin aux cieux (Cabin in the Sky, 1943) ; Mademoiselle ma femme (I Dood It, id.) ; le Chant du Missouri (Meet Me in Saint Louis, 1944) ; The Clock (1945) ; Yolanda et le Voleur (Yolanda and the Thief, id.) ; six numéros de Ziegfeld Follies (1946) ; Lame de fond (Undercurrent, id.) ; plusieurs séquences de la Pluie qui chante (Till the Clouds Roll by, de R. Whorf, id.) ; le Pirate (The Pirate, 1948) ; Madame Bovary (1949) ; le Père de la mariée (Father of the Bride, 1950) ; Allons donc, papa ! (Father's Little Dividend, 1951) ; Un Américain à Paris An American in Paris, id.) ; défilé de mode des Rois de la couture (Lovely to Look at de M. LeRoy, 1952) ; les Ensorcelés (The Bad and the Beautiful, id.)  ; Mademoiselle dans Histoire de trois amours (The Story of Three Loves, 1953) ; Tous en scène (The Band Wagon, id.) ; la Roulotte du plaisir (The Long Long Trailer, 1954) ; Brigadoon (id.) ; la Toile d'araignée (The Cobweb, 1955) ; Kismet (id., id.) ; Thé et Sympathie (Tea and Sympathy, 1956) ; la Vie passionnée de Vincent Van Gogh (Lust for Life, id.) ; la Femme modèle (Designing Woman, 1957) ; Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? (The Reluctant Debutante, 1958) ; Gigi (id.) ; Comme un torrent (Some Came Running, 1959) ; Celui par qui le scandale arrive (Home From the Hill, 1960) ; Un numéro du tonnerre (Bells Are Ringing, id.) ; les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (The Four Horsemen of the Apocalypse, 1962) ; Quinze Jours ailleurs (Two Weeks in Another Town, id.) ; Il faut marier papa (The Courtship of Eddie's Father, 1963) ; Au revoir Charlie (Goodbye Charlie, 1964) ; le Chevalier des sables (The Sandpiper, 1965) ; Melinda (On a Clear Day You Can See Forever, 1970) ; NinaA Matter of Time, 1976).

MINTER (Juliet Reilly, dite Mary Miles)

actrice américaine (Shreveport, La., 1902 - Santa Monica, Ca., 1984).

Enfant prodige du théâtre américain dès l'âge de six ans, incarnation de la « Petite Rebelle », elle débute à l'écran en 1915 après une première apparition en 1912. Elle devient une femme-enfant dans le style de Mary Pickford et tourne une quinzaine de films avec grand succès, dans un genre romantique plus ou moins panaché d'aventures. En 1922, le meurtre resté inexpliqué de William Desmond Taylor, son metteur en scène préféré, met fin à sa carrière dans une atmosphère de scandale, après un western dont le titre au moins est resté célèbre (The Trail of the Lonesome Pine, Charles Maigne, 1923).

MINUTAGE.

Relevé, effectué avant le tournage, de la durée probable de chaque plan. ( TOURNAGE.)

MIOU-MIOU (Sylvette Herry, dite)

actrice française (Paris 1950).

Elle appartient à la première vague de la génération du café-théâtre, révélée au grand public en même temps que Patrick Dewaere et Gérard Depardieu dans les Valseuses de Bertrand Blier (1974). Elle avait déjà interprété des petits rôles pour des cinéastes comme Michel Mitrani, qui la fait débuter dans la Cavale en 1971, ou pour des réalisateurs proches de la troupe du Café de la Gare (Claude Faraldo au temps de Themroc, 1973). Après 1975, elle est une des valeurs sûres du cinéma français, construisant des personnages nuancés, qui opposent une apparence de fragilité ou de nonchalance à une détermination qu'elle conduit parfois au-delà du désespoir, ou chargeant d'une parcelle d'émotion qui lui est personnelle les héroïnes de comédie qu'elle incarne pour Maurice Dugowson ou même Georges Lautner.

Autres films :

la Marche triomphale (M. Bellochio, 1976) ; F. comme Fairbanks (Dugowson, id.) ; On aura tout vu (G. Lautner, id.) ; Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 (A. Tanner, id.) ; Dites-lui que je l'aime (C. Miller, 1977) ; les Routes du Sud (J. Losey, 1978) ; la Dérobade (Daniel Duval, 1979) ; Au revoir, à lundi (Dugowson, id.) ; la Femme flic (Y. Boisset, 1980) ; la Gueule du loup (Michel Leviant, 1981) ; Josepha (Christopher Frank, 1982) ; Coup de foudre (Diane Kurys, 1983) ; Canicule (Boisset, 1984) ; le Vol du sphynx (Laurent Ferrier, id.) ; Blanche et Marie (Jacques Renard, 1985) ; Tenue de soirée (1986) ; la Lectrice (M. Deville, 1988) ; les Portes tournantes (Francis Mankiewicz, id.) ; Milou en mai (L. Malle, 1990) ; Netchaiev est de retour (J. Deray, id.), la Totale (C. Zidi, 1991) ; le Bal des casse-pieds (Y. Robert, 1992) ; Germinal (C. Berri, 1993) ; Montparnasse-Pondichéry (Y. Robert, 1994) ; Un Indien dans la ville (Hervé Palud, id.) ; le Huitième Jour (Jaco van Dormael, 1996).