CONNERY (Thomas, dit Sean)
acteur britannique (Édimbourg, Écosse, 1930).
Fils d'un camionneur et d'une femme de ménage, il quitte l'école à quinze ans, s'engage dans la marine britannique et il exerce ensuite divers métiers : maçon, garde du corps, vernisseur de cercueils. Il figure pour la première fois au théâtre à Londres, en 1951, dans South Pacific. Après de brèves apparitions au cinéma et à la télévision, il participe au concours organisé par le London Express pour choisir l'acteur qui incarnera le héros d'Ian Fleming, l'agent secret James Bond 007, dont il tiendra le rôle dans six films. Entamant après James Bond contre Dr No, Bons Baisers de Russie et Goldfinger une carrière internationale, il a du mal, aux yeux du public, à se débarrasser de l'image à laquelle il semble s'être identifié. Il travaille pourtant avec des réalisateurs aussi divers et prestigieux qu'Hitchcock, Kershner, Lumet, Boorman, Huston, Lester, Brooks, qui contribuent à nuancer son personnage jusque-là stéréotypé, fondé sur un mélange de détermination, de flegme et de misogynie. Physiquement passif dans Pas de printemps pour Marnie, il va même jusqu'à incarner des personnages d'inadapté social (l'Homme à la tête fêlée), de loser (le Gang Anderson) ou de héros vieilli et faillible (la Rose et la Flèche), qui cassent à la fois sa propre légende et les mythes qu'elle véhicule. Depuis ses adieux à James Bond, son personnage semble avoir trouvé un équilibre dans des rôles d'individualistes, socialement intégrés ou aventuriers, où la force physique, le format sont tempérés par un humour, un jeu volontairement distancié, résolument démystificateurs. De ce point de vue, le Lion et le Vent et l'Homme qui voulut être roi sont des chefs-d'œuvre d'équilibre. Un titre ironique, Jamais plus jamais, marque son retour au personnage de James Bond, qu'il prétendait ne plus jamais vouloir incarner. Il est vrai qu'il semble désormais se soucier plus des qualités du rôle que de sa longueur. Il incarne avec délices les personnages moyenâgeux, brutaux (Highlander) ou raffinés (le Nom de la rose) ou encore les figures paternelles malicieuses (Indiana Jones et la dernière croisade, Family Business) ou intransigeantes (Presidio) et même de vrais méchants (Chapeau melon et bottes de cuir). Il obtient un Oscar du second rôle pour sa création savoureuse de policier irlandais dans les Incorruptibles mais, malgré ses rides — très photogéniques, donc, peut-être, à cause d'elles —, il demeure le héros dans la Maison Russie, À la poursuite d'Octobre Rouge, Juste Cause, forme un couple mûr attendrissant avec Gena Rowlands dans la Carte du cœur et séduit même la jeune Catherine Zeta-Jones dans Haute Voltige.
Films
: James Bond 007 contre Dr No (T. Young, 1962) ; Bons Baisers de Russie (id., 1963) ; Goldfinger (G. Hamilton, 1964) ; Pas de printemps pour Marnie (A. Hitchcock, id.) ; la Femme de paille (B. Dearden, id.) ; la Colline des hommes perdus (S. Lumet, 1965) ; Opération Tonnerre (T. Young, id.) ; l'Homme à la tête fêlée (I. Kershner, 1966) ; On ne vit que deux fois (L. Gilbert, 1967) ; Shalako (E. Dmytryk, 1968) ; Traître sur commande (M. Ritt, 1970) ; le Gang Anderson (S. Lumet, 1971) ; Les diamants sont éternels (G. Hamilton, id.) ; Zardoz (J. Boorman, 1974) ; le Lion et le Vent (John Milius, 1975) ; l'Homme qui voulut être roi (J. Huston, id.) ; la Rose et la Flèche (R. Lester, 1976) ; Un pont trop loin (R. Attenborough, 1977) ; Météor (R. Neame, id.) ; la Grande Attaque du train d'or (The Great Train Robbery, Michael Crichton, 1979) ; Meurtres en direct (R. Brooks, 1982) ; Jamais plus jamais (I. Kerschner, 1983) ; Sword of the Valiant (Stephen Weeks, 1984) ; Highlander (Russell Mulcahy, 1985) ; le Nom de la rose (J.-J. Annaud, 1986) ; les Incorruptibles (B. de Palma, 1987) ; Presidio (The Presidio, Peter Hyams, 1988) ; Indiana Jones et la dernière croisade (S. Spielberg, 1989) ; Family Business (S. Lumet, id.) ; À la poursuite d'« Octobre Rouge » (The Hunt of Red October, J. McTiernan, 1990) ; la Maison Russie (F. Schepisi, id.) ; Highlander — le Retour (Highlander II — The Quickening, Mulcahy, 1991) ; Robin des Bois, prince des voleurs (Robin Hood, Prince of Thieves, K. Reynolds, id.) ; Medecine Man (McTiernan, 1992) ; Soleil levant (Ph. Kaufman, 1993) ; Un Anglais sous les tropiques (B. Beresford, id.) ; Juste Cause (Just Cause, Arne Glimcher, 1995) ; Lancelot (First Knight, Jerry Zucker, id.) ; Rock (The Rock, Michael Bay, 1996) ; Cœur de dragon (Dragonheart, Rob Cohen, id., voix uniquement) ; The Avengers (Jeremiah Chechik, 1998) ; Playing by Heart (Willard Carroll, id) ; Entrapment (Jon Amiel, 1999), À la rencontre de Forrester (G. Van Sant, 2000).
CONNORS (Kevin Joseph Connors, dit Chuck)
acteur américain (Brooklyn, N.Y., 1921 - Los Angeles, Ca., 1992).
Grand, pommettes saillantes et yeux fendus, c'est l'une des « gueules » les plus célèbres de nombre de policiers et westerns des années 50 et 60. Chuck Connors a joué toutes les variations possibles du « dur ». On retiendra son interprétation très sérieuse dans le par ailleurs très drôle Femme modèle (V. Minnelli, 1957) ou encore le contremaître sadique des Grands Espaces (W. Wyler, 1958), avant qu'une tentative pour faire de lui une vedette ne se solde par un échec (Geronimo, A. Laven, 1962, où, contre toute attente, ce géant blond jouait les rebelles indiens). Ensuite, il reprit son emploi patibulaire dans des films plus ou moins sympathiques comme Support your Local Gunfighter (B. Kennedy, 1971), Soleil vert (R. Fleischer, 1973) ou Refroidi à 99 % (J. Frankenheimer, 1974). Logiquement, il a fini par se parodier dans Y a-t-il enfin un pilote dans l'avion ? (David et Jerry Zucker, Jim Abrahams, 1982).
CONRAD (Tony)
cinéaste expérimental américain (Concord, N. H., 1940).
Après des études de physiologie et de mathématiques à Harvard et un stage dans le groupe musical de La Monte Young, il réalise The Flicker (1965), composé seulement d'alternances plus ou moins brèves de photogrammes noirs et blancs. Suivent The Eye of Count Flickerstein (1966), autre film à clignotements, et plusieurs films réalisés avec Beverly Grant, sa femme, dont Straight and Narrow (1970), film à clignotements, et Four Square (1971), pour quatre projecteurs. Ensuite, pour la plupart, ses « films » sont réduits à leurs matérialité de pellicule... qu'on peut aller jusqu'à faire frire (7360 Sukiyaki, 1973).