POWELL (Michael) (suite)
Son premier film important, À l'angle du monde (1937), tourné dans une île des Hébrides, attire l'intérêt admiratif d'Alexander Korda. Cette rencontre est décisive car Korda lui propose de réaliser l'Espion noir (The Spy in Black, 1938), dont le scénariste est Emeric Pressburger. Avec ce dernier, il travaillera pendant plus de quinze ans (ils adopteront souvent le crédit suivant : Story, screenplay, produced and directed by M. Powell et E. Pressburger). Après Le lion a des ailes (The Lion Has Wings, 1939, CO Brian Desmond Hurst et Adrian Brunel), Espionne à bord (Contraband, 1940), il signe la réalisation du Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad, id.) pour la London Films en collaboration avec Ludwig Berger, Tim Whelan et Alexander Korda. Après cette féerie à grand spectacle en Technicolor, il participe à l'effort de guerre avec quelques films qui ne cachent pas des intentions de propagande : 49e Parallèle (49th Parallel, 1941) ; Un de nos avions n'est pas rentré (One of Our Aircraft Is Missing, 1942 ; c'est le film qui inaugure sa collaboration intime avec Pressburger) ; The Volunteer (1943). En 1943, il s'associe à Emeric Pressburger pour fonder la société de production The Archers et pour réaliser Colonel Blimp (The Life and Death of Colonel Blimp, id.), A Canterbury Tale (1944), Je sais où je vais (I Know Where I'm Going, 1945) et Une question de vie ou de mort (A Matter of Life and Death, 1946), un des sommets de l'onirisme fantastique. Dès lors, chacune des productions des Archers constitue un événement dans la tradition d'un cinéma-spectacle qui utilise au maximum les possibilités des tournages en studios : le Narcisse noir (Black Narcissus, 1947) ; The Small Back Room (1948) ; les Chaussons rouges (The Red Shoes, id.) ; la Renarde (Gone to Earth, 1950) ; The Elusive Pimpernel (id.) ; les Contes d'Hoffmann (The Tales of Hoffmann, 1951) ; Oh Rosalinda (1955) ; la Bataille du Rio de la Plata (The Battle of the River Plate, 1956) ; Intelligence Service (I'll Met by Moonlight, id.) ; Lune de miel (Luna de Miel, 1959).
En 1960, Powell réalise seul le Voyeur (Peeping Tom), considéré aujourd'hui comme un classique du film d'épouvante. Avec cette étonnante histoire d'un jeune cinéaste névrosé qui filme les réactions de terreur de femmes égorgées avec le pied acéré d'une caméra, le cinéaste renouvelle son inspiration. L'insuccès du film (qu'une partie de la critique internationale encense mais qui déconcerte visiblement le public) met en difficulté la maison de production. The Queen's Guards (1961), apologie de la garde royale, ne compense pas cette déconvenue et, après Bluebeard's Castle (1964) et divers moyens métrages tournés pour la télévision (Never Turn Your Back on a Friend, 1963 ; A Free Agent, 1964 ; The Sworn Twelve, 1965 ; A 398 46, id.), Powell part pour l'Australie diriger They're a Weird Mob (1966) et The Age of Consent (1969). En 1973, il honore sa fonction de directeur de la Children Foundation en réalisant un film pour enfants, The Boy Who Turned Yellow (MM).Il effectue en 1978 un émouvant pèlerinage aux sources avec Return of Edge of the World, tourné dans l'île de Foula, où 35 ans plus tôt il avait tourné À l'angle du monde (The Edge of the World). ▲