actrice américaine (New York, N. Y., 1905 - Los Angeles, Ca., 1965).
Née à Brooklyn dans la pauvreté, inculte, instinctive, son avènement à Hollywood fut un changement dont on mesure mal l'importance. Dans une mythologie féminine dominée par les stéréotypes européens (Garbo, Theda Bara, ou même Gloria Swanson), elle apporta un érotisme bon enfant, sans complexes, fleurant le maïs et la tarte aux pommes. Louise Brooks, Joan Crawford, Jean Harlow ou Marilyn Monroe n'auraient sans doute pas pu naître si Clara Bow ne les avait précédées. Ses cheveux frisés, que l'on devine roux, ses yeux pétillants, ses formes rebondies ont introduit dans le cinéma américain ce quelque chose qu'on appela « It », du nom de son film le plus populaire. Sous la férule et le doigté d'un réalisateur de comédie tel Clarence Badger, elle fut, en effet, pleine de sel et de poivre dans It (1927), Red Hair (1928), ou Three Week-ends (id.), petite employée au cœur d'artichaut qui veut arriver par tous les moyens. Victor Fleming dans Mantrap (1926), puis William A. Wellman dans les Ailes (1927) et dans Ladies of the Mob (1928) lui confièrent des rôles plus subtils, quoique toujours pimentés d'érotisme, dont elle s'acquitta honorablement. Parmi ses autres interprétations des années 20, on peut également mentionner The Plastic Age (W. Ruggles, 1925), My Lady of Whims (D.M. Fitzgerald, id.), Dancing Mothers (H. Brenon, 1926), Rough House Rosie (F.R. Strayer, 1927), The Wild Party (H. Blaché, 1929). Une crise personnelle coïncida avec le parlant, ce qui fit croire qu'elle n'était pas prête pour le nouveau procédé. Mais Fille de feu (Call Her Savage, John Francis Dillon, 1932) et Hoopla (F. Lloyd, 1933) prouvèrent qu'elle était toujours elle-même. Ses angoisses secrètes et ses problèmes de poids eurent raison de sa carrière, malgré les rumeurs persistantes d'un éventuel retour. Véritable actrice de cinémathèque, puisque c'est là qu'il faut aller pour la découvrir, l'oubli injuste dans lequel les difficultés de la conservation des films la plongent ne doit pas nous cacher qu'elle occupe une des premières places dans une galerie de la femme hollywoodienne. Elle avait épousé l'acteur de westerns Rex Bell, qui fut gouverneur du Nevada.