cinéaste polonais (Cracovie 1921 - Lowicz 1961).
Après des études de droit et d'architecture, il entre à l'Institut du cinéma de Łódź où il obtient en 1950 son diplôme d'opérateur et de metteur en scène. Pendant cinq ans, il tourne des documentaires parmi lesquels : la Science plus près de la vie (Nauka blizej zycia, 1951), Direction Nowa Huta (Kierunek Nowa Huta, id.), le Poème symphonique Bajka de St. Moniuszko — Concert dans le club de l'usine Ursus (Poemat symfoniczny Bajka St. Moniuszki — Koncert w klubie fabrycznym zakladow Ursus, 1952), Souvenirs de paysans (Pamietniki ch'lopow, id.), Parole de cheminot (Kolejarskie slowo, 1953), Les étoiles doivent briller (Gwiazdy musza plonac, MM, CO : Witold Lesiewicz, 1954), Un dimanche matin (Niedzielny poranek, 1955), les Hommes de la croix bleue (Błekitny hrzyz, MM, id.). Il aborde le film de fiction en 1956 avec Un homme sur la voie (Czlowick na torze), où on le voit prendre position contre le schématisme et le formalisme idéologiques, position courageuse et innovatrice dans un pays qui n'a pas encore chassé tous les démons du stalinisme. Munk apparaît bientôt avec Wajda, Kawalerowicz, Has, Kutz et un peu plus tard Konwicki comme l'un des leaders de la nouvelle génération de cinéastes polonais, encore traumatisés par les stigmates de la guerre mais œuvrant pour une nouvelle objectivité plus attentive aux problèmes des individus qu'à celui des slogans manichéens. Sa démarche est sous-tendue par une volonté de démystification de la société, de la doctrine, de l'engagement et même de la pensée, bref de tout ce qui risque de donner l'avantage à ce qui socialement parlant paraît le plus noble ou le plus utile aux dépens de ce qui humainement demeure le plus proche de la vérité. Dans cette quête des rapports exacts entre un individu et un fait, Munk est passé par trois étapes : refus du « sens unique » dans Un homme sur la voie, destruction de l'héroïsme par l'ironie et nouvel examen des réalités par la satire : le premier épisode (Scherzo alla pollacca) d'Eroïca [id., 1958] et De la veine à revendre (Zezowate szcz¸eście, 1960), enfin réflexion sur l'ambiguïté de la conscience collective ou individuelle : le second épisode d'Eroïca (Ostinato lugubre) et la Passagère (Pasażerka, 1963).
Les films de Munk ont une structure fragmentée, faisant appel à la fois à la sincérité brutale du documentaire (le cinéaste signera entre Eroïca et la Passagère un ultime documentaire : Promenade dans la vieille ville [Spacerek staromiejski], 1958) et à une réflexion passionnée, inquiète, voire sceptique, qui, pour s'exprimer, emploie les armes de l'absurde ou du burlesque, mais cherche avant tout à retrouver trace d'un nouvel humanisme socialiste, débarrassé de ses mensonges et de ses faux-semblants.
Alors qu'il tourne la Passagère, Munk est victime d'un accident de la route. Le film sera achevé par Witold Lesiewicz. Sa disparition laissa un grand vide dans le cinéma polonais. ▲